Comment innover en situation de crise ? 

Les mesures de confinement ordonnées dans le cadre de la crise sanitaire affectent directement la vie des entreprises et l’économie au sens large. S’il est appelé à contribuer à l’effort national, le secteur de l’assurance n’y déroge pas, ni les start-up qui l’aident à réaliser sa transition numérique. C’est pourquoi Zelros, fournisseur de solutions d’intelligence artificielle, a imaginé un dispositif pour continuer d’accompagner le changement, même en situation de confinement. Avec une logique que répète son cofondateur et directeur général Christophe Bourguignat : “en sortie de crise, la prime ira à celui qui a continué d’innover”. 

Adaptation technique

Il a d’abord fallu s’adapter en interne. “Chez nous, le télétravail n’était pas encore institutionnalisé, explique Christophe Bourguignat, Nous pensions devoir attendre d’être un peu plus gros encore, pour nous y mettre de façon régulière”. À l’heure actuelle, l’entreprise compte 50 salariés, “ce qui nous permet de faire encore beaucoup de choses irl”. Avec le confinement, les rituels ont évolué plus vite que prévu. “La réunion debout que nous avons l’habitude de réaliser chaque matin s’est transformée en visio-conférence”, relate le CEO. Zelros a aussi développé des points de communication des chefs vers leur équipe, deux fois par semaine. “Nous sommes très vigilants car, au-delà du besoin de travailler à distance, il nous faut surveiller le bon moral de chacun. L’état d’esprit des troupes, c’est vital pour une start-up.” 

Du côté de la clientèle, Zelros travaille avec des grands comptes de la banque et de l’assurance, pour lesquels “cette crise a représenté un vrai choc d’organisation”, selon Christophe Bourguignat. L’enjeu, pour un prestataire et apporteur de solution comme Zelros, est donc multiple : il faut maintenir le contact, aussi bien avec les prospects qu’avec les clients, “ce qui implique de les convaincre que la vie continue et leurs projets aussi”. Il faut aussi adapter les méthodes de travail aux nouvelles contraintes de confinement. Zelros s’est tourné vers plusieurs outils qui lui permettent de continuer efficacement dans sa gestion de projets : Microsoft Teams pour les visioconférence et le chat, Mural pour le brainstorming. “Habituellement, on fait ça sous forme de workshops, dans une salle de réunion, avec des tableaux et des post-its, précise Christophe Bourguignat. L’intérêt de Mural c’est sa grande adaptabilité aux besoins de l’utilisateur, et le fait qu’il permette, justement, de déplacer des post-its sur des boards. Le logiciel offre une solution pour permettre à la partie idéation d’être réalisée même à distance.” 

Pour sécuriser les échanges de données, Zelros recommande l’utilisation de Cryptobox, qui sécurise le travail collaboratif en chiffrant les fichiers et les échanges. Pour la gestion de projet proprement dite et le suivi des tâches à distance, Zelros s’appuie sur Jira, un logiciel bien connu des développeurs. “Nous utilisons des outils qui ont pignon sur rue, souligne Christophe Bourguignat. Combinés et accompagnés de notre méthodologie, nous leur avons donné cet usage spécifique de la conduite de projets innovants même en période de crise.”

Priorité à l’innovation entreprise

Dans les faits, le directeur général de Zelros constate que les équipes embarquées dans les projets d’innovation chez les clients s’emparent assez facilement de ces nouveaux outils. Le plus gros défi, rapporte-t-il, consiste surtout à les faire basculer de la solution de facilité, qui consiste à se dire qu’ils reprendront leurs projets après la crise, vers la vision selon laquelle la période représente une opportunité de modifier les manières de travailler. Les équipes de la start-up expliquent donc que “ceux qui ressortiront les plus forts de la crise sont ceux qui auront parié sur l’innovation, y compris ces jours-ci, pas ceux qui se seront recroquevillés” le temps que l’orage passe. 

Christophe Bourguignat a malgré tout constaté un ralentissement de certaines activités : “tout ce qui touche à l’innovation dans l’assurance individuelle, la gestion des sinistres automobile ou des sinistres habitation”. Certains clients “repoussent directement les projets concernés au mois de juin”. En période de crise, les transformations qui priment, pour les assureurs, “ce sont celles qui touchent à l’assurance des professionnels. Les progrès permis par notre logiciel de distribution de produits aux entreprises sont d’ailleurs très clairement devenus une priorité”. Zelros aide les conseillers bancaires de La Banque Postale à se perfectionner sur leurs vente d’assurance, et accompagne un autre client, dont le projet devait être lancé fin mars et qui a “seulement” été décalé de quelques jours pour démarrer début avril. La start-up intervient aussi sur un cas d’usage lié à la souscription automobile chez AssurOne. 

En définitive, l’activité a peut-être un peu ralenti, mais Zelros ne s’inquiète pas tellement. “Nous sommes persuadés que cette crise va permettre d’avancer très rapidement en termes d’adoption du cloud, de technologies intelligentes” explique Christophe Bourguignat. La crise du coronavirus “va servir d’électrochoc, surtout pour ces clients qui auront dû s’adapter de force”.