Accueil > Investissement > Structures d'investissement > Marcus Laube (European Fintech Alliance) : “une représentation européenne forte des fintech est aujourd’hui nécessaire” Marcus Laube (European Fintech Alliance) : “une représentation européenne forte des fintech est aujourd’hui nécessaire” Après la consultation lancée par la Commission européenne de mars à juin 2017 pour mieux appréhender le secteur des fintechs, l’Autorité bancaire européenne appelle désormais de ses voeux une harmonisation des règles pour les fintech. Marcus Laube, président de l’European Fintech Alliance et dirigeant de la société crossinx, est lui aussi favorable à une régulation européenne homogène et souhaite pour cela que les fintech se rassemblent pour défendre leurs intérêts à Bruxelles. Par . Publié le 18 septembre 2017 à 9h00 - Mis à jour le 28 janvier 2025 à 16h02 Ressources Pour quelles raisons l’EFA (European Fintech Alliance) a-t-elle été créée ? L’association a été créée en Allemagne il y a un an. Certes, il existe des fédérations pour les banques ou les assureurs, et l’idée avait été évoquée d’y intégrer les fintech. Mais celles-ci ont leurs problématiques et leurs propres intérêts à défendre, ce qui pouvait difficilement être pris en compte par les autres fédérations. Au sein de l’EFA, nous n’avons pas précisément défini quels types d’entreprises méritaient ou non l’appellation de fintech. Il s’agit de représenter les entreprises qui travaillent avec les nouvelles technologies dans le secteur financier. L’EFA rassemble donc aussi bien des fintech, des regtech ou des insurtech. Nous comptons un peu plus de 20 adhérents, issus de 7 pays différents. Nous sommes une jeune fédération : nous sommes donc encore dans une phase de croissance et nous essayons d’attirer de plus en plus de membres. Quels sont les sujets que vous surveillez particulièrement ? En ce moment, le sujet le plus important concerne la directive DSP2 [directive européenne sur les services de paiements, ndlr]. Dans le cadre de l’EFA, des groupes de travail se réunissent en fonction de l’actualité. Pour DSP2, l’un d’eux a ainsi travaillé sur un “position paper” à l’attention des parlementaires européens. Nous regardons aussi avec attention tous les autres sujets traités à Bruxelles qui sont en lien avec nos activités. L’idée de fonder l’EFA est d’ailleurs venue de deux conseillers auparavant engagés sur d’autres thèmes à Bruxelles, qui ont remarqué que les sujets concernant les fintech émergeaient de plus en plus, alors que les entreprises de ce secteur n’avaient aucun lobby pour les représenter. Il était en outre d’autant plus nécessaire de créer l’EFA que les start-up n’ont ni les moyens humains ni financiers d’organiser une stratégie de “compliance”. En Allemagne, comment sont représentés les intérêts des fintech ? Il y a une ou deux associations de fintech en Allemagne, par exemple Fintech for Europe, avec qui nous sommes actuellement en discussion. Et nous essayons d’échanger avec celles d’autres pays, pour créer à terme une représentation européenne forte, de manière à ce que les parlementaires européens puissent identifier facilement un interlocuteur principal. La période actuelle y est propice, car ces derniers s’intéressent aux activités des fintech et sont très ouverts pour essayer d’appréhender leurs problématiques. Et qu’en est-il de la régulation des fintech outre-Rhin ? Pour l’instant, tout ce qui concerne la régulation se passe au niveau européen. Nous avons des échanges réguliers avec les experts de la BaFin [autorité allemande des marchés financiers, ndlr] à ce sujet, mais rien de concret n’émerge s’agissant d’une régulation spécifique pour les fintech, même si les banques l’appellent de leurs vœux. Nous n’allons donc pas faire de forcing pour obtenir une régulation particulière à l’échelon national ! Quel type de régulation défendez-vous ? Avant toute chose, nous avons besoin d’une régulation homogène et cohérente en Europe pour pouvoir jouer dans la même cour que les Etats-Unis ou certains pays d’Asie. En Europe, différentes réglementations s’appliquent aux fintech selon leur spécificité ou leur pays d’origine, ce qui freine forcément leur agilité et la compréhension du marché. Après, peu importe le degré de régulation : qu’elle soit forte ou faible me semble presque moins important que son existence elle-même. Ce qui est également important, c’est que cette future régulation soit technologiquement neutre, c’est-à-dire qu’elle ne traite pas de chaque technologie séparément, comme cela peut être le cas dans la directive DSP2, mais qu’elle soit plutôt conçue avec une vision globale. Les banques et les compagnies d’assurance sont-elles toujours des concurrentes des fintech ? Evidemment, la concurrence existe, mais les situations de coopération sont de plus en plus fréquentes. Au début, la méfiance était de mise des deux côtés. La situation a déjà un peu évolué, parce que chacune des parties y voit son intérêt. Par exemple, les banques ont perdu la confiance de leurs clients et certains d’entre eux sont mêmes partis et ont changé d’établissement. Les fintech ont quant à elles de nouvelles idées et des moyens technologiques réactifs. Au final, les deux secteurs sont complémentaires et chacun profite des atouts de l’autre. Cependant, beaucoup de fintech préfèrent encore se passer des banques. De fait, une barrière psychologique précède encore tout travail main dans la main avec les banques, car ce sont deux mondes très différents. Comment les deux parties pourraient-elles alors travailler plus efficacement ensemble ? Il serait par exemple utile de créer une plateforme de communication, sur laquelle des informations de haut niveau pourraient être échangées sur certains sujets. En effet, la plupart du temps, les sujets sont débattus séparément au sein de chaque fédération. Une telle plateforme nous permettrait à tous d’être plus efficaces et constructifs en mettant en commun des idées sur des sujets de place comme la régulation, mais aussi sur des sujets plus pratiques. De quelle manière les fintech bousculent-elles les acteurs traditionnels ? Les fintech attaquent les banques à la fois sur leurs produits et sur leurs process. Elles ont la capacité d’être plus attractives pour les clients, ce qui n’est pas souvent le cas des banques, qui sont parfois bloquées par des impératifs de régulation ou des problèmes techniques. Du coup, même si les banques s’intéressent à tout ce qui peut faciliter la vie des clients, elles ont néanmoins peur de rater le train à un moment ou à un autre… Comment les fintech peuvent-elles rester indépendantes des banques ? C’est la grande question… Les fintech qui veulent durer doivent faire attention à ne pas seulement créer de belles applis ; elles doivent aussi s’attacher à construire un business model performant. Car les banques savent désormais réaliser des applis séduisantes. Il faut donc que les fintech s’appliquent à apporter de la valeur ajoutée à leurs solutions et faire en sorte que leurs produits ne soient pas faciles à imiter. Dans quelle mesure les banques allemandes investissent-elles dans les fintech ? En Allemagne, nous observons beaucoup de création d’« Innovation Labs » par les banques, qui approchent ensuite des fintech pour les aider à réaliser leur projet. Mais les banques allemandes sont très prudentes et le fait que des fintech soient rachetées par des banques ou des assureurs est encore rare outre-Rhin. Il s’agit davantage d’accords de coopération. Que manque-t-il aujourd’hui aux fintech européennes pour qu’elles soient plus compétitives ? C’est l’accès au capital qui joue un rôle primordial : il est par exemple nettement plus simple d’avoir accès aux marchés financiers aux Etats-Unis. Et il existe ainsi d’énormes différences de valorisation entre les fintech américaines et européennes. Mais au final, cette question est également liée à une problématique de régulation. lobbyrégulation Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind