James Brown (Magnite) : “La télévision connectée représente aujourd’hui plus d’un tiers de nos revenus”

Où en-est l’intégration de SpotX dans Magnite ? Comment cela change votre positionnement ? 

L’acquisition de SpotX a été finalisée fin avril. Nous avons passé les trois premiers mois à opérer les activités en “business-as-usual”, avec des équipes séparées, avant d’évaluer les opportunités et s’inspirer des méthodes de travail de chacun. Depuis juillet nous sommes une seule et même équipe. Aujourd’hui, nous nous positionnons comme une alternative aux géants de l’industrie publicitaire, et comme un guichet unique qui permet aux agences et annonceurs d’atteindre leurs audiences.

L’acquisition de SpotX nous donne de nouvelles capacités. L’ environnement CTV représente maintenant plus d’un tiers de nos revenus (deux tiers pour la vidéo au total), contre 20 % avant le rachat. Cela nous permet également d’avoir des relations plus fortes avec des acteurs avec qui nous ne travaillions pas auparavant, comme Roku, Samsung, Vizio, Pluto, etc. Nos équipes d’ingénieurs et de développement en sont également renforcées sur l’OTT et la CTV. Enfin, cela nous a apporté une suite de “managed services” que nous ne fournissions pas auparavant. 

Magnite a racheté l’adserver spécialisé dans la télévision connectée SpringServe il y a quelques mois. Quel est l’intérêt d’intégrer un adserver ? 

Un adserver permet de garder un œil sur tout l’inventaire qui passe chez un éditeur. C’est la colonne vertébrale du marché de la vente publicitaire en ligne, et c’est un rôle intéressant à jouer pour n’importe quelle adtech. 

L’avènement du header bidding sur le display a changé la fonction de l’adserver dans l’environnement web. Dans l’espace OTT et CTV, nous avons l’opportunité de jouer un rôle plus important auprès des diffuseurs et éditeurs. Ils ont des besoins différents, et assez larges : certains ont de grandes équipes de vente en direct, d’autres sont très axés sur le programmatique… 

Les acteurs dominants sur l’adserving dans ces environnements sont des walled gardens, ou bien des entités de grands groupes médias, comme Comcast par exemple. L’acquisition de SpringServe est une opportunité de fournir une gamme plus large de services à tous les types de diffuseurs et d’éditeurs. 

Le marché de la TV connectée est beaucoup plus développé aux États-Unis qu’en Europe, notamment en raison de différences culturelles (visionnage via les box en France par exemple). Quelle est l’évolution du marché et quelles sont vos ambitions ? 

L’international (Europe comprise ndlr) représente aujourd’hui 20 % de nos revenus. Nous voyons bien sûr l’Europe comme une grosse opportunité, et les cinq marchés principaux, qui sont pour le moment très linéaires, (France, Royaume-Uni, Allemagne, Espagne, Italie) présentent des différences en termes de culture et de stade de développement sur la CTV et l’OTT. Globalement, on assiste à une montée en puissance du streaming, et plus particulièrement de l’AVOD. Dans une étude, nous avions fait ressortir que 71 % des utilisateurs de ces cinq pays préfèrent le streaming à la télévision, et que 63 % consomment des services AVOD. 

L’acquisition de SpotX (ancienne propriété du groupe RTL ndlr) nous permet d’avoir une plus grande empreinte sur le marché européen, et notamment sur la CTV et l’OTT. Nous avons aujourd’hui une activité à l’échelle sur tous les formats et dans de nombreuses localités.