Comment Allianz France a accéléré près d’une soixantaine de start-up depuis six ans

Né début 2015 au cœur du stade Allianz Riviera de Nice, l’accélérateur Allianz se démarque par sa longévité. En l’espace de plus de six ans, 58 start-up sont passées sur les bancs du programme qui est le seul dispositif d’accélération du groupe Allianz à travers le monde. Chaque année, deux promotions – un “summer batch” et un “winter batch” – accueillent sur une période de 5 mois environ 5 start-up qui proposent un produit ou un service innovant en lien avec l’évolution de l’assurance. De nombreuses thématiques ont été couvertes : big data, cybersécurité, mobilité du futur, crypto-actifs, e-santé, deep tech, robotique, impact social, etc. L’objectif principal consiste à aider des sociétés qui disposent déjà d’un product market fit ou ont réalisé une première levée de fonds à changer d’échelle en les accompagnant sur différents sujets : structuration du business model et de la stratégie, financement, développement international… 

Entièrement financé par Allianz, ce dispositif n’implique aucune prise de participation. Outre un espace de travail de 500 mètres carrés, l’assureur apporte des ressources externes au travers de mentorat, coaching, etc. Avec au bout du compte l’idée de nourrir aussi sa propre stratégie. “En amont de l’accélération, nous travaillons avec les entités métiers et les écosystèmes d’Allianz France [Ma mobilité, Mon avenir, Ma vie quotidienne, Ma santé, Mon entreprise, Mon activité, ndlr] pour identifier leurs priorités stratégiques à court terme. Le programme permet d’accompagner la transformation d’Allianz France”, souligne Sylvain Theveniaud, fondateur et directeur exécutif de l’accélérateur Allianz. 

Une dizaine de déploiements

Les interactions sont favorisées entre les équipes des start-up et les collaborateurs d’Allianz. Des projets menés en collaboration avec les équipes métiers sont déclenchés le plus rapidement possible après le démarrage du programme. Les start-up rencontrent également le comité exécutif d’Allianz pour présenter leur solution. “Nous avons développé une quarantaine de projets avec Allianz, dont des PoC et une dizaine de déploiements. Des solutions de digitalisation ont été passées en production, comme l’offre InMemori [membre du winter batch 2016, ndlr] qui permet d’apporter un complément digital à la garantie obsèques d’Allianz [il s’agit d’une plateforme numérique d’accompagnement au deuil, ndlr]”, indique Sylvain Theveniaud.

Autres exemples : Cosmo Connected, membre du winter batch 2018, collabore avec Allianz Assistance depuis fin 2019. La plateforme d’assistance effectue une levée de doute en cas de chute détectée par le casque moto connecté. Un partenariat a par ailleurs été conclu entre Allianz et HD Rain (summer batch 2019) pour déployer dans les Alpes-Maritimes des capteurs permettant de mesurer et anticiper la pluie jusqu’à 2 heures en avance avec une précision de 500 mètres toutes les minutes.

Co-accélération

Le dispositif s’est également enrichi d’une dimension de co-accélération. Elle “consiste à faire intervenir un autre corporate sur un segment vertical qui présente un intérêt pour les start-up accélérées afin d’apporter de la valeur ajoutée supplémentaire”, explique Sylvain Theveniaud. Deux partenaires ont collaboré à ce jour. D’abord Voyages SNCF en 2016, devenu depuis OUI.sncf, pour une coopération autour de l’e-travel puis de la mobility-as-a-service. Et ensuite Toyota Tsusho Europe (avec Ebikelabs et Cosmo Connected) et Toyota Motor Europe pour un axe dédié aux nouvelles mobilités.

Au fil des années, quelques fleurons de la scène tech française sont passés par l’accélérateur Allianz. C’est notamment le cas de Ledger (winter batch 2016), spécialiste de la sécurisation des crypto-actifs qui a accédé au rang de licorne courant 2021, et dont le passage par l’accélérateur lui a été bénéfique pour son développement en Asie. La deuxième promotion (winter batch 2015) a pour sa part compté DreamQuark, un développeur de logiciels exploitant des technologies d’intelligence artificielle éthique, qui s’est repositionné depuis 2020 sur le segment des conseillers en gestion de patrimoine. Des alumni ont en effet pivoté, à l’image également de Lucie Labs, qui a abandonné ses bracelets lumineux et connectés pour se concentrer sur l’accompagnement de marques du textile, du luxe et de l’automobile dans la transformation de leurs produits en objets connectés. 

D’autres ont disparu, comme la plateforme de crowdlending Finsquare (winter batch 2015) qui a été rachetée par Lendix (devenu October) en 2016. “Grâce à un mix entre qualité du sourcing et de l’accompagnement, le taux de survie des start-up accélérées à 6 ans depuis le lancement du dispositif atteint 96 %. C’est nettement supérieur au marché”, se félicite Sylvain Theveniaud, qui ajoute que “l’un des éléments déterminants dans la réussite d’un projet reste la qualité de l’équipe”.

Les 58 start-up accélérées ont levé au total 600 millions d’euros (dont plus de 400 millions pour Ledger), se valorisent à plus de 2 milliards d’euros (dont 1,3 milliard pour Ledger) et affichent un chiffre d’affaires cumulé de 200 millions d’euros. Autre indicateur mis en avant : la représentation féminine. “48 % des startups passées par l’accélérateur comptent des femmes dans leurs équipes dirigeantes. C’est un mouvement que nous poussons, notamment au travers de notre rôle à l’initiative de la création de la charte Sista pour les accélérateurs”, note Sylvain Theveniaud.

Après une fréquence quelque peu ralentie durant la crise du Covid, cinq nouvelles start-up ont intégré l’accélérateur il y a quelques jours pour une nouvelle promotion. Il s’agit d’AirTech (ex-Bumpair), qui propose un casque de vélo gonflable, d’Hiitch, qui simplifie la déclaration d’incident grâce à des autocollants intelligents, de Joinly, une solution de gestion digitale pour les associations, de Revolve, qui propose un fauteuil roulant actif pliable aux dimensions d’un bagage cabine, et de Wattpark, qui développe un réseau de bornes de recharge électrique monétisables.