Accueil > Médias & Audiovisuel > Transformation & Innovations > Numérique : France Télévisions doit-il prendre exemple sur la stratégie d’Arte ? Numérique : France Télévisions doit-il prendre exemple sur la stratégie d’Arte ? Par . Publié le 05 novembre 2015 à 18h15 - Mis à jour le 05 novembre 2015 à 18h15 Ressources Dans un avis sur les crédits budgétaires de l’audiovisuel public, réalisé dans le cadre du projet de loi de finances pour 2016, un rapport parlementaire concernant recommande à France Télévisions de s’inspirer de la stratégie et des dispositifs numériques d’Arte. Qu’en pensent les professionnels ? Satellinet a interrogé plusieurs cadres et anciens cadres de l’audiovisuel public. C’est une nouvelle fois un bilan en demi-teinte qui est dressé sur la stratégie numérique de France Télévisions. Dans ce document qualifié par son auteur de « provisoire », et révélé par le site Contexte, le député Jacques Cresta relève que « France Télévisions a développé avec retard son activité numérique », tout en reconnaissant que « ce retard est aujourd’hui comblé sous l’impulsion notamment de l’ancien président Rémy Pflimlin qui a donné un coup d’accélérateur au développement de l’offre numérique à compter de 2011. » Il cite ainsi les 1,5 milliard de vidéos vues que devrait atteindre France Télévisions en 2015 (contre 60 millions en 2011), le succès de France TV Info (11 millions V.U mensuels) et le développement des offres « de destination » multi-écrans (Francetv sport, culturebox, etc.). Mais pour le rapporteur, « l’offre numérique de France Télévisions apparaît aujourd’hui foisonnante et peu lisible ». Interrogé par Satellinet, un ancien haut cadre du numérique à France Télévisions ne « comprend pas la logique » de ce rapport. « On ne peut pas reprocher à France Télévisions d’avoir cinq marques de plateformes alors que le groupe rassemble justement cinq chaînes TV et une vingtaine de rédactions régionales différentes. Le groupe public a déjà beaucoup rationalisé son offre ces dernières années. » Les offres de rattrapage Pour y remédier, le rapport préconise que France Télévisions prenne exemple sur… Arte. La stratégie en ligne de la chaîne culturelle lui semble « innovante et pertinente » sur plusieurs sujets. D’abord, sa plateforme de rattrapage, qui a affiché une hausse de 22% du nombre de vidéos vues au premier semestre 2015 par rapport à 2014 avec 11,3 millions de vues. Elle retransmet 80 % des programmes de l’antenne et de « grands documentaires » ont réalisé entre 300 et 400 000 visionnages, note le rapport. « L’exemple d’Arte démontre que l’intérêt des publics pour la télévision de rattrapage peut porter sur des programmes de toutes natures et que des programmes de stocks qui pourraient sembler n’être destinés qu’à un public de niche peuvent susciter l’intérêt de centaines de milliers d’utilisateurs des services d’Arte », observe Jacques Cresta. Mais pour Joël Ronez, ancien responsable du pôle web d’Arte et ancien directeur numérique de Radio France, il faut se méfier « des comparaisons trop rapides ». « Arte est une structure plus petite et avec un cahier des charges beaucoup moins vaste : autour de la création, du spectacle vivant, du documentaire et du cinéma. C’est aussi une chaîne avec beaucoup de programmes de stock et très peu de flux – contrairement à France Télévisions. Ses programmes ont donc une meilleure valeur non linéaire, notamment en rattrapage. Et comme Arte peut être coproducteur d’un programme, il négocie les droits de diffusion, y compris en rattrapage, dès la création des programmes. La plateforme de rattrapage d’Arte bénéficie en outre de sa courbe d’expérience : elle a été créée en 2006, quand Pluzz, de France Télévisions, a vu le jour en 2010» Joël Ronez, ancien responsable du pôle web d’Arte et ex-directeur numérique de Radio France Les réseaux sociaux Le rapporteur évoque également les réseaux sociaux, sur lesquels la chaîne franco-allemande est exemplaire, selon lui. « Arte développe une stratégie originale de prolongement des programmes sur les réseaux sociaux – Facebook, Twitter, Google+, Instagram – avant, pendant et après leur diffusion antenne. Pensée comme une offre éditoriale en elle-même, elle propose des contenus spécifiques, propres à ces supports et permet d’accroître la recommandation, le partage et les discussions sur les programmes », écrit-il. « La social TV est aussi l’un des axes clés du développement de France Télévisions. Le groupe l’a énormément développée, notamment par l’apparition de tweets à l’antenne et des dispositif second écran. De plus, France Télévisions a une variété d’émissions bien plus grande qu’Arte. ». Un ancien dirigeant de France Télévisions. Les programmes hybrides et projets innovants Le rapport vante aussi les « projets innovants » d’Arte, qui méritent « un échange […] entre ces deux acteurs de l’audiovisuel public ». Arte Concert par exemple, « démontre régulièrement sa capacité à attirer des nouveaux publics », comme lors de la couverture du festival Hellfest qui a géré 1,2 million de vidéos vues en 2015. « A titre d’exemple, l’audience du site Culture box (de France Télévisions, ndlr) pour les festivals de cet été est restée inférieur à celle d’Arte Concert », note Jacques Cresta. « On compare ce qui n’est pas comparable. D’abord, il n’y a pas de chiffres officiels de l’audience de l’une ou l’autre de ces plateformes, si ce n’est ceux issus de stratégies de communication. Et surtout, ce ne sont pas du tout les mêmes offres : Culture box ce sont des concerts, des replays, des contenus culturels… Et son player peut être lu sur d’autres plateformes. Ce sont des plateformes qui s’enrichissent mutuellement, tant mieux si elles ne font pas la même chose », s’indigne un ancien haut cadre du numérique de France Télévisions. Les programmes « numériques originaux hybrides » de la chaîne franco allemande, comme lors de la commémoration de la première guerre mondiale, avec le projet « 14, dernières nouvelles », qui aurait cumulé plus de 850 000 visites, sont aussi salués par le rapporteur. « On ne peut pas juger cela en valeur absolue, cela dépend du prix du programme. France TV et Arte ont chacun développé des formats nouveaux, innovants, et chez l’un ou chez l’autre ce ne sont pas les formats qui performent le plus », répond notre source numérique de France Télévisions. La formation des équipes au numérique Enfin, selon le rapport, le groupe français pourrait prendre exemple sur la formation des salariés d’Arte aux techniques du numérique « en développant la double compétence de ses agents (télévision traditionnelle et télévision numérique) », selon le rapport. « Sur ce point là, Arte a aussi l’avantage, mais là encore la tache est plus simple : c’est une entreprise mono-chaine, et de taille plus petite (800 salariés, dont 300 en France, contre 10 fois plus et 5 chaines à FTV) », explique Joël Ronez. « Il vaut mieux comparer France Télévisions à TF1, cela aurait plus de sens », souligne un autre interlocuteur. Besoin d’informations complémentaires ? 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