Les évolutions que veut apporter Google au programme DNI

1 Quel premier bilan tirez-vous du format AMP lancé en février pour accélérer le temps de chargement des pages sur mobile ?

Longtemps, les éditeurs européens ont reproché à Google, souvent à raison, de développer des projets dans son coin, ou alors de les tester seulement avec le New York Times et le Washington Post. Je lui faisais d’ailleurs la même critique lorsque je travaillais pour la BBC. Nous voulions donc ouvrir les discussions avec ces éditeurs. Cela a donné AMP, qui n’est pas seulement l’idée de Google, mais le fruit de discussions sur leurs enjeux. La plupart des grands éditeurs français l’ont adopté, dont 20 Minutes, Le Parisien, Les Echos, L’Express, Lagardère Active ou encore TF1. Côté monétisation, ils font aussi bien, voire mieux que leurs propres pages mobiles. Et les principales sociétés technologiques françaises se sont adaptées à AMP.

2 AMP a été le premier grand projet porté par DNI. Quels seront les prochains ?

Les discussions toujours en cours avec les éditeurs balaient de nombreux sujets, mais quelques-uns leur importent particulièrement aujourd’hui. C’est notamment le cas des adblockers, qui ne sont pas seulement le problème des éditeurs et doivent être traités à l’échelle de l’écosystème numérique. Ce sont avant tout des craintes sur la protection de leur vie privée et la peur des logiciels malveillants qui conduisent les internautes à installer des adblockers, mais il ne faut pas sacrifier au passage l’internet gratuit et ouvert tel que nous le connaissons aujourd’hui. Les créateurs de contenus doivent être payés pour ce qu’ils font. Google continue d’ailleurs de tester Contributor aux Etats-Unis, (qui propose aux internautes de voir moins de publicités en échange d’une contribution mensuelle, qui sert à rémunérer les sites qu’ils ont visités, ndlr). Nous espérons l’étendre à d’autres marchés prochainement. La vidéo est aussi un enjeu très important mais hautement complexe.

3 Quels types de projets recherchez-vous pour le prochain tour du Fonds d’innovation, dont les candidatures devront être présentées du 2 au 11 juin ?

Ce que nous avons fait la première fois était assez fou, puisque nous n’avions pas défini ce que nous entendions par “innovation”. Cela pour ouvrir au maximum les candidatures. Résultat, nous avons reçu plus d’un millier de dossiers. Cette fois, nous allons être plus explicites sur ce que nous cherchons : pas de pures créations de contenus ou de formation, mais des produits ou des projets techniques, avec des KPI clairs pour démontrer l’opportunité et l’impact potentiel. Lors des prochains tours, nous allons probablement être encore plus spécifiques en nous restreignant à certains thèmes. Le Fonds d’innovation aura aussi vocation à encourager la collaboration entre plusieurs éditeurs et entre pays.