Les résultats de la stratégie numérique du groupe Rossel-La Voix

1 Le groupe avait lancé en 2011 un plan de transformation, baptisé “Penser et agir numérique”. Quels sont les résultats ?

Côté audiences, nous avons aujourd’hui atteint les 650 000 visiteurs uniques par jour, dont la moitié sur mobile, soit 150 000 de plus que notre objectif. Nous nous sommes aussi renforcés sur les réseaux sociaux : 70 % des moins de 30 ans viennent de Facebook, qui génère plus de 30 % de l’audience mobile globale. Côté monétisation, en revanche, nous n’avons atteint que 6 millions d’euros de chiffre d’affaires numérique au lieu des 10 millions visés. Car si la publicité commerciale s’est bien développée (4 à 5 millions d’euros de revenus), les annonces classées sur l’immobilier et l’emploi n’ont pas progressé comme nous l’espérions. Les objectifs d’abonnements, eux, ont été atteints, avec plus de 2 millions d’euros de revenus en 2015, pour 30 000 lecteurs payant sur le site, dont 10 000 purs numériques. Le choix du modèle au compteur sur tous les sites du groupe – cinq articles gratuits en anonyme, puis cinq autres en se connectant, avant de devoir s’abonner – s’est avéré être le bon. La lecture du journal en PDF demeure le premier déclencheur de l’abonnement, car il correspond à notre lectorat traditionnel.

2 En quoi consiste le nouveau plan d’entreprise qui porte jusqu’en 2020 ?

Nous avons trois grands chantiers. Pour rendre notre travail plus agile et casser les silos, le bâtiment de La Voix du Nord à Lille a été repensé et des cloisons abattues. Car nous sommes une plateforme d’hébergement de marques médias, qui doit gérer facilement les marques existantes et en accueillir de nouvelles, comme My Video Place ou La Voix Eco. Pour développer les abonnements, nous allons mettre en place une DMP d’ici la fin de l’année, pour laquelle nous cherchons notre prestataire. Cela nous permettra de segmenter notre base de données d’un million de personnes selon leur âge, leur origine géographique… Nous créons aussi une cellule data, avec deux analystes web, quatre analystes base de données et un responsable. Pour la publicité, nous avons lancé le projet Ad Room : il s’agit de bâtir, d’ici 2017, des outils pour permettre à nos vendeurs de centraliser la réservation de nos achats d’espaces numériques et papiers.

3 Quels liens entretenezvous avec les start-up ?

Nous voulons nous en rapprocher davantage. Pour cela, nous sommes par exemple partenaires du Village by CA que le Crédit Agricole, l’un de nos actionnaires, a ouvert à Lille. Nous lançons des projets de sociétés en interne, comme My Video Place (les détails sur mindnews.fr). Notre régie publicitaire, La Voix Media, a également organisé un concours de start-up, dont un prix donnait accès à de l’espace publicitaire sur nos produits. Mais nous avons quelques réserves sur le “media for equity” (des emplacements publicitaires contre du capital, ndlr), car le groupe Rossel, qui l’a testé en Belgique, n’y a pas connu que des réussites.