Les ambitions d’Abstrakt, qui automatise la création de newsletters de veille par l’IA générative  

L’intelligence artificielle générative permet à de nouveaux acteurs de se positionner sur la production de contenus et d’informations à moindre coût. C’est le cas de la société Abstrakt, fondée fin 2024 par Julien Hébrard (CEO) et Marvin Amuzu (CTO). 

Ces derniers mois, l’entreprise a débuté la commercialisation de ses services : la génération et la commercialisation de newsletters automatisées par l’intelligence artificielle générative. Elle veut se positionner sur le terrain des grands acteurs de la veille média et des revues de presse, comme Onclusive et Meltwater, pour fournir des services “plus rapidement, plus précisément et moins chers”, affirme Julien Hébrard. 

Les sources sont mentionnées 

Lancée par la société il y a quelques mois, sa newsletter généraliste, Abstrakt News, totalise environ 550 inscrits, sans activation marketing, avec 70 % de taux d’ouverture revendiqué. Elle est envoyée du lundi au samedi. La newsletter contient 10 à 15 informations par jour. Son contenu prend la forme d’une phrase par information, avec, en dessous, généralement quatre à cinq médias mentionnés comme sources, dont les noms sont cliquables.

15 000 sources en français sont scrappées chaque jour sur le territoire français (presse, blogs, communiqués d’entreprises…). Leurs contenus alimentent les 15 millions d’articles en base. “Nous avons opté pour des médias publics et privés, neutres, de gauche et de droite, en évitant les extrêmes, avec des sources factuelles, brutes. On privilégie les informations originales et les analyses aux commentaires et aux polémiques. Notre algorithme favorise donc un peu plus les médias nationaux que les médias régionaux car ils produisent davantage des analyses et des articles originaux”, indique Julien Hébrard.

Et les droits d’auteur ? L’entreprise, qui a été contactée par le CFC – qui gère les droits d’auteur des éditeurs de presse pour la rediffusion de leurs contenus – il y a quelques mois, veut “être un bon élève et respecter les droits des auteurs”. Elle s’est engagée à verser les 800 euros par client et par an facturés pour la licence de scrapping. L’outil ne lit pas les contenus derrière les paywalls pour le moment, mais la société discute avec le CFC pour acquérir ce type de licence et pouvoir le faire. Hors licence de droits d’auteur, ses coûts se limitent à 100 à 150 euros par mois. 

Un coeur de cible BtoB

Le dispositif s’appuie sur les LLM de ChatGPT, Claude, et les technologies open source d’Hugging Face. Plus de 60 langues sont prises en charge. La solution d’emailing Mailjet est utilisée pour l’expédition des newsletters. 

La newsletter BtoC n’est pas monétisée pour le moment, mais une réflexion est entamée pour y insérer de la publicité. Ce qui en ferait davantage un concurrent des médias d’information. “Nous avons lancé cette newsletter généraliste pour tester notre modèle et comme vitrine, mais notre cible est principalement BtoB : nous visons les cabinets de stratégie, les agences de relations publiques, et toutes les entreprises et organisations qui ont besoin de faire une veille sur mesure, de qualité, avec de l’information factuelle et à un prix abordable”, indique Julien Hébrard. 

Avec l’offre Abstrakt Pro, la société veut proposer des synthèses d’une à deux pages, de la veille média, et des résumés thématiques. “Tout est relu et ajusté, par exemple des tournures de phrases, mais dans 95 % des cas, le contenu est déjà très bon”, indique le cofondateur. Le service est commercialisé au prix plancher de 2 500 euros par an, et pouvant atteindre plusieurs dizaines de milliers d’euros par an, selon le type de prestation et l’accompagnement, avec une demi-dizaine de clients au lancement. La société discute avec des grands groupes. Leur signature pourrait lui faire franchir un palier. 

Abstrakt n’a pas bénéficié d’investissements pour son lancement. Ses fondateurs, qui sont conseillés à titre amical par Nicolas Rieul (Actionable) et Bertrand Picard (Natural Grass), espèrent atteindre plus ou moins 100 000 euros de chiffre d’affaires en 2025 auprès des entreprises et agences. Auprès des médias également, si l’opportunité se présente, par exemple pour des prestations en marque blanche. Des newsletters thématiques sont également à l’étude, par exemple dans les jeux vidéo.