La solution d’épargne Piggou change de mains et refond son offre

L’application Piggou, qui proposait à ses utilisateurs de mettre de côté en arrondissant à l’euro supérieur ses achats par carte bancaire, est en pleine refonte. La start-up, incubée à Nancy par Pole Capital, qui possède 30% de son capital, a changé de mains en septembre 2017. Nagib Beydoun, entrepreneur et business angel, et David Dzialowski (CEO de Pyco Group, cabinet de consulting sur la transformation digitale) ont racheté les parts du fondateur et CEO Ludovic Scottez (70% du capital de Piggou, pour un montant non précisé). Ils ont ensuite bouclé un financement complémentaire de 600 000 euros, avec la participation de Pole Capital. La répartition du capital est restée inchangée. Depuis, Nagib Beydoun a pris les rênes de la société et travaille à une profonde refonte de l’offre. De là est né le service Yeeld, actuellement en test.

Outil d’épargne optimale

Comme sur Piggou, les utilisateurs seront invités à créer des projets avec un horizon et un objectif d’épargne (par exemple, un an pour mettre de côté 300 euros pour un week-end à Londres). Mais, première nouveauté : en plus de la solution d’arrondi, qui ne permet en moyenne de mettre de côté qu’une trentaine d’euros par mois puisqu’elle ne déclenche qu’un arrondi à l’euro près sur les transactions cartes, Yeeld proposera un outil appelé “épargne optimale”.

Grâce à un algorithme analysant les données bancaires (recueillies via un partenariat avec Budget Insight), Yeeld proposera chaque semaine un montant à épargner. L’utilisateur pourra choisir de laisser Yeeld épargner automatiquement et utiliser une seule des deux solutions d’épargne ou les deux. “Jusqu’ici, la solution d’arrondi ne convenait pas aux clients ayant une plus grande capacité d’épargne et à leurs projets”, reconnaît Nagib Beydoun.

Effectuer un virement depuis son compte Yeeld sur son compte bancaire sera désormais gratuit (contre 3,9% de commission dans l’offre de Piggou). Mais la start-up compte bien inciter les utilisateurs à dépenser directement depuis leur compte de paiement Yeeld. Le service proposera à ses clients une carte bancaire Mastercard virtuelle gratuite pour payer en ligne et une carte physique payante s’ils souhaitent aussi faire des retraits en DAB ou payer en magasin. Pour en être capable, Yeeld fait appel à Treezor, et lui confie donc toute sa partie monétique, auparavant prise en charge par Mangopay.

Les cartes disposeront d’un “plafond dynamique”. “Elles permettront de dépenser sans impacter les projets, décrit le CEO. L’argent alloué aux projets sera cantonné dans un compte séparé et le plafond ne permet de dépenser que ce qui est disponible. Nous accompagnerons les utilisateurs dans la constitution de leur épargne et dans la réalisation de leurs projets.”

Cashback : jusqu’à 10% chez les partenaires

Surtout, une offre de cashback sera appliquée à toutes les dépenses avec ces cartes : 0,1% quel que soit le commerçant et jusqu’à 10% s’il s’agit d’un partenaire de Yeeld. La start-up a déjà signé avec Amazon et a noué un partenariat avec une société spécialisée qui lui permet de travailler avec Easyjet, Hotels.com, la Fnac, Darty ou encore Voyages-SNCF. “Les commerçants partenaires verseront le cashback au client ainsi qu’une commission à notre société”, décrit Nagib Beydoun.

La carte physique, disponible en pré-commande, est facturée 9,90 euros à l’achat puis 6,90 euros par mois. “Elle sera gratuite pendant un an pour les pré-commandes et, sur cette période, nous rétrocéderons tout le cashback, même notre commission”, commente le CEO. Yeeld offre aussi deux mois supplémentaires de gratuité en cas de parrainage. “Facturer la carte physique est un moyen d’amortir des coûts fixes mais cela ne nous permet pas d’envisager la rentabilité à terme, estime le CEO. Notre business model repose avant tout sur les commissions prélevées aux commerçants.”

Yeeld se voit comme “complémentaire des banques et néo-banques”. Avec cette nouvelle offre, qui nécessitera de gros volumes pour atteindre la rentabilité, Nagib Beydoun règle en tout cas le principal problème rencontré par Piggou depuis sa création. L’utilisateur devait jusqu’ici obligatoirement payer la commission de 3,9% sur son épargne pour virer la somme sur son compte bancaire et la dépenser. Difficile dans ce cas de lutter contre BirdyCent, qui propose une alternative gratuite et veut se rémunérer en parallèle en BtoB, en intégrant sa technologie chez des partenaires (Lire : “les solutions d’épargne des arrondis créent leurs modèles économiques”, du 7 juillet 2017).

Objectif : une dizaine de milliers d’utilisateurs la première année

Créé en 2015, le service Piggou comptait 3 500 utilisateurs lors du rachat en septembre 2017. L’application Yeeld sera mise en ligne à la fin du premier trimestre 2018 et “nous livrerons les cartes en pré-commande à partir de là”, annonce Nagib Beydoun. Les utilisateurs Piggou seront alors invités à basculer sur Yeeld. Le CEO vise “une dizaine de milliers d’utilisateurs la première année pour valider le modèle”.Yeeld compte une quinzaine de collaborateurs. “Nous serons 20 à 25 d’ici fin 2018”, indique Nagib Beydoun. Il prévoit un financement en love money de 1 à 1,5 million d’euros en début d’année prochaine pour financer le développement de la société.