John Devine et Tim Mahlman (Oath) : “Les technologies d’AOL et Yahoo! seront réunies dans une plateforme unique”

Le duopole formé par Facebook et Google sur le marché de la publicité en ligne ne cesse de se renforcer. Comment souhaitez-vous apporter une alternative ?

John Devine (JD) : Les annonceurs et les éditeurs veulent une offre différente par rapport à ce dont ils disposaient sur le marché jusqu’à présent et dans laquelle ils aient confiance . Oath s’y est engagé et dispose de contenus de qualité parmi les actifs de Yahoo et AOL, ainsi qu’une chaîne de distribution fiable et des technologies publicitaires de niveau mondial. Mais surtout, comme le nom de notre marque l’indique, nous formulons un engagement de confiance et de transparence au marché.

Tim Mahlman (TM) : La multitude d’entreprises que nous rapprochons et les technologies de haut niveau qui sont adaptées à chaque marché où nous sommes présents vont nous permettre d’atteindre des performances qui n’auraient pas été envisageables si nous étions restés deux sociétés distinctes.

Comment allez-vous intégrer les actifs de Yahoo et AOL (BrightRoll, AOL ONE, Flurry, Millennial Media, AlephD…) dans la plateforme publicitaire d’Oath ?

JD : Nous discutons depuis très longtemps avec les équipes produits et ingénierie des deux entreprises, si bien que lorsque la fusion a été conclue, nous avions déjà une idée très précise de la feuille de route à suivre pour construire notre solution, aussi bien du côté de la demande que du côté de l’offre. Au cours des neuf prochains mois, le marché aura à disposition les meilleurs actifs de ces deux entités intégrés dans une unique plateforme mondiale et multi-canal. Chaque actif a ses propres qualités. Yahoo dispose par exemple de séries de données incroyables avec un reach mondial incomparable. AOL s’est concentré sur la mise en place d’un très solide moteur d’optimisation des achats et des ventes. En prenant le meilleur des deux, nous disposerons d’un DSP et d’un SSP très compétitif.

Oath sera donc présent à la fois du côté de l’offre et de la demande. Dans ces conditions, comment assurer les annonceurs et les éditeurs de votre impartialité ?

TM : Une partie de la réponse réside dans le fait que nous sommes, nous aussi, des éditeurs (notamment des sites HuffPost, Tech Crunch, Yahoo Finance et Yahoo Sports, ndlr), nous devons vivre des deux côtés de cette ligne. Nous avons tout intérêt à protéger les notions de performance, de transparence et de mesure pour tous les éditeurs. Notre SSP est construite pour protéger les intérêts de nos plateformes, mais aussi ceux des autres éditeurs que nous représentons. Nous créons beaucoup de valeur pour eux et une optimisation très fine. L’une des raisons pour lesquelles nous avons construit une place de marché si fiable, c’est que d’autres éditeurs veulent voir leurs marques associées aux nôtres puisque de part notre statut, nous protégeons leurs intérêts. Mais notre vocation est aussi celle de servir les annonceurs avec un bon retour sur investissement. Notre DSP est conçue pour être agnostique, elle va certes délivrer des publicités sur des actifs d’Oath, mais elle est connectée à toutes les places de marché dans le monde.

Quelles seront les données de votre portefeuille les plus stratégiques pour servir votre croissance ?

TM : Nous touchons plus d’un milliard de consommateurs dans le monde, nous pouvons délivrer nos contenus et nos publicités dans un million d’applications, sur près de deux milliards de terminaux. Tout cela nous permet de collecter des milliards de données chaque mois auprès de nos utilisateurs. Ce n’est pas qu’une question de quantité, mais aussi de qualité et de diversité. Nous avons des données de search, de consommation web sur nos médias, celles des applications mobiles du réseau Flurry, celles très précieuses de de Yahoo Mail, et nous pourrons nous appuyer sur les données déterministes des abonnés mobile de Verizon (aux Etats-Unis, ndlr). Tout cela nous permet de trianguler les utilisateurs et le contexte de façon très distinctive de nos concurrents.

Quelles seront vos relations avec les éditeurs ? Quels revenus pourront-ils tirer d’Oath ?

JD : Là encore, nous misons sur une stratégie ouverte et transparente pour permettre aux éditeurs et aux développeurs d’application de travailler avec nous. Nous nous appuyons sur une grande quantité de contenus, non seulement ceux que nous produisons, mais aussi ceux que des fournisseurs tiers partagent avec nous. Nous partageons ces contenus avec les éditeurs et les développeurs d’application pour démocratiser la consommation de vidéo en ligne. Construire une activité vidéo coûte cher, c’est notre manière d’aider les éditeurs à y parvenir.

Quelles nouvelles acquisitions envisagez-vous ?

TM : Pour répondre à l’exigence de confiance du marché, nous avons besoin d’un écosystème ouvert. C’est la direction que nous suivons. De façon concomitante, nous voulons grandir fortement dans les trois à cinq prochaines années, notamment en Asie et en Amérique Latine. Nous voulons doubler nos revenus dans les prochaines années et atteindre 2 milliards d’utilisateurs d’ici 2020. Cela se fera à la fois de manière organique et par acquisitions externes, c’est un axe important de notre projet

Propos recueillis par Aymeric Marolleau

 Bio :

 
John Devine

2017 : chief revenue officer d’Oath

2013 : SVP, global operations de Yahoo!

1999 : Principal chez McKinsey & Co

Tim Mahlman

2017 : président de la plateforme publicitaire

2016 : président des plateformes d’AOL

2015 : global head of publisher platforms d’AOL

2012 : fondateur de Vidible (acquis par AOL)