Accueil > Investissement > Cryptoactifs > Jeremy Allaire (Circle) : “nous commercialiserons des produits d’investissement liés aux actifs numériques” Jeremy Allaire (Circle) : “nous commercialiserons des produits d’investissement liés aux actifs numériques” L’application de paiement social entre particuliers qui a levé 140 millions de dollars et géré un milliard de dollars de transactions en 2016 détaille enfin son business model. Circle se monétise grâce à son activité de trading tesk et, à terme, lancera des produits de crédit et d’investissement liés aux actifs numériques pour les particuliers, explique à mind Fintech son CEO Jeremy Allaire. Par Aude Fredouelle. Publié le 15 juin 2017 à 10h07 - Mis à jour le 28 janvier 2025 à 16h02 Ressources Vous annoncez la gratuité des transferts internationaux sur votre application de paiement P2P. Pouvez-vous nous en dire plus ? Désormais, les utilisateurs de l’application Circle pourront faire des paiements multidevises gratuits à l’international (en Europe, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis). Tous les paiements entre particuliers, qu’ils soient domestiques ou internationaux, seront donc désormais gratuits sur l’application. Jusqu’ici, nous prélevions une marge sur le taux de change à l’international. Un Américain pourra désormais envoyer des dollars à un Anglais, qui les recevra en livres sur son compte Circle et pourra les transférer sans frais sur son compte anglais. Jusqu’ici, quelle était la part des paiements internationaux sur Circle ? En 2016, nous avons géré plus d’un milliard de dollars de transactions, principalement aux Etats-Unis. Mais la part de paiements internationaux est très faible. Nous allons relancer le produit, en quelque sorte, et mettre en avant la gratuité des paiements internationaux. Où en êtes-vous de votre développement international et allez-vous lancer Circle en France ? Nous avons lancé l’application aux Etats-Unis il y a vingt mois, au Royaume-Uni il y a un peu plus d’un an, puis en Espagne et en Irlande fin 2016. L’application est aussi disponible en bêta dans quinze pays européens depuis janvier, dont la France et l’Allemagne. La France sera le premier pays à passer en public, très prochainement. Nous comptons 140 collaborateurs dans le monde, dont 40 en Europe (la moitié à Dublin, la moitié à Londres).De mai 2016 à mai 2017, notre base d’utilisateurs a augmenté de 1000% dans le monde [Jeremy Allaire n’indique cependant pas le nombre d’utilisateurs de la start-up, ndlr]. Et en Europe, depuis janvier, le volume de paiements a augmenté de 500%. Au Royaume-Uni, notre croissance en termes de volume atteint même les 50% par mois depuis janvier. En France, le paiement P2P est encore très peu développé. envisagez-vous d’ajouter une fonction de paiement en magasin pour populariser l’application ? Nous ne proposerons jamais de solution en BtoB à des commerçants. Par contre, ça ne veut pas dire que les clients de Circle ne pourront jamais payer en magasin grâce à l’application… En juin 2016, vous annonciez une expansion en Chine. Qu’en est-il aujourd’hui ? Nous avons une équipe de six personnes en Chine et nous avons levé des fonds auprès d’investisseurs mais nous n’y lancerons pas l’application car il y a trop de concurrence sur ce segment en BtoC. L’équipe travaille donc sur des partenariats pour lancer Circle sur le marché chinois… mais je ne peux pas en dire plus. Comment pouvez-vous transférer les fonds en temps réel d’un compte à un autre ? D’abord, parce que nous avons créé une activité de trading desk, en monnaie fiat et en monnaie digitale. Nous avons donc de l’argent disponible dans chaque monnaie et chaque pays. Ensuite, parce que nous faisons en quelque sorte du crédit très court terme grâce à notre technologie d’intelligence artificielle. Elle calcule le risque et prend automatiquement des décisions concernant les paiements et les clients. Par exemple, notre plateforme technologique va réclamer davantage d’informations à un utilisateur qui souhaite effectuer un paiement important. Elle analyse si la personne qui envoie de l’argent est solvable et si nous pouvons ou non avancer l’argent au destinataire. Vous avez cessé en décembre l’achat et la vente de bitcoins sur la plateforme, mais vous utilisez toujours la technologie blockchain pour régler les paiements. En décembre dernier, vous avez présenté Spark, une plateforme bâtie sur Ethereum et qui permet de gérer des transactions en utilisant différentes devises. Où en est le projet ? A nos débuts, nous avons commencé par travailler sur la Blockchain Bitcoin, mais il lui manquait énormément de fonctionnalités, donc nous avons dû construire des outils propriétaires apposés à la Blockchain Bitcoin : un outil de paiement, un système de change de devises, un système de KYC et de lutte contre le blanchiment… Il y a un an, nous avons commencé à travailler sur Ethereum et d’autres technologies de registre distribué. Nous nous sommes rendu compte que nous allions enfin pouvoir bâtir sur la Blockchain les outils que nous avions créés en interne il y a quatre ans pour les rendre plus sécurisés et plus transparents. Nous avons donc créé Spark en recréant sous forme de “smart contracts” les outils de paiement, de change, de KYC… Notre logiciel Spark peut être déployé sur Ethereum, soit sur la Blockchain publique ou bien sur des versions privées. Sur la plateforme, les transactions peuvent être réglées en utilisant le bitcoin, l’ether, ou même des versions digitales des monnaies fiat. C’est un système open-source qui pourra être utilisé par n’importe quelle institution financière. Notre vision, c’est que chacun pourra utiliser son système de wallet pour envoyer de l’argent partout gratuitement. Et cela, la technologie Spark le permet. Nous travaillons déjà avec plusieurs grandes fintech BtoC qui souhaitent le mettre en place. A terme, nous voudrions qu’un utilisateur de Paytm en Inde puisse envoyer de l’argent instantanément à un utilisateur de Circle aux Etats-Unis, par exemple, ou d’Alipay en Chine. Comment monétisez-vous le service ? D’abord, grâce à notre activité de trading desk que nous avons bâtie ces deux dernières années. Notre système de trading automatisé connaît une forte croissance. Par exemple, en mai, Circle a tradé directement plus de 800 millions de dollars d’actifs numériques (fiat, bitcoin, ethers, ripple…). Nous sommes désormais un acteur majeur du trading hors marché réglementé. C’est une source importante de revenus pour nous. À terme, nous souhaitons créer une deuxième source de revenus. Quand nous aurons atteint plusieurs millions de clients sur notre application gratuite et que nous disposerons d’une masse importante de données à leur sujet, alors nous pourrons offrir des produits de crédit et d’investissement. Notre technologie d’intelligence artificielle qui mesure le risque pourra être appliquée à des décisions d’octroi de crédit. Et pour ce qui est de l’investissement, nous voulons proposer des produits liés aux actifs numériques et non pas des produits traditionnels, puisque nous souhaitons capitaliser sur nos forces. Or, nous constatons que les investissements dans ce type d’actifs ne sont plus seulement recherchés par un petit cercle de “geeks”, mais aussi désormais par des investisseurs, family offices, gestionnaires de fortunes… C’est un indicateur que cette catégorie d’investissements deviendra bientôt grand public. Quand allez-vous lancer ces produits de crédit et d’investissement ? Nous n’avons pas encore de date de lancement arrêtée. Nous communiquons sur le sujet pour prouver que, même si notre application est gratuite, nous sommes une entreprise sérieuse et que nous avons des projets de monétisation. Vous disposez de la licence e-money dans l’UE et “money transmitter” aux Etats-Unis. Pour proposer des crédits et produits d’investissement, allez-vous demander une licence bancaire complète ou nouer des partenariats avec d’autres acteurs ? Cela dépendra des marchés, mais aussi du délai nécessaire : nous adopterons peut-être une solution temporaire de partenariat sur le court terme avant de demander une licence, par exemple. Etes vous plutôt en concurrence avec des applications de paiement P2P comme Paypal ou des services de transferts d’argent à l’étranger comme Transferwise, Revolut ou Azimo ? Quelle cible visez-vous ? La grande majorité de nos paiements sont domestiques, actuellement, et nous nous présentons comme une application de paiement social entre particuliers, donc nous sommes davantage en concurrence avec Venmo, aux Etats-Unis, ou Lydia en France par exemple. Nous visons avant tout les “millenials” : 90% de nos utilisateurs européens ont moins de 35 ans et 60% ont moins de 25 ans. Aude Fredouelle bitcoinblockchainpaiement entre particulierspaiement social Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind