Louis Dreyfus (Le Monde) : “Une édition quotidienne pour tablettes à la fin du premier trimestre”

Cela fait maintenant trois ans que Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Pierre Bergé, ont acquis le groupe, avec la volonté de placer le numérique au coeur de la stratégie. Quel bilan en faites-vous ?

Nous avons rattrapé notre retard en proposant une vraie offre en ligne, en accélérant la croissance des activités numériques amorcées par Jean-Marie Colombani (ancien président du directoire, ndlr) : nous avons notamment développé les contenus gratuits pour élargir l’audience et développer le payant avec une stratégie freemium. Nous avons d’ailleurs augmenté les revenus payants, avec 125 000 abonnés numériques dont 55 000 exclusivement numériques (contre 35 000 il y a trois ans) pour un tarif passé de 6 à 15 euros par mois. Nous maintenons notre objectif de 200 000 abonnés numériques d’ici 3 ans. Depuis notre entrée sur le kiosque d’Apple, le rythme de recrutements numériques a d’ailleurs doublé.

Quels sont vos revenus numériques ?

Nous avons généré près de 25 millions d’euros de revenus numériques en 2013, contre 18 millions d’euros en 2012, avec une rentabilité de 25 % malgré la poursuite de nos investissements. Nos activités en ligne sont donc structurellement bénéficiaires et en croissance. En revanche, au niveau groupe, incluant le papier, le résultat net sera négatif d’environ 2 millions d’euros (-1,1 million d’euros en 2012). La dynamique a été bonne jusqu’en septembre, puis nous avons dû faire face à une baisse brutale du marché publicitaire, avec un effet sur nos recettes, en dépit d’un travail remarquable de notre régie publicitaire. C’est pourquoi il est impératif d’accélérer la transformation de notre modèle économique. Mais nous visons un retour aux bénéfices dès 2014. C’est même essentiel.

Quelle sera votre stratégie en 2014 ?

D’abord continuer à développer les contenus gratuits, de manière à faire croître nos audiences. Nous allons par exemple investir dans de nouvelles thématiques – notamment dans les nouvelles technologies – et dans les contenus « style », dans la droite ligne de ce qu’a réussi M, le magazine du Monde. Nous allons également développer des offres plus identitaires, liées à la marque Le Monde, et mieux identifiées, pour mieux mettre en évidence les contenus premium réservés à nos abonnés. Nous allons par exemple proposer à nos abonnés des formats innovants et interactifs, à l’image de ce qu’a fait le New York Times avec Snow Fall.

Travaillez-vous également sur de nouvelles offres numériques du soir ?

Oui. A la fin du premier trimestre, nous lancerons d’ailleurs une édition quotidienne pour tablettes, livrée à nos abonnés en soirée. Elle sera composée de nouveaux formats et de nouveaux contenus, et complétera l’offre actuelle du « journal tactile » pour iPad, publiée à 14h.

Claude Perdriel a émis l’idée d’une prise de participation du Monde au sein du groupe Nouvel Observateur. Cela aurait-il du sens ?

La situation des médias est tellement compliquée économiquement qu’il y aura forcément une concentration du marché et des rapprochements entre acteurs. Ma compréhension est que Claude Perdriel cherche non pas à vendre mais à renforcer son capital et que ses appels du pied sont en direction des actionnaires du Monde plutôt qu’en direction du Monde. Et il a raison, ce sont de vrais entrepreneurs, conscients de la valeur des contenus et prêts à investir.