Shift Technology a signé des contrats générateurs de revenus avec plus de 20 clients

Plutôt discrète dans sa communication, Shift Technology développe depuis 2013 une solution SaaS d’intelligence artificielle de détection de la fraude à l’assurance grâce à l’automatisation et au traitement statistique des données (machine learning, Big Data). La fraude représente un enjeu crucial pour les assureurs. Rien qu’en France, le phénomène toucherait environ 5% des dossiers clients, selon l’Agence pour la lutte contre la fraude à l’assurance (ALFA).

Plus de quatre ans après sa création, la start-up fondée par des anciens de Polytechnique affirme avoir signé des contrats générateurs de revenus avec plus de vingt compagnies d’assurance en Asie, en Europe et sur le continent américain. “Nous couvrons la plupart des lignes d’assurances dommages – auto, voyage, habitation – ainsi que  la santé et nous travaillons également sur les lignes risques professionnels et prévoyance”, indique Stephanie Steel, director of product marketing. La société a par exemple collaboré en 2016 sur la fraude à l’assurance voyage avec la General Insurance Association (GIA) à Singapour. En France, elle traite 85% des données de l’ensemble des assureurs français, selon nos informations, et collabore avec l’ALFA. A ce jour, la start-up estime avoir analysé plus de 78 millions de déclarations de sinistres sur ses différents marchés.

Adaptation aux process client

Pour Shift Technology, le principal enjeu consiste à répondre à un besoin d’industrialisation dans la lutte contre la fraude à l’assurance. Sa solution vise à retranscrire dans des algorithmes de détection le savoir-faire métier des gestionnaires de sinistres auxquels elle s’adresse. “Chaque implémentation (nécessitant des frais exceptionnels, ndlr) implique une adaptation aux process client lors d’une période de 4 mois avec l’envoi de data scientists et de formateurs”, précise Stephanie Steel.

Le service se voulant résolument simple d’utilisation – accès web, pas de téléchargement, désactivation à la volée de l’envoi de données, etc. – il est tout à possible pour un assureur qui ne disposerait pas de ressources et d’expertises en data science d’en être équipé, souligne l’équipe de Shift Technology. Un modèle sur lequel il a fallu rassurer les prospects, puisqu’il impose à l’assureur de confier des données clients à un tiers. La tarification repose sur des frais de commission en fonction du volume de sinistres traités.

Taux de pertinence de 75%

Côté performance, la start-up évoque un taux de pertinence de 75%, c’est-à-dire le pourcentage de cas soulevés par la solution dont les gestionnaires confirment le caractère suspect. “La moyenne du secteur se situe plutôt aux alentours de 30% à 35%”, souligne Stephanie Steel, ce qui sous-entend un taux de faux positifs nettement meilleur que le reste du marché. La société, qui vient d’intégrer la plateforme d’innovation santé et bien-être Tech Care Paris (portée par Paris&Co), se refuse à communiquer son chiffre d’affaires mais concède dégager déjà “plusieurs millions d’euros de revenus par an”.

Shift Technology compte aujourd’hui 60 collaborateurs  : 30 data scientists, 10 développeurs, 5 chercheurs en IA et 15 divers (ventes, marketing, chefs de projets…). Avec des bureaux à Singapour, Hong Kong et depuis récemment en Espagne, en plus de son siège parisien, la société commercialise sa solution dans plus de quinze pays. Elle vise prioritairement une expansion aux Japon, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.

Une insurtech valorisée à 30 millions d’euros

Outre une diversification géographique, la start-up explore d’autres lignes d’activité via des pilotes dans trois pays, dont une solution d’automatisation du traitement des sinistres. Un tour de Série B, prévu en 2018, devrait permettre de soutenir l’effort de R&D. A ce jour, Shift Technology a levé près de 10 millions d’euros en capital. mind Fintech a reconstitué la table de capitalisation complète de la société, sur la base des dernières données disponibles à date, que vous pouvez consulter via ce lien. Elle fait apparaître une forte progression de la valorisation, à 30 millions d’euros post-money après l’entrée au capital, en mai 2016, d’Accel Partners et de l’ex-CEO de SunGard Cristobal Conde, contre près de 6 millions d’euros en novembre 2014. La société explique cette hausse par un renforcement de son attractivité qui lui a permis de signer de nombreux clients payants.