Lagardère Active : le chiffre d’affaires d’Europe1.fr attendu en forte baisse en 2015

Selon nos informations, la direction d’Europe 1 va mettre en place une évolution de l’organisation de sa rédaction web et modifier la production de ses contenus en ligne. Le site fait face à une diminution de 20 à 30 % de ses audiences et une forte baisse de ses revenus publicitaires. L’une des raisons du partenariat stratégique annoncé entre Lagardère Active et Google ?

Selon nos informations, Europe 1 prépare une large évolution de sa rédaction web. Jusqu’ici organisée en thématiques – avec une grande partie de la rédaction web répartie dans les services « économie », « justice », etc. aux côtés des journalistes radio -, elle sera désormais articulée autour de trois pôles. Le premier, le « fil info », composé de trois postes et demi, aura vocation à couvrir les informations qui tombent au fil de la journée, essentiellement à partir de dépêches AFP.

Le pôle « Europe 1 direct », composé de six journalistes, sera en charge d’écouter et d’identifier les meilleurs moments de l’antenne radio pour les traduire en « grammaire digitale, avec des textes, des vidéos et des photos », explique Thomas Doduik, directeur digital du pôle Radio et TV de Lagardère Active. Enfin, le « pôle thématique » sera composé de cinq journalistes spécialisés répartis dans les services de la radio (économie, société, international, justice et politique).

Ces pôles seront supervisés par deux équipes composées chacune d’un chef des informations et d’un chef d’édition, qui se relaieront, ainsi que d’un front page editor.

« Cette réorganisation vise à accélérer nos présences sur le digital, et notamment à s’appuyer davantage sur la vidéo et les codes du web, sans toucher aux effectifs. Nous cherchons à nous adapter à l’évolution des usages et à trouver ce que peut apporter une radio digitale dans un environnement médiatique dense », explique Thomas Doduik, arrivé en mars 2015.

Audience en chute de 30 % en un an

Mais le mal semble plus profond. Selon nos informations, Europe 1 – qui réalise environ 5 % de son chiffre d’affaires via le numérique – souffre d’une nette perte d’audiences et de revenus digitaux depuis plus d’un an.

En un an, la fréquentation du site a chuté de 30 %, selon les explications données par la direction de la radio à la rédaction pour justifier la réorganisation. Selon l’OJD, les visites mensuelles du site sur ordinateur ont chuté de 17,5 % en un an (pour atteindre 6,3 millions en août) et les pages vues mensuelles de 32,5 % (à 13,5 millions). Pire, l’application mobile a vu ses visites mensuelles chuter de 80 % entre août 2014 et août 2015 (de 13 à 2 millions) et ses pages vues de 70 % (chiffres complets OJD).

Ces chutes d’audiences peuvent s’expliquer par plusieurs raisons : les offres numériques ont délaissé l’actualité (ce qui est en train d’être corrigé), et des difficultés de référencement SEO sur Google.fr et Google Actualités ont été importantes. « Le changement d’algorithme de Google Actualités en mai nous a causé un problème de référencement et a impacté nos audiences », indique Thomas Doduik.

D’autres facteurs ont joué : Le départ vers RTL, mi-2014, de Laurent Ruquier, dont l’émission générait de nombreux téléchargements de podcasts. Selon d’anciens collaborateurs de la radio, les nombreux changements à la tête des nouveaux médias (Thomas Doduik est le quatrième directeur digital en trois ans après Gilles Nay, Jérémie Clévy et Gwenaëlle Le Cocguen) n’ont pas non plus favorisé la mise en place d’une stratégie numérique cohérente, d’autant que Laurent Guimier, directeur de l’information numérique jusqu’en mai 2014 et fin connaisseur de la radio et du numérique, est parti pour France Info.

Monétisation difficile

La direction d’Europe 1 (Fabien Namias), a annoncé en interne le 22 septembre une baisse prévue du chiffre d’affaires numérique de 50 % en 2015. Un peu rapidement ? Pour mieux faire passer la réaorganisation auprès des équipes rédactionnelles ? Aujourd’hui, plusieurs responsables chez Lagardère évoquent plutôt une diminution des revenus en ligne attendue entre 10 et 25 %. Ce qui reste important.

C’est la conséquence directe de la baisse des audiences, mais la monétisation publicitaire des supports numériques d’Europe1.fr semble aussi  intrinsèquement délicate. Pour dynamiser à nouveau les audiences et les revenus numériques, une refonte du site Europe1.fr et de son application mobile est prévue début 2016. La nouvelle stratégie misera beaucoup sur la vidéo, qui représentait 35 % de ses revenus numériques, selon des chiffres communiqués par la station en mars 2015. 

Plus structurellement, Lagardère Active a annoncé nouer une alliance stratégique avec Google, associant conception d’offres, marketing et commercialisation publicitaire (lire page 5). La démarche a surpris le secteur.

On la comprend mieux à l’aune des résultats prévus en 2015 pour Europe1.fr, mais aussi de LeGuide.com, autre fleuron numérique en difficulté selon nos confrères de BFMTV.com.