Mounir Mahjoubi explique ses premières intentions en tant que président du CNNum

1. Quelles étaient vos motivations pour devenir président et comment conciliez-vous cette fonction avec votre poste de directeur adjoint de l’agence BETC Digital ?

Je voulais être utile. Dans toutes mes expériences professionnelles, j’ai essayé d’éclairer sur l’intérêt et l’impact d’internet dans la société. Je souhaite apporter ma passion, mon expérience et mes idées, avec les autres membres du Conseil, pour accompagner les autorités et contribuer au débat public. Le CNNum est le meilleur endroit en France pour cela. Je serai moins impliqué dans BETC Digital : je vais libérer 30 à 50 % de mon temps pour le CNNum. C’est beaucoup, il a fallu discuter avec Havas et mes responsables à BETC. Mais Mercedes Erra et Rémi Babinet, ses cofondateurs, sont déjà très ouvert au numérique et impliqués dans son rôle sur la société ; ils ont donc compris mon intérêt pour cette fonction.

2. Votre prédécesseur Benoît Thieulin, très actif et médiatique, demeure membre du Conseil. Avez-vous peur de l’ombre qu’il pourrait vous faire ?

Non, il a surtout été un soutien sans faille dans mes débuts de président et c’est une très grande force de l’avoir au sein du Conseil. Ces trois dernières années, le CNNum a joué un vrai rôle dans la société : il a accompagné le gouvernement, mais il a aussi su s’opposer sur certains sujets dans un rôle de vigie. Même si nous n’avons pas exactement le même avis sur toutes les questions avec Benoit, on s’accorde sur l’essentiel. Parmi les nouveautés, plus du tiers de la composition du Conseil provient des régions et nous nous sommes renforcés dans l’expertise juridique, avec notamment la nomination d’Amal Taleb, juriste spécialisée en droit de la concurrence dans le secteur numérique, comme vice-présidente. Je souhaite aussi qu’on ajoute une approche terrain à nos travaux, à la manière du design thinking dans les agences.

3. Quelles seront les grandes orientations de votre mandature ?

Il y aura évidemment les saisies et auto saisies sur des dossiers d’actualité et de société, comme le chiffrement, le cryptage, la collecte et la gestion des données personnelles. Mais nous travaillerons aussi sur de grands dossiers que l’on souhaite mettre en avant, notamment dans l’aide aux PME et PMI sur le numérique. Ce sera notre grand chantier en 2016. A côté de la publication de nos rapports, on va développer encore plus notre approche collaborative : nous passerons du temps – essentiellement via notre équipe de neuf collaborateurs permanents – avec et dans des PME pour les rendre observateurs et acteurs de nos travaux dans le changement numérique. Il s’agira de mieux comprendre et lever les freins, qui ne sont pas nécessairement économiques, mais aussi culturels et dans la formation des salariés. Mon ambition, c’est qu’on arrive à dresser des recommandations par secteur d’activité d’entreprise et par taille de structure. Nous allons également essayer de développer nos relations à l’international, où le CNNum est déjà très actif auprès de la Commission européenne et dans les échanges avec des organes comparables au nôtre au Brésil et en Allemagne.