Accueil > Investissement > Thibaud de Maintenant (LiquidShare) : “Nous entrons en production avec un premier émetteur au mois de juin” Thibaud de Maintenant (LiquidShare) : “Nous entrons en production avec un premier émetteur au mois de juin” 18 mois après la présentation des résultats de sa première phase pilote, le directeur de l’initiative de place LiquidShare revient auprès de mind Fintech sur les évolutions de son registre distribué pour le post-marché des PME européennes. Par . Publié le 03 juin 2020 à 11h50 - Mis à jour le 28 janvier 2025 à 15h54 Ressources Vous développez une plateforme de registre distribué qui vise à numériser et à accélérer les processus permettant aux petites entreprises d’accéder au marché des capitaux. Où en est votre projet ? Nous suivons notre feuille de route initiale. Nous avons réalisé une centaine d’ateliers avec les différents acteurs de l’écosystème : émetteurs, investisseurs, opérateurs boursiers, dépositaires, courtiers, etc. Nous avons achevé notre deuxième pilote et nous serons en production au mois de juin avec un premier émetteur. Ce dernier est détenu par soixante-dix investisseurs, essentiellement de type privé / business angel – ce qui n’empêche pas que notre plateforme soit aussi faite pour les investisseurs institutionnels. Quels sont les bénéfices attendus du lancement de cette plateforme ? Ils sont triples : – Pour les émetteurs, il s’agit de se rapprocher de leurs investisseurs et d’avoir une transparence actionnariale, en particulier sur le marché du côté. Du point de vue du non coté, la plateforme permet aussi de faciliter les processus puisqu’on y numérise les preuves de propriété des actions. – Telle qu’elle existe actuellement, l’architecture de marché est rendue complexe par un empilement d’acteurs. Cela empêche l’émetteur d’avoir une bonne visibilité sur la répartition de ses actions puisque ces intermédiaires passent leur temps à faire des réconciliations entre les différents enregistrements informatiques qu’ils possèdent. Pour le volet des titres cotés en Bourse, que nous lancerons un peu plus tard, les émetteurs ont rarement le moyen de s’offrir une photo à un instant T de tous leurs investisseurs. Une plateforme comme LiquidShare simplifiera cela en apportant une transparence actionnariale structurelle à son fonctionnement. – Enfin nous apportons un moyen d’effectuer des levées de fonds “démocratiques”. Dans le monde du non coté, que nous visons en premier, seuls les fonds de capital-risque ont accès aux sociétés de croissance. En numérisant les processus, nous créons des parcours simplifiés, ce qui permettra d’élargir l’accès à ces opérations, y compris auprès des particuliers. En février 2019, vous planifiez une deuxième phase de test pour le courant de l’année, puis un lancement de la phase commerciale fin 2019. Votre calendrier a donc évolué ? Oui. Notre second pilote s’est terminé en janvier 2020, un peu plus d’un an après le précédent. Il nous a permis de démontrer la puissance métier de notre plateforme à tous les acteurs de l’écosystème post-marché, émetteurs comme investisseurs, et même à leur présenter des capacités en avance de phase (des opérations que la réglementation ne permet pas encore à un acteur comme LiquidShare de réaliser, ndlr). Quels types d’opérations leur avez-vous fait tester ? Des acteurs institutionnels ont par exemple simulé un investissement sur titre tokenisé non listé. Nous leur avons donné des droits d’accès qui permettaient à leurs commissaires aux comptes d’accéder directement à la plateforme LiquidShare, et donc au certificat d’enregistrement du titre sur la blockchain. C’est une réelle avancée car actuellement, dans l’industrie du capital-investissement, le processus selon lequel le commissaire au compte doit démontrer qu’il est bien propriétaire de ses actions nécessite beaucoup de temps et de papier. Quelles étaient les avancées par rapport au pilote de fin 2018 ? Le premier pilote servait surtout à démontrer des bénéfices informatiques : les processus du non coté ont été numérisés, ce qui permet d’aller plus vite et d’éviter les réconciliations que nous évoquions tout à l’heure. Cette fois-ci, ce que nous avons voulu ajouter, ce sont les bénéfices légaux d’un tel outil. En reconnaissant les DLT en tant que plateforme, et en leur permettant d’enregistrer propriété et transferts de titres, la loi DEEP [DEEP pour dispositif d’enregistrement électronique partagé. Aussi appelé “décret blockchain”, pris le 24 décembre 2018, ndlr] permet à des sociétés d’enregistrer leurs actionnaires directement sur la blockchain. La force de cet outil législatif, c’est qu’il permet de montrer facilement et rapidement les détenteurs du capital d’une société, alors qu’actuellement tout se fait sur tableur Excel voire sur papier, et de partager cette information avec les personnes autorisées (commissaires aux comptes ou dépositaires de fonds d’investissement, par exemple). Notre deuxième phase de test a permis de démontrer cela, de passer d’une action non cotée à une autre, cotée, de faire interagir différents investisseurs, d’expérimenter différentes manières d’investir en primaire et en secondaire, etc. Quelle technologies avez-vous retenues pour soutenir votre plateforme ? Stéphanie Lheureux, directrice des opérations : Nous travaillons sur une blockchain privée permissionnée. Nous avons choisi le réseau Ethereum et un client open source qui permet d’utiliser son système de “preuve d’autorité” à finalité immédiate, ce qui n’est pas possible avec le consensus plus connu de type “preuve de travail” (Proof of Work, PoW) . Cela nous permet de proposer un règlement-livraison réalisé en temps réel. Mais en réalité, nous sommes complètement agnostiques en matière de technologie : nous revoyons fréquemment les différentes blockchains et nous garantissons que l’on puisse basculer aisément de l’une à l’autre. Vous travaillez aussi sur la numérisation de l’euro… Oui. Nous voulons que des titres d’entreprises soient représentés sur la blockchain, mais nous souhaitons que l’euro y soit aussi. Cela permettra de sécuriser l’échange entre la partie investisseur et la partie cash. À compter de sa mise en production, la plateforme s’enrichira d’abord avec les titres d’entreprises, puis viendra la partie euro (nous travaillons en partenariat avec Bpifrance, avec qui nous étudions l’émission d’un stable coin euro). Avez-vous répondu à l’appel à projet de la Banque de France sur le sujet ? Ce que je peux vous dire, c’est qu’en participant à l’expérimentation de digitalisation de la monnaie banque centrale, notre but est de démontrer les bénéfices des nouvelles générations de plateformes de marchés de capitaux comme LiquidShare, et de participer à la création d’un standard européen d’échange sur la blockchain. En fait, nous réfléchissons dans le même sens que l’AMF lorsqu’elle milite pour créer une sandbox européenne : un tel outil permettrait d’expérimenter sur la possibilité d’effectuer des règlements-livraison sur des titres côtés peu liquides au sein d’une DEEP, car pour l’instant, cela n’est pas reconnu au niveau européen. Nous cherchons à être pionniers en termes de livraison de titres enregistrés sur une blockchain contre un paiement en monnaie digitale de banque centrale, à l’échelle européenne. blockchainDLTpost-marchéstablecoin Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Entretien Bilal el Alamy (Equisafe) : "Nous avons choisi Tezos pour sa communauté, sa sécurité, sa scalabilité et son évolutivité" Quelles perspectives pour les stablecoins ? La Banque de France retiendra au maximum dix dossiers pour son expérimentation sur la MDBC