Accueil > Médias & Audiovisuel > Transformation & Innovations > Jean-Christophe Tortora (La Tribune) : “Notre projet en Afrique est ambitieux et peut changer le visage du groupe” Jean-Christophe Tortora (La Tribune) : “Notre projet en Afrique est ambitieux et peut changer le visage du groupe” Jean-Christophe Tortora est le président de La Tribune. Avec le groupe Hima et la SAS France Economie, il a repris le titre économique en difficulté en 2012, avec un projet à la fois local et national, très axé sur le numérique. Pour la première fois depuis quinze ans, La Tribune n’a pas affiché de pertes en 2015. Pour mind, son président dresse le bilan, détaille ses résultats et évoque ses projets : développement des éditions locales en ligne, partenariats avec des acteurs étrangers, nouveaux financements… Par Jean-Michel De Marchi. Publié le 03 juin 2016 à 17h17 - Mis à jour le 18 novembre 2021 à 14h11 Ressources Vous avez repris La Tribune en 2012. Quel bilan faites-vous aujourd’hui ? Notre projet est conforme à nos prévisions, nous sommes satisfaits. Il s’appuyait sur une croissance des revenus avec le développement des activités numériques et la diversification des revenus. Beaucoup de travail a été réalisé par les équipes. Le modèle économique reste fragile, mais on profite aussi d’une vraie dynamique entrepreneuriale ces dernières années : notre ligne éditoriale tournée sur l’innovation, l’entrepreneuriat et le numérique, au niveau national et local, trouve un vrai écho auprès des lecteurs, notamment les TPE et PME, qui constituent un très bon vivier d’abonnés. Que représente La Tribune désormais ? Le titre rassemble 48 salariés, dont 27 cartes de presse à temps plein. En 2015, notre croissance a été tirée par les revenus numériques et les événements physiques. En retenant le périmètre de 2012, nous avons réalisé 8,6 millions de chiffre d’affaires (contre environ 4 millions en 2012, ndlr), en progression de 22 % en un an. Le titre a renoué avec l’équilibre avec un excédent brut d’exploitation de 476 000 euros et un résultat net très légèrement positif. C’est la première fois depuis 2001 que La Tribune n’affiche pas de pertes. Désormais, 30 % de nos revenus sont issus du numérique, 20 % de la publicité papier, 25 % de l’événementiel, et 25 % des abonnements et de la vente de contenus. Nous avons rééquilibré notre modèle (en 2012, 85 % des revenus étaient issus de la publicité papier et 15 % des ventes, ndlr). Vous avez rapidement arrêté le quotidien papier pour une approche numérique first. Aujourd’hui, quels résultats obtenez-vous ? Concernant le numérique, il ne faut pas se voiler la face : la monétisation des contenus gratuits par la publicité en ligne reste difficile, ce qui est d’ailleurs le cas pour l’ensemble du marché. Chez nous, le numérique est plutôt tiré par les services numériques et les partenariats annuels, par exemple les petites annonces et les offres d’emploi avec le site Monster sur l’emploi et la société Regus sur l’immobilier d’entreprises. Nous développons nos offres payantes avec un nombre d’abonnés qui progresse, particulièrement en BtoB. La Tribune compte aujourd’hui environ 12 000 abonnés au total, dont un tiers sont purs numériques. Il y a d’ailleurs une vraie évolution à ce sujet : les grands groupes rationalisent nettement leurs abonnements presse, tandis que les petites entreprises s’abonnent davantage. Nous avons donc moins de grands comptes abonnés, mais plus de TPE et PME. La Tribune a succombé à la mode d’une édition quotidienne en ligne, comme beaucoup d’autres projets lancés en 2014 et 2015 avec des résultats décevants. Ce n’est pas un échec à La Tribune en tout cas. L’idée était de faire un journal numérique quotidien, neuf et personnalisé au niveau régional. L’offre a été lancée pour Toulouse début 2015. Elle est incluse dans l’abonnement global et également proposée comme produit seul. Il y a déjà 400 abonnements annuels à 150 euros à Toulouse, ce n’est pas rien. Ce qui est certain, c’est qu’il ne faut pas lancer un quotidien national en ligne sans ton ni contenu propres. Mais de notre côté, le dispositif va être renforcé. Votre projet de développement en région en fédérant des bureaux locaux partenaires a pris du retard. L’objectif est toujours de constituer un groupe d’information économique au niveau local et national, avec la volonté de s’implanter davantage dans les territoires hors de Paris. Nous pensons qu’il y a une carte à jouer et souhaitons, à terme, lancer une dizaine d’éditions locales à partir des grandes métropoles. Nous avons déjà amorcé ces opérations avec des filiales à Toulouse, Bordeaux et Marseille (Meridien mag, Objectif Aquitaine et Objectif News, des titres économiques locaux appartenant au groupe Hima sont devenus des bureaux régionaux de La Tribune, ndlr). C’est une implantation solide et durable. Aujourd’hui, il n’y a pas de grandes défaillances sur notre couverture géographique en France : on couvre tout le territoire, avec par exemple 10 personnes dont 4 journalistes à Toulouse et Bordeaux – c’est bien plus que nos concurrents de la presse économique et financière – mais aussi un réseau de correspondants. En revanche, il est vrai que le développement d’autres bureaux en France (à Paris, Lyon, Lille, Strasbourg, etc., ndlr) prend plus de temps que prévu car l’intégration de titres partenaires pose des questions d’ordre social (harmonisation des conventions et des contrats, ndlr) et d’actionnariat (les principaux associés au sein du groupe sont aujourd’hui Multi Croissance, IRDI, M Capital, IXO, Laurent Alexandre et Jean-Claude Gallo, ndlr) qu’il faut résoudre. Mais brusquer les choses n’est pas dans ma nature. On aimerait réaliser cette intégration en 2017. Vous prévoyez un développement en Afrique. De quelle façon ? Effectivement, le projet sera lancé en septembre, via un partenariat industriel avec des acteurs africains (La Tribune se serait associée avec Abdelmalek Alaoui, PDG de Guepard Group, présenté comme un proche de la famille royale marocaine, ndlr). Des engagements ont été signés et seront présentés après l’été. Notre constat est simple : il y a aujourd’hui près de 200 millions de francophones dans le monde et d’après différentes études, ils seront 720 millions en 2040, dont 80 % en Afrique. Nous voulons nous appuyer sur cette croissance démographique et sur le développement économique dans ces pays, qui vont entraîner de fortes attentes en termes d’information économique. Nous allons donc développer une offre éditoriale pour les pays africains francophones, avec une présence locale forte et dans une logique mobile first (en octobre 2015, un échange de contenus a été conclu avec le pure player généraliste Tout sur l’Algérie, ndlr). L’objectif sera de créer et de développer un axe vertical d’information économique : France–Maghreb–Afrique centrale. “””Nous allons développer une offre éditoriale pour les pays africains francophones, avec une présence locale forte et dans une logique mobile first.”” Quels sont vos objectifs d’ici 2017 ? Nous voulons atteindre ou dépasser les 10 millions d’euros de revenus fin 2017 sur le périmètre actuel. Nous allons poursuivre et renforcer le développement de nos activités en France et déployer notre projet en Afrique. Nous serons également attentifs à ce qui se fait sur le numérique pour coller aux usages et proposer de nouvelles offres. Beaucoup de titres anglo-saxons s’installent en France et en Europe. Un partenariat avec l’un d’eux est-il envisageable pour La Tribune ? Effectivement, des groupes de presse puissants, essentiellement américains, cherchent des relais en Europe, à Londres ou à Paris (en 2015, L’Opinion a ouvert son capital au groupe Dow Jones qui édite le Wall Street Journal, Atlantico.fr a réalisé un échange de contenus avec The Daily Beast, des co-entreprises ont été créées par France Médias Monde et Mashable, et par Prisma Media et Business Insider, ndlr). Nous discutons avec des éditeurs anglo-saxons pour développer un partenariat fort, mais pour nous, l’Afrique est la priorité : c’est un projet ambitieux qui peut changer le visage du groupe et son centre de gravité. Avez-vous besoin de lever des fonds pour ces nouveaux projets ? Quand on est éditeur de presse et qu’on a des ambitions, on a nécessairement besoin, à un moment ou à un autre, de nouveaux financements pour investir et se développer plus rapidement. Ce sera sans doute le cas en 2017, mais pas dans de grandes proportions et en sachant que nos actionnaires actuels ont toujours été présents et sont parfaitement capables de répondre aux besoins du groupe. Jean-Michel De Marchi Besoin d’informations complémentaires ? 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