Accueil > Marques & Agences > Achat média > Le secteur financier, nouveau pourvoyeur de données pour les GAFA Le secteur financier, nouveau pourvoyeur de données pour les GAFA L’arrivée d’Alphabet dans le domaine bancaire n’est qu’un symptôme supplémentaire d’une tendance amorcée depuis quelques années. Les GAFAM entrent dans l’univers financier, qu’ils considèrent comme un nouvel apporteur de données à leurs modèles d’activités. Par . Publié le 29 novembre 2019 à 18h16 - Mis à jour le 29 novembre 2019 à 18h16 Ressources Incursion assumée dans le domaine bancaire, le projet Cache d’Alphabet a été révélé par le Wall Street Journal le 13 novembre dernier. En résumé, le géant technologique s’est rapproché de Citigroup ainsi que de la Stanford Federal Credit Union, une caisse d’épargne californienne. Ces partenaires seront chargés de la gestion des comptes. Le produit doit être lancé en 2020 et les clients pourront y accéder depuis leur application Google Pay. Certes, Google Pay existe depuis début 2018 en France, et sa toute première présentation officielle remonte à septembre 2011, alors que le service s’appelait encore Google Wallet (voir notre liste des initiatives des GAFAM dans la finance). Aujourd’hui, le service est proposé par une dizaine de néobanques et challengers (Orange Bank a annoncé le 15 novembre être en train de le déployer), et permet de payer en magasin et en ligne, ainsi que de transférer de l’argent à ses contacts sans avoir à effectuer un virement auprès de sa banque. Mais avec un véritable compte courant et la possibilité de contracter des crédits, le projet Cache, lui, promet une autre ampleur de services. Mouvement général La révélation survient alors qu’un nombre croissant d’acteurs technologiques entrent dans le secteur des services financiers. Apple a lancé son Apple Card en partenariat avec Goldman Sachs le 20 août 2019. S’il a silencieusement enterré un projet de compte courant, Amazon propose ses propres cartes bancaires depuis juillet 2017. Quant à Uber, il a dévoilé Uber Money le 28 octobre 2019 et veut en faire, en partenariat avec Green Dot, un service bancaire pour ses conducteurs, si ce n’est, à terme, pour ses usagers. Quant à Facebook, on apprenait le lancement de sa propre application Facebook Pay la semaine où le projet Cache était dévoilé. Ce service lui permettra d’unifier l’expérience de paiement de ses quatre plateformes sociales (Facebook, Messenger, WhatsApp et Instagram), et ressemblera plus ou moins à Venmo. À ceci près que c’est Facebook qui récupèrera toutes les données liées aux transactions et s’en servira pour ses publicités. Pourquoi tant d’empressement à proposer des services qui sont habituellement l’apanage de banques traditionnelles ? “Parce qu’ils ont compris l’intérêt des services financiers, et notamment du paiement, pour récupérer de nouvelles données”, analyse Andréa Toucinho, directrice étude prospective et formation chez Partelya Consulting. Une analyse que partageait Julien Maldonato, associé innovation de Deloitte interrogé par mind Fintech en avril (lire le dossier Comment les Gafam s’attaquent aux services financiers). Aux Etats-Unis, tandis que certains pointaient la volonté de Google de regagner des parts de marché perdues au profit d’Amazon (54% des recherche en ligne de produits contre 46%), Arieh Levi, analyste de CB Insights interrogé par CNBC, allait dans le même sens. Le choix de Google de garder la marque de ses partenaires sur les comptes courants est “une stratégie différente de celle d’Apple, qui démontre que les données sont ce qui l’intéresse en premier”. “Tous ces acteurs ont compris que les technologies émergentes dans le domaine du paiement peuvent leur créer de vraies opportunités business, ajoute Andréa Toucinho. Ils ont aussi vu le potentiel de convergence entre réseaux sociaux, services mobiles et services de paiement.” Un exemple venu notamment de Chine, où AliPay comme WeChat “fonctionnent à plein sur ce modèle”. Bref, les données financières sont autant de moyens supplémentaires de garder l’utilisateur captif. L’arrivée de ces géants “correspond aussi à une tendance globale, visible jusque dans les réglementations européennes, qui veut ouvrir ce secteur traditionnellement difficile d’accès” termine l’experte : elle se réfère aussi bien au projet Libra de Facebook, basé sur une blockchain, qu’à la directive sur les services de paiements. Le mariage du vieux et du nouveau monde Si une chose a étonné Andréa Toucinho, c’est “le fait que l’entreprise ait décidé de se lancer avec un partenaire financier traditionnel, contrairement à ce qu’a choisi Facebook avec le Libra”. La levée de boucliers suscitée par ce dernier projet, continue-t-elle, a probablement rendu certains acteurs plus prudents. “Par ailleurs, les réglementations sont ardues, et les acteurs implantés depuis longtemps sur le secteur financier sont mieux habitués à les naviguer.” Dans le cas du projet Cache, la conformité sera précisément déléguée à Citigroup et à la Stanford Federal Credit Union. Par ailleurs, Caesar Sengupta, vice-président de Google en charge de la gestion des produits, a déclaré au Wall Street Journal : “notre approche consiste à créer des partenariats solides avec les banques et le système financier. Cela peut représenter un chemin un peu plus long, mais plus durable.” Quant aux banques et autres acteurs traditionnels du secteur, Andréa Toucinho estime que ce type de partenariat leur permet de “s’installer dans une démarche moderne, prospective”, “de viser de nouvelles clientèles, et notamment les jeunes générations”, mais aussi “d’adopter une stratégie centrée sur le client, courante chez les géants technologiques mais encore trop absente chez les financiers”. Ces alliances pourraient aussi être perçues comme une forme de rempart contre les suspicions des régulateurs, à l’heure où une enquête antitrust a été ouverte par le Congrès américain à l’encontre de Google lui-même. Celle-ci doit déterminer si l’entreprise utilise ses données glanées via ses différents outils de façon à désavantager ses concurrents. Néanmoins, lorsqu’un utilisateur se plaint d’un problème dans ce type de partenariat, comme le récent biais sexiste constaté dans le système de crédit de l’Apple Card, c’est Goldman Sachs, et non l’entreprise technologique, qui se retrouve soumise à enquête. Cet article a été publié une première fois sur mind Fintech, autre publication du groupe mind. Banque et AssuranceCiblage publicitaireGAFAM Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Tribunes gratuit "Pour une réglementation des plateformes en position dominante" Les autorités de régulation européennes veulent mieux contrôler les activités des GAFA Entretiens Data et tech, quelle contribution au modèle des agences de communication ? 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