Joël Ronez (Radio France) : « Nous allons développer la vidéo et la mobilité »

Il y a deux ans, vous avez présenté votre plan numérique 2012-2014 pour le groupe. Quel premier bilan en faites-vous ?

Le bilan est globalement bon. Parmi ce qui a bien marché, nous avons étoffé et organisé les équipes dédiées aux nouveaux médias, en passant de 70 personnes à 150 aujourd’hui, et en structurant nos activités avec les pôles Editorial, Marketing et Technique. Je pense que nous avons également amélioré la qualité des contenus et l’image de marque de Radio France en ce qui concerne les nouveaux médias. Concernant les contenus, trois axes forts ont été mis en place ou sont en passe de l’être avec nouvOson, plate-forme audio au format multicanal, le concept de radio visuelle avec Le Mouv, et RF8, notre plate-forme musicale qui sera mise en ligne dans les prochains jours. Les accords avec les ayants droit ont été renforcés dans leur partie numérique. Nous avons ainsi doublé les audiences, qui sont passées de 2 à 4 millions de VU mensuels (Médiamétrie//NetRatings) en deux ans.

Quels ont été les points faibles ?

La partie éditoriale du projet a été très réussie, la partie technique un peu moins : nous aurions dû être plus efficaces dans l’articulation des activités techniques et éditoriales et les processus de travail. Cela passe par des liens plus forts entre le pôle projets et le pôle technique. C’est principalement dû à des outils techniques obsolètes, qui ont difficilement supporté la montée en charge éditoriale, à des problèmes d’interfaces et à la conception initiale de nos sites et leur architecture. L’hébergement aussi est défaillant. On quitte d’ailleurs Typhon pour rejoindre Oxalide pour ces trois prochaines années.

Quelles sont les priorités cette année ?

Nous avons des efforts à poursuivre dans le développement de la vidéo et de la mobilité. Nous allons proposer de nouvelles applications pour smartphones, toujours avec une stratégie d’offres par chaîne et, quand c’est possible, par usage, par exemple avec notre application football. (Baptisée France Bleu Football, cette application propose la diffusion de plusieurs flux audio retransmis en direct lors des matchs des championnats de Ligue 1 et de Ligue 2, en provenance des 44 stations locales du réseau France Bleu et du multiplex de France Info, ndlr). De nouvelles applications seront lancées tout au long du premier semestre, notamment celles de France info, de France inter et de Radio France. L’idée est également de créer une meilleure personnalisation des contenus grâce à la géolocalisation. 2014 est également une année de transition pour préparer les années qui viennent : nous mettrons en place la nouvelle stratégie numérique dans le courant de l’année.

La vidéo peut-elle être une priorité pour un groupe radio ?

Oui car elle s’inscrit dans de nouveaux contenus et dans les nouveaux usages de la radio, que sont la vidéo et la mobilité. Nous avons donc amorcé un effort sur la vidéo que nous allons poursuivre, en développant par exemple la radio visuelle en direct (des programmes radio filmés en intégralité, ndlr), avec France Inter, Le Mouv et France Info. Cela s’inscrit d’ailleurs dans le déploiement de nos offres : nous allons par exemple également diversifier et mieux maîtriser nos réseaux de distribution via des partenariats et de nouvelles discussions sur les partages de revenus : avec TuneIn, Radioline, les FAI, et nos partenaires comme Yahoo! France. Toujours pour développer nos offres, nous voulons améliorer nos players et la compatibilité multi-usages, en HTML5, embeddables, partageables…

Avez-vous des projets autour de la qualification d’audience ?

Oui, il faudra consolider et développer les audiences des chaînes, et travailler la relation clients. Le marketing numérique sera l’un des grands chantiers du groupe cette année, avec le e-CRM et du e-commerce : nous voulons nous inscrire dans le projet d’ouverture au public de la Maison de la radio, prévue à l’automne 2014, en offrant des services et produits en ligne.

Quel est le budget 2014 des nouveaux médias du groupe ?

Le budget de fonctionnement est de 4,3 millions d’euros et le budget d’investissement est équivalent à 1,5 million d’euros (en moyenne annuelle, ndlr). C’est un budget global en hausse de 50 % en deux ans. Le budget est stable par rapport à 2013, ce qui est notable dans le contexte d’économies budgétaires du groupe : des efforts sont faits pour le numérique.

C’est la régie de France Télévisions qui commercialise actuellement les espaces publicitaires des nouveaux médias du groupe. Le contrat arrive à son terme. France Télévisions Publicité va-t-elle être reconduite ?

Nous réfléchissons toujours. La décision sera prise très prochainement. Mais maintenant que les audiences sont mises en place, que les contenus sont là, leur monétisation va effectivement être un enjeu important cette année. Claudia Petitdemange nous a d’ailleurs rejoints pour cela en novembre dernier. Elle était à régieObs depuis 2009 et arrive comme chef de pub digital. C’est une création de poste.

François Hollande puis Aurélie Filippetti, la ministre de la culture et de la communication, ont chacun leur tour évoqué des synergies numériques possibles entre France Télévisions et Radio France. Cela vous semble-t-il judicieux ?

Nous attendons d’en savoir un peu plus sur la vision de la tutelle. Mais nous faisons déjà beaucoup de choses ensemble sur les contenus : des synergies sur des webdocumentaires, des captations vidéo de concerts avec Culturebox, le site culture de FranceTVinfo… Comme avec Arte d’ailleurs, avec qui nous mettons en place des partenariats sur des opérations éditoriales.