Matthieu Pigasse : « Le Huffington Post France est très en avance sur ses objectifs publicitaires »

Trois mois après le lancement du Huffington Post France, dont vous êtes actionnaire, quel bilan tirez-vous ?

C’est un très bon démarrage. D’abord en termes de fréquentation, puisque le site atteint déjà 2,5 millions de visiteurs uniques par mois et 12 millions de pages vues, ce qui nous place dans les 12 premiers sites d’actualité français. Et puis, ce succès d’audience se traduit dans les résultats publicitaires car nous sommes très en avance sur nos objectifs de revenus initiaux. Nous sommes également très satisfaits du contenu du site, qui a démontré son indépendance sous la conduite de sa directrice éditoriale Anne Sinclair et de son rédacteur en chef Paul Ackermann. Nous avons maintenant deux axes de développement : le mobile et les tablettes avec des applications iPhone et iPad sur le point d’être lancées, et un renforcement de l’équipe. Composée de douze journalistes actuellement, la rédaction devrait encore s’étoffer.

Vous aviez déjà racheté Les Inrockuptibles en 2009 et acquis le groupe Le Monde avec Pierre Bergé et Xavier Niel en 2010. Quelles sont vos motivations pour investir dans les médias ?

Plusieurs choses. Avec Le Huffington Post France, c’est la volonté de lancer un nouveau site, à mi-chemin entre l’information en temps réel et le magazine, avec des contributions extérieures pour créer des débats publics. C’est aussi l’intérêt pour une nouvelle forme de journalisme « pure player » qui ne sacrifie pas à l’exigence de qualité. Et puis, travailler aux côtés d’Arianna Huffington et d’Anne Sinclair est une belle aventure. Je suis passionné par la presse et les nouveaux médias. Les médias sont un instrument essentiel du débat démocratique et social. Le Monde incarne la rigueur dans l’information, Le Huffington Post France offre la possibilité à tous de contribuer au débat public, tandis que Les Inrocks représentent quelque chose de très fort au niveau sociétal avec la culture rock et la politique.

Quel est le bilan des Inrockuptibles en 2011 ?

L’audience du site poursuit sa croissance avec en moyenne 1,7 million de visiteurs uniques par mois en 2011, contre 1,2 million en 2010 (Cyberstat). Sur le premier trimestre 2012, la moyenne est proche de 2 millions de VU. L’activité publicitaire enregistre des performances significatives, avec presque 50 % de progression des revenus sur le web et + 65 % sur le papier. L’hebdomadaire a d’ailleurs lui aussi poursuivi sa croissance avec une diffusion moyenne de 59 000 exemplaires par semaine en 2011, soit une progression de 27,5 % (OJD). Sur la même période, la diffusion France payée est en progression de 14,84 %. Au total, le chiffre d’affaires 2011 est en progression de 19 %, à 16,7 millions d’euros.

La publication est-elle bénéficiaire ?

Les développements techniques du site lesinrocks.com se sont poursuivis en 2011 pour aboutir au lancement d’une nouvelle plate-forme début avril. Ces lourds investissements ont évidemment un impact important sur les comptes en 2011 et 2012. Le résultat de ces différents éléments est un résultat net négatif de 2 millions d’euros environ, conforme aux prévisions budgétaires. Un retour à l’équilibre est prévu pour 2013, dès lors que la crise n’affecte pas de façon trop forte la presse.

Quels sont vos projets désormais ?

Le lancement de la chaîne Diversités, qui vient d’obtenir l’attribution d’une chaine TNT par le CSA, dans le cadre du projet TVous. J’y suis associé avec Pascal Houzelot (fondateur de PinkTV), Xavier Niel (fondateur de Free), François-Henri Pinault (PDG de PPR), Jean-Charles Naouri (PDG du groupe Casino) et Jacques Veyrat (PDG d’Eiffel Investment Group). La chaine sera opérationnelle à la fin de l’année et traitera de toutes les diversités (parité, diversité de genres, handicap, couleur de peau…). Nous visons 1,5 % de part d’audience. Un partenariat éditorial avec Les Inrockuptibles est prévu. Elle représente un investissement de l’ordre de 30 millions d’euros de budget annuel. J’y suis actionnaire à environ 8 %.