Jean-Michel Lobry (Groupe Rossel-La Voix) présente son expérience de l’intrapreneuriat dans un groupe de presse

My Video Place tirera ses revenus d’abonnements souscrits par des diffuseurs et de la publicité, commercialisée par les régies locales, la régie de la PQR 366, et AdVideum.

1 Comment le groupe a-t-il fait émerger le projet My Video Place ?

En juillet 2013, le groupe Rossel-La Voix avait organisé un séminaire numérique où chaque dirigeant était invité à présenter un projet innovant. J’avais pitché ce projet de plateforme d’échange de vidéos entre les éditeurs du groupe Rossel-La Voix – qui rassemble une vingtaine de sociétés avec des titres de PQR, de radios et de chaînes TV – en partant du constat que chacun en produit de plus en plus. Bernard Marchant, l’administrateur délégué du groupe, et Jacques Hardoin, directeur général de La Voix, avaient donné leur accord pour le développer. Par la suite, j’ai découvert que Christophe Musset, président du groupe Médias du Sud, avait lancé un projet similaire pour partager les vidéos de ses quatre chaînes de TV locales. Nous avons donc poursuivi les travaux ensemble, en créant une structure juridique : Christophe Musset et moi détenons chacun 26 % des parts, Médias du Sud et le groupe Rossel- La Voix en ont 24 % chacun. Une quinzaine d’adhérents sont aujourd’hui connectés à la plateforme, et diffusent environ 300 vidéos par jour.

2 Quelles ressources y ont été consacrées ?

Jusqu’à présent, ce projet a coûté 1,2 million d’euros. Depuis un an et demi, nous nous sommes mis en mode start-up, en mettant en place une équipe de six collaborateurs issus de nos deux groupes. Trois développeurs chez Médias du Sud, à Montpellier, et trois ici, à Lille : un journaliste pour déployer l’outil dans les rédactions, et deux business developer. Nous avons signé des accords avec TF1 et LCI (selon Satellifax, My Vidéo Place a aussi signé des accords avec les groupes La Dépêche du Midi et Le Télégramme, et serait en discussions avancées avec Ouest France, ndlr). Nous allons bientôt intégrer trois nouvelles personnes : une pour déployer l’outil dans les régies et deux éditeurs web qui animeront la plateforme en continu. D’ici juin, nous installerons une partie de l’équipe à Paris, dans les locaux de la régie de la PQR, 366. D’ici l’été, nous lèverons 1 million d’euros pour couvrir nos frais, dont 400 000 euros sous forme d’un prêt à taux zéro auprès de BPI France.

3 Quel est le process d’innovation ?

Pour un tel projet numérique, il était essentiel d’aller vite pour être les premiers. Et nous devions surmonter les démons propres à un grand groupe : les process, les comités, les reporting… Pour être agiles, nous avons mis l’équipe en marge, avec le moins de contraintes calendaires possible et en appliquant une politique d’essais-erreurs. Nos rédactions, qui ont l’habitude de solutions clé en main, et les syndicats, peuvent être déstabilisées par cette approche. Mais j’ai la chance d’être dans un groupe qui a compris qu’il devait accélérer sa transformation. Cela doit se faire au sein de l’organisation actuelle en valorisant les profils d’intrapreneurs que nous avons déjà et en leur donnant les moyens de se développer, car c’est par eux que viendra notre diversification. En juin 2016, nous sélectionnerons d’ailleurs cinq autres projets innovants et leur donnerons la possibilité d’accélérer.