Virginie Maire (Sybel) : “Notre application compte 20 000 abonnés deux mois après le lancement de l’offre payante”

Sybel a déployé son offre payante environ un an après son lancement, alors que d’autres acteurs ont récemment abandonné ou fait pivoter ce modèle. Quelle est votre stratégie pour parvenir à l’imposer ? 

À partir du mois de juin dernier, nous avons commencé de manière progressive à installer un paywall, d’abord pour les utilisateurs de longue date, plus tard pour les nouveaux utilisateurs. L’offre payante, à 3,99 euros par mois ou 39,99 euros par an, est intervenue environ un an après le lancement de l’application Sybel, mais le service a toujours été présenté comme une offre premium accessible gratuitement à ses débuts.

Il fallait en effet du temps pour expliquer le positionnement, présenter les nouveaux types de contenus, éduquer le marché au payant, en bref installer l’usage de Sybel avant de demander à payer pour. Le confinement ayant par ailleurs généré un accroissement important de l’audience des podcasts, le calendrier n’a pratiquement pas été repoussé. 

Quels sont les premiers chiffres de souscription à l’offre payante ? Quelles sont les ambitions à son sujet ?

Au bout de deux mois de mise en place, nous dénombrons 20 000 abonnés payants. Nous avions déjà plus d’un million d’utilisateurs gratuits de l’application depuis fin 2019-début 2020, nous considérons que nous avons un bon taux de transformation. Le service fait l’objet d’un peu de communication en ligne, mais 60 % de notre trafic est organique. Bien sûr, une période d’essai gratuite est disponible pour tester les contenus avant de s’abonner. Nous avons fixé notre équilibre à 150 000 abonnés, un palier à atteindre d’ici l’été 2021. 

Quelles étaient les sources de revenus avant le lancement de l’offre payante ?

Avant le déploiement de l’offre payante, la monétisation publicitaire n’ayant jamais été envisagée comme modèle économique, Sybel finançait son activité grâce aux fonds levés jusqu’ici. À savoir : un investissement de 5 millions d’euros début 2019 par la société de capital-risque Mangrove Capital Partners et de plusieurs business angels (dont l’entrepreneur Thibaud Elzière qui a fondé Fotolia et Mailjet notamment, et le producteur Matthieu Vialia), ainsi que des fonds octroyés par Amazon, Sybel ayant intégré en juin son programme d’accélération de huit semaines Alexa Next Stage qui accompagne et finance le développement d’applications vocales (Amazon prendrait une part au capital par le biais de son fonds d’investissement en capital-risque Alexa Fund doté de 200 millions de dollars, nldr).

Une nouvelle levée de fonds en série A est prévue pour l’an prochain. Pour l’instant, nous n’avons pas besoin de fonds supplémentaires, car nos dépenses marketing sont rentables.

Quelle est l’activité de Sybel sur les assistants vocaux ?

Le service est présent sur les assistants vocaux des enceintes connectées, dont Alexa d’Amazon, depuis février dernier. Pour utiliser Sybel sur une enceinte connectée, il faut au préalable être abonné au service pour accéder au catalogue par commande vocale. Toute la difficulté de ce type de support réside dans la capacité à faire découvrir des contenus par la voix, nous travaillons donc sur des recommandations par univers ou par âge par exemple. Notre équipe technique, qui représente environ un tiers des 25 employés de Sybel, s’est formée au développement d’applications vocales, en collaboration avec Amazon.  

Vous avez annoncé en septembre la distribution de Sybel au sein des offres mobiles de SFR. Quel est le sens de ce partenariat ?

Cela a toujours été dans la stratégie de Sybel de s’associer à des partenaires stratégiques à forte “audience”, comme les opérateurs télécoms, pour élargir sa base d’utilisateurs. SFR compte 14,4 millions d’abonnés mobiles en France, et propose donc une offre réduite à 2 euros par mois pendant un an à Sybel. Ce type de partenariat envoie par ailleurs un message fort sur l’essor du format audio et la démocratisation des ses usages.

Il est cependant trop tôt pour en tirer un premier bilan et nous ne communiquons pas d’ambitions chiffrées. Sybel initie par ailleurs des accords avec des acteurs qui possèdent une audience large pour enrichir leur offre de contenu, à l’instar du jeu concours sur maRATP et qui permet de gagner trois mois d’abonnement à Sybel. 

Quels sont les autres projets stratégiques de Sybel ? 

Le développement à l’international du service est également un sujet prioritaire. Début septembre, nous avons déjà lancé l’application en Espagne avec des contenus hispanophones, car la langue espagnole nous ouvre un bassin d’audience conséquent, en Europe et en dehors. Au commencement, les contenus sont principalement issus du doublage de contenus existants, et nous travaillerons ensuite sur l’acquisition de programmes locaux. 

Le lancement dans les pays anglophones et de contenus anglophones arrivera dans un second temps, avec notamment le financement de la prochaine levée de fonds en séries A, le marché américain étant beaucoup plus important.