Mediapart se lance dans la vente de mooks

A l’occasion de la présentation de ses résultats annuels, jeudi 12 mars, Mediapart a annoncé une diversification papier avec le lancement d’un premier mook en partenariat avec la maison d’édition La découverte.

Mediapart passe au papier. Prévue le 11 juin et baptisée La Revue du Crieur, cette publication papier de 160 pages contiendra une dizaine de longues enquêtes et un reportage photo sur « les idées et la culture ». Parmi les sujets proposés : « les liaisons dangereuses entre l’argent et l’art contemporain », et « les idées du Front national doivent beaucoup à un courant minoritaire de la gauche française ». Les contenus seront produits à la fois par des journalistes de Mediapart et des auteurs publiés par La Découverte. La publication sera vendue 15 euros en librairie et dans certains kiosques. 3 numéros par an sont prévus.

Mediapart vise à 10 000 à 12 000 exemplaires vendus pour chaque numéro, soit 165 000 euros de revenus, partagés avec la maison d’édition. Pour Mediapart, il s’agit d’une nouvelle étape dans son développement, après des partenariats éditoriaux (La France vue d’ici, France Culture, Arte Radio…) commerciaux (Arrêt sur Images…) ou capitalistiques (Infolibre en Espagne). L’objectif est d’explorer de nouveaux univers thématiques. Le sport et l’économie sont aussi envisagés, plutôt via des partenariats, et pas forcément en ligne.

Mediapart a terminé l’année 2014 avec 107 500 abonnés (85 000 en 2013) et des comptes positifs : 8,9 millions d’euros de chiffre d’affaires (+ 27 % en un an) pour 1,5 million d’euros de résultat net (+ 64 %).

Un redressement contesté de 4,7 millions d’euros

Mais la régularité de ces comptes est contestée pas le Fisc. Le pure player dirigé par Edwy Plenel subit toujours une procédure de redressement fiscal pour s’être auto-appliqué la TVA à taux réduite (2,1 %) dès 2011, comme les éditeurs papier, au lieu de la TVA à taux plein (19,6 % puis 20 %).

En plus des 4,2 millions d’euros de redressement déjà annoncés, une nouvelle rectification de 500 000 euros lui a été adressée pour la période octobre 2013 – janvier 2014. Les dirigeants de Mediapart – qui a provisionné 700 000 euros et qui dispose d’une trésorerie de trois millions d’euros – ont annoncé leur intention de se défendre « jusqu’au bout », y compris via les voies judiciaires. Cependant, s’ils ne le disent pas encore ouvertement, un accord amiable n’est semble-t-il pas écarté si la proposition leur est faite. <