Le pure player ChEEk veut cultiver sa singularité dans un marché féminin très concurrentiel

Racheté en février dernier à 100 % par Les Nouvelles Editions Indépendantes (LNEI), le site féminin-féministe, qui fêtera ses 4 ans en octobre mise sur les synergies avec le groupe de Matthieu Pigasse : Les Inrockuptibles, Nova, Rock en Seine…

“Les femmes de notre génération ont envie qu’on leur parle différemment”. C’est ainsi que Julia Tissier, rédactrice en chef de ChEEk, explique comment le pure player qu’elle a fondé en 2013 aux côtés de Myriam Levain et Faustine Kopiejwski veut cultiver sa singularité. Pour cela, le pure player opte pour une couverture large de sujets peu abordés ailleurs, un ton plus libre et plus léger à destination de la génération Y. Le tout avec un engagement féministe, une thématique qui a pris plus d’ampleur récemment avec la pop-culture, souligne sa cofondatrice.

Ce fil conducteur sera maintenu au sein du groupe LNEI, qui a acquis la totalité des parts du site au printemps. “Nous avons beaucoup d’ambition pour chEEk, mais nous manquions d’une force de frappe”, explique Julia Tissier.

Premier pas dans le papier

ChEEk mise désormais sur des synergies croissantes avec la galaxie LNEI, qui compte environ 160 collaborateurs. En avril 2017, le groupe a noué un partenariat avec le Festival international de mode et de photographie de Hyères : une équipe éditoriale a été constituée avec des journalistes des Inrocks, de Nova et de chEEk afin de produire du contenu pour chaque canal de diffusion (print, web, réseaux sociaux, radio).

Ce partenariat sera renouvelé l’année prochaine et ChEEk vient aussi de faire un pas dans le papier en coordonnant un hors-série des Inrockuptibles publié fin juillet et dédié à la “génération féministe”. La publication d’un ouvrage collectif début novembre, quelques jours avant la 30e édition du Festival Les Inrocks (23 au 26 novembre, à la Gaîté Lyrique), dont ChEEk sera un nouveau partenaire, est également prévu.

“Ce qui intéresse Matthieu Pigasse, c’est l’engagement de toutes les marques (du groupe) sur la culture, sur l’ouverture du monde qu’il prône, sur l’acceptation de la différence”, explique Camille Hutin, la directrice du développement business et relations publiques de LNEI.

“Ce sont tous ces chantiers – et la manière dont on peut les mettre en avant – à la fois sur le papier, le digital, la radio et maintenant le live”, qui constituent les objectifs du groupe. À la limite, ce n’est pas le support qui compte, c’est le message qu’elles ont envie de véhiculer. ChEEk qui – outre ses trois cofondatrices – travaille avec une dizaine de pigistes, revendique aujourd’hui une audience de 400 000 VU chaque mois (Google Analytics), un chiffre en hausse de 25 % au 1er semestre, d’après Julia Tissier.

Le brand content comme levier publicitaire

Côté monétisation, ChEEk mise principalement sur le brand content. Parmi ses clients figurent Princesse tam tam, Etam ou encore Chanel. L’événementiel est également une piste de développement : les cofondatrices travaillent sur l’organisation d’un book club, d’un ciné-club ainsi que des “After work talks” pour la rentrée. Aujourd’hui gratuits, ces projets pourraient devenir payants afin de générer des revenus complémentaires, l’objectif premier étant aujourd’hui la constitution d’une communauté de fidèles.

Interrogé, LNEI ne communique toutefois pas le chiffre d’affaires du site, ni celui du groupe ou encore la répartition des revenus. Et quid de la feuille de route prochaine pour ChEEk ? “Notre priorité est de développer les audiences, les synergies et le brand content”, souligne Julia Tissier.

Pierre-Anthony Canovas