Le DNI de Google accorde 4,1 millions d’euros à 14 projets français : qui sont-ils ?

Dans le cadre de son programme DNI lancé à l’automne 2015, Google a présenté mercredi 13 décembre la quatrième vague de subventions accordées aux structures européennes promouvant l’innovation dans l’information. 685 projets émanant de 29 pays avaient candidaté. 102 ont finalement été acceptés (issus de 26 pays européens), pour une enveloppe totale de 20,4 millions d’euros alloués (contre remise de factures). Soit 200 000 euros accordés par projet en moyenne. 47 d’entre eux sont des “prototypes”, c’est-à-dire des projets encore à un stade précoce (jusqu’à 50 000 euros de financement), 33 sont des projets “intermédiaires” (jusqu’à 300 000 euros de financement) et 22 sont des projets d’envergure (jusqu’à 1 million d’euros de financement accordés). Pour rappel, le DNI finance 100 % des projets prototypes et cofinance à hauteur de 70 % ceux de niveau intermédiaire et d’envergure.

Radio France veut se développer sur les assistants vocaux

 “Sur ces 102 dossiers acceptés par Google, 14 sont français (4 d’envergure, 7 intermédiaires et 3 prototypes, ndlr) pour un financement de 4,1 millions d’euros au total”, souligne Ludovic Blecher, le responsable du Fonds pour l’innovation du DNI au sein de Google et ancien directeur numérique de Libération (la liste des projets français retenus). Dans les catégorie des projets d’envergure : Le Parisien (pour installer un “paywall intelligent”, projet qui dure depuis 18 mois), le Groupe Les Echos (pour continuer à “développer les revenus de l’abonnement via trois projets distincts”), Golden Network, le MCN de M6 ( avec la mise en place d'”une plateforme de production vidéo pour cibler les millennials”), et Le Monde (pour un nouveau dispositif de “personnalisation des contenus”).

Les sept éditeurs de la catégorie intermédiaire des subvention sont Bayard (autour de l’abonnement), Les Jours (“production de vidéos en direct”), Prisma Media (pour des dispositifs de réalité augmentée), VoxEurop (“Spot”, une place de marché pour des articles européens), Radio France (“Focus”, autour des assistants vocaux), le groupe Le Figaro (“identifier les intentions d’achat des lecteurs”), ainsi que Monday Note, la newsletter sur la tech et les médias co-éditée par Frédéric Filloux (pour son disposition News Quality Scoring, un système pour noter la valeur des articles).

Les trois éditeurs de la catégorie des prototypes sont Usbek & Rika (pour “AdBoard”, un outil pour optimiser le native advertising), l’agence Wedodata (pour “DataNews”, projet qui vise à identifier des données clés dans des articles), Wordcrunch (OneShot, pour créer des vidéos à partir de photos).

Une moyenne de 292 000 euros accordés par projet en France 

 VoxEurop, site d’actualité et de débats sur les affaires européennes, a donc reçu une aide de 281 000 euros pour cofinancer son dispositif “Spot”, une place de marché basée sur des algorithmes pour sélectionner, traduire et syndiquer des articles de presse tirés de médias indépendants, couplée à une sélection humaine des contenus. L’objectif est de faciliter l’accès par les éditeurs à des articles de choix de médias européens ainsi que leur achat et republication en langue locale.

En permettant aux éditeurs français d’accéder et de diffuser plus facilement des contenus internationaux, cette offre pourrait indirectement concurrencer Courrier International, dirigé par Arnaud Aubron et intégré au sein du Groupe Le Monde.

Le pure player Les Jours a réussi de son côté à faire cofinancer par Google la simple réalisation d’émissions vidéo en direct, et ce à partir du premier trimestre 2018. Les moyens techniques seront ceux de la société de production vidéo YouBeLive, créée il y a quelques mois par Florent Peiffer et Thierry Turbot, deux anciens salariés d’iTélé. En diffusant gratuitement ces émissions sur les réseaux sociaux, Les Jours espère ainsi accélérer le rythme de recrutement de ses abonnés (environ 9 000 aujourd’hui). C’est cet aspect qui a semble-t-il convaincu Google.

292 000 euros ont donc été accordés par projet en France en moyenne. La France est le premier pays en volume de subventions pour cette quatrième session, devant le Royaume-Uni (3,1 millions d’euros) et l’Espagne (1,5 million d’euros). Les projets liés au fact-checking sont de nouveau nombreux, particulièrement dans la catégorie des projets prototypes.

“Concernant les projets intermédiaires et d’envergure, nous avons pour cet appel à projets incité les candidats à se concentrer sur la monétisation. Cela s’est traduit par une hausse des projets autour de la personnalisation et de l’abonnement. Nombre d’entre eux font appel au machine learning et à l’intelligence artificielle afin d’améliorer la distribution des contenus et à la personnalisation afin de convertir davantage de lecteurs en abonnés”, observe Ludovic Blecher.

Encore 56 millions d’euros à attribuer

 Cette nouvelle série d’aides porte à 94 millions d’euros le montant total accordé par le DNI (à 450 projets) tout au long de ces deux dernières années au niveau européen. 21 % des projets sélectionnés portent sur la création de nouveaux modèles d’affaires, et 13 % cherchent à améliorer la découverte de contenu. 37 % des projets sélectionnés en Europe sont des collaborations entre des organisations partageant des objectifs similaires. Le Fonds pour l’innovation du DNI est dotée d’une enveloppe totale fixée à 150 millions d’euros. Il reste donc 56 millions d’euros à attribuer en 2018.