Accueil > Services bancaires > Malgré les réglementations antitrust, les BATX poursuivent leurs projets dans la finance Malgré les réglementations antitrust, les BATX poursuivent leurs projets dans la finance Avec sa loi sur les fonds propres nécessaires à l’octroi de crédit pour les sociétés non bancaires et son projet de yuan numérique, le gouvernement chinois tente d’instaurer plus de concurrence dans le secteur financier entre les géants du numérique, les banques traditionnelles et les nouveaux entrants. Néanmoins, les BATX sont loin d’avoir dit leur dernier mot dans le secteur avec quelque 30 projets initiés en 2021. Pour la troisième année consécutive, mind Fintech a recensé les initiatives des BATX dans la finance. Par Caroline Soutarson avec Sara Chaouki et Aymeric Marolleau. Publié le 26 octobre 2022 à 14h46 - Mis à jour le 28 octobre 2022 à 17h19 Ressources Les points clés Après avoir dépassé Ant Group en nombre d’initiatives lancées dans le secteur financier en 2021, Tencent confirme sa place de Big Tech chinoise numéro un dans le domaine avec pas moins de 21 opérations dans l’industrie. La restructuration d’Ant va de pair avec un ralentissement de ses projets initiés dans la finance et l’assurance (4 en 2021 contre 11 en moyenne entre 2015 et 2020). Depuis 2021, les BATX ont lancé davantage d’initiatives financières en Europe (22 à la mi-septembre) qu’en Amérique du Nord (13). L’Asie reste toutefois leur cœur de cible (plus de 8 projets sur 10). Pour la troisième année consécutive, mind Fintech s’intéresse aux projets des Big Tech chinoises dans les secteurs financier et assurantiel et met à jour sa base de données des initiatives des BATX dans ces domaines. Baidu, Alibaba, Tencent, Xiaomi et Ant Group ont annoncé 30 nouvelles initiatives (investissements, partenariats, développements internes…) dans la finance en 2021. Ils en avaient lancé 33 en 2020 et 41 en 2019, leur année record qui a précédé la crise de Covid-19. Entre le 1er janvier et le 20 septembre, nous avons également recensé 8 opérations. Cette relative baisse des projets dans la finance (2021 reste tout de même la cinquième meilleure année en termes d’initiatives annoncées) peut être imputée à plusieurs facteurs. Parmi eux, le contexte politico-réglementaire, puisque Pékin serre progressivement la vis des fintech en Chine depuis 2015 (avec un pic en 2020 et 2021, selon une étude de Viviana Zhu pour l’Institut Montaigne), avec des lois anti-concurrentielles par exemple. La crise sanitaire a aussi impacté l’activité des agents économiques. Face à cet environnement peu conciliant, les BATX continuent de diversifier leurs produits via les services financiers. La liste des initiatives des BATX dans les services financiers En 2021, Tencent a été de loin le plus actif avec 21 nouveaux projets, devant Ant Group (4). Les services aux entreprises (gestion des dépenses professionnelles, paiement de factures, conseil en gestion des capitaux propres…) ont été particulièrement ciblés (5 opérations). Ces derniers sont assez révélateurs du public visé par les BATX puisque, toutes années confondues, près de 70 % de leurs opérations visent une clientèle entreprise, contre 47 % pour le BtoC (certains projets s’adressent à plus d’une cible). Les BATX misent sur la multiplication des moyens de paiement Assez traditionnellement, les initiatives dans les services de paiement sont aussi particulièrement plébiscitées et représentent près du quart des projets initiés en 2021. Les BATX misent sur de nombreux moyens pour effectuer des transactions, ce qui n’est pas étonnant dans un pays où “les paiements par reconnaissance faciale et QR Code sont de plus en plus courants”, selon Yassine Regragui, spécialiste de la fintech en Chine. En 2021, Tencent a ainsi investi dans l’application indienne de paiement mobile de Walmart, PhonePe, le fournisseur sud-africain de solutions de paiement en ligne et en magasin (QR Code, facturation électronique, P2P, lien par SMS, etc.) Ozow, le wallet mobile philippin Voyager Innovations (PayMama) et dans le fournisseur grec de services de paiement (dont SoftPOS) pour les commerçants Viva Wallet, dont JPMorgan a annoncé racheter 49 % du capital début 2022. Alibaba a également investi dans la start-up hongkongaise SleekFlow qui propose une plateforme SaaS pour les e-commerçants incluant un service de paiement par lien et par chat. Les revenus des BATX liés aux paiements ont connu quelques variations sur les deux dernières années, évalue Yassine Regragui, notamment à cause de la crise sanitaire et des périodes de confinement. Dans son rapport financier du premier semestre, Tencent indique que “la résurgence de Covid-19 a temporairement freiné les activités de paiement commercial au cours du deuxième trimestre de 2022 [qui ont] ralenti pour atteindre une croissance à un chiffre en glissement annuel en avril 2022, mais a repris avec une croissance de 10 à 15 % en glissement annuel en juin 2022”. Avec le yuan numérique, Pékin veut briser le duopole de Tencent et Ant En plus du Covid-19, Tencent et son concurrent Ant font également face au gouvernement chinois qui entend mettre fin à leur duopole dans les services de paiement mobile en réintroduisant les banques traditionnelles dans leur sillage et en donnant une porte d’entrée à de potentiels nouveaux entrants grâce au projet de yuan numérique (e-CNY). Néanmoins, la Banque centrale chinoise (PBoC) a convié, dès 2017 et 2018, Ant Group et Tencent respectivement, à réfléchir sur le sujet, ont-ils avoué en avril 2021 lors du Digital China Summit. En plus d’apporter leurs compétences technologiques et financières dans le projet, leurs services bancaires font également partie des applications agréées par la Banque centrale pour utiliser l’e-CNY. “Pour utiliser le yuan numérique, il faut télécharger deux applications : celle officielle de la Banque centrale [disponible sur Android et iOS, Ndlr] pour la connecter à l’une des neuf applications bancaires autorisées comme la banque en ligne d’Ant Group, MYbank, celle de Tencent [WeBank] et sept autres banques [les six plus grandes en Chine et China Merchants Bank, Ndlr], qui servent de wallet”, explicite Yassine Regragui. Le but à moyen terme est d’autoriser d’autres acteurs à rejoindre la liste initiale de portefeuilles numériques afin d’affaiblir la position dominante des deux Big Tech. notre Essentiel : Une monnaie numérique de banque centrale, pour quoi faire ? “Selon la PBoC, l'e-CNY est destiné à "fournir un système de paiement numérique répandu, peu coûteux et pratique, qui élargirait l'accès aux services financiers et favoriserait une croissance équitable". Cependant, [...] les consommateurs chinois sont déjà habitués à la commodité des deux portefeuilles électroniques existants [Alipay et WeChat Pay, Ndlr] et peu intéressés par la différence technique entre ces derniers et l'e-CNY. Indéniablement, la promotion de l'e-CNY est liée à la prise de conscience des décideurs politiques que les paiements numériques et la monnaie numérique sont trop stratégiques pour être laissés au secteur privé, et plus précisément, aux mains de quelques géants de la technologie”, analyse Viviana Zhu. Mais “si l'on se base sur le volume de transactions [voir encadré, Ndlr], l'e-CNY est encore très loin d'atteindre les deux systèmes de paiement mobile dominants, Alipay et WeChat pay, et le lancement complet de la monnaie reste insaisissable”, ajoute Viviana Zhu, ce qui laisse pour l’instant une marge de manœuvre assez conséquente pour les Big Tech concernées. Et fragilise donc peu le statu quo dans les paiements mobiles. Où en est le projet de yuan numérique ? Depuis 2014, la PBoC travaille sur un projet de monnaie numérique de banque centrale (MNBC) chinoise avec un wallet dont l’usage sera avant tout domestique, pour les résidents et les voyageurs de passage. L’e-CNY est l’une des solutions mises en place par la PBoC dans le cadre de sa feuille de route concernant l’écosystème fintech pour la période 2022-2025 que Yassine Regragui résume en quatre points : “renforcer la réglementation du secteur, mettre en place un RPGD à la chinoise afin de donner plus de contrôle aux utilisateurs, protéger leurs données et vies privées, diminuer l’empreinte carbone des fintech pour atteindre zéro émissions à horizon 2060 et rendre la fintech équitable et inclusive”. Le yuan numérique vient répondre à deux de ces enjeux. La déconcentration des paiements d’une part, mais aussi l’inclusion bancaire. Par exemple, avec des distributeurs de cartes contenant des yuans numériques. “En zone rurale, l’accès aux banques et à des smartphones est plus rare que dans les zones urbaines. Avec le yuan numérique et des distributeurs de “smart cards” - des machines dans lesquelles les chinois insèrent des espèces pour obtenir une carte qui contient du yuan numérique -, l’Etat remédie à cette problématique”, affirme Yassine Regragui. Notamment testé durant les Jeux Olympiques de Pékin en février 2022, l’e-CNY avait permis, fin août, plus de 360 millions de transactions dans les 15 provinces et communes pilotes, impliquant plus de 100 milliards de yuan (environ 14 millions d’euros) échangés, selon la PBoC (lire l’article de Reuters sur le sujet). 13 % des initiatives se concentrent sur l’assurance Malgré la supériorité numérique des initiatives liées au paiement, c’est le domaine de l’assurance qui, en 2021, a séduit le plus de BATX (à savoir, trois d’entre deux). Le seul projet que nous avons relevé pour Baidu cette année-là relève ainsi du secteur assurantiel. Le moteur de recherche chinois qui, comme son homologue étatsunien Google, travaille sur les voitures autonomes, a en effet entamé un partenariat avec Swiss Re. L’objectif : développer “des solutions d’assurance couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur de la conduite autonome”, indiquait l’entreprise en novembre 2021. Cette alliance avec le réassureur zurichois est la cinquième incursion de Baidu dans l’assurance et la seconde sur le segment automobile après la joint-venture avec CPIC pour créer une insurtech dédiée au risque auto. De son côté, Xiaomi a annoncé à l’été 2021 un partenariat avec l’Indien ICICI Lombard pour proposer un produit d’assurance maladie, et Tencent a réalisé deux investissements : un dans le courtier en assurance allemand Clark et un autre dans l’insurtech thaïlandaise full-stack Sunday, spécialiste de l’assurance auto et voyages en ligne notamment. L’année 2022 a également vu un investissement de Tencent dans Reask, une insurtech se basant sur l'intelligence artificielle (IA) pour modéliser les catastrophes naturelles, et le lancement par Ant de Xingyun, une plateforme numérique basée sur la blockchain et l’IA pour les assureurs chinois. Plus de 60 compagnies d’assurances y font déjà appel, que ce soit pour améliorer leur efficacité opérationnelle ou leur expérience utilisateur. Avec ces six projets annoncés en 2021 et 2022, l’assurance confirme sa place, acquise en 2019, de second domaine le plus approfondi par les BATX. Leur intérêt a démarré en 2013 avec la création de l’insurtech Zhong An, cofondée par Alibaba, Tencent et l’assureur chinois Ping An. Depuis, les Big Tech se sont associées à 35 initiatives sur ce segment de marché. Comment Zhong An a créé de nouveaux usages dans l’assurance chinoise Fermetures en série des plateformes d’entraide mutuelle Parmi les initiatives menées dans l’assurance toutefois, un sous-domaine rencontre des difficultés : celui des mutuelles. Fin janvier 2022, la plateforme de mutualisation des frais de santé d’Ant Group, Xianghubao, a fermé ses portes. Sans cotisation ni frais d’adhésion, le service d’entraide avait rassemblé plus de 100 millions d’utilisateurs qui avaient aidé plus de 180 000 malades. Un cas loin d’être isolé puisque l’insurtech chinoise Waterdrop, notamment soutenue par Tencent et Swiss Re, a également stoppé son service d’entraide mutuelle, en mars 2021, deux mois avant son entrée en Bourse au New York Stock Exchange. Baidu a également fermé une solution similaire, Denghuo Huzhou, en août 2020. La fin de ces activités est essentiellement imputable à la législation chinoise. “En septembre 2020, la Commission chinoise de réglementation des banques et des assurances (CBIRC) avait déjà signalé que les plateformes d'aide mutuelle telles que Xianghubao opéraient sans licence. Ces plateformes d'aide mutuelle exercent des fonctions d'assurance commerciale tout en se catégorisant comme des produits d'assurance non commerciaux. Le CBIRC a également ajouté que leurs risques ne sont "pas à prendre à la légère" et peuvent entraîner des risques sociaux s'ils ne sont pas traités et gérés correctement. Cette mesure s'inscrit dans le cadre de l'effort général du gouvernement pour réglementer le secteur fintech”, commente Viviana Zhu, chargée d’études au sein du programme Asie de l’Institut Montaigne. Au total, les BATX ont réalisé 26 incursions dans le crédit En quatrième position en matière de nombres d’initiatives annoncées, le crédit. Une activité qui, proposée par des acteurs non bancaires, souffre également de la législation pékinoise. “L'activité de crédit à la consommation était lucrative pour les fintech chinoises, mais probablement la plus problématique aux yeux des régulateurs [...] quant au risque potentiel qu'elle représentait pour le système financier au sens large, et à l'augmentation des dépenses irrationnelles des consommateurs encouragées par ces produits de microcrédits”, indique à mind Fintech la chargée d’études de l’Institut Montaigne. Des critiques du même ordre que celles formulées par les détracteurs du paiement fractionné et différé (aussi dit buy now, pay later ou BNPL) en Occident. Or, les cinq Big Tech de notre panel ont montré un penchant prononcé pour le segment du crédit - et pour le paiement fractionné pour certaines (nous abordions la question dans notre précédente analyse des BATX en 2021). Dans ce cadre, depuis le début de l’année 2022, les autorités chinoises obligent les prêteurs non bancaires à détenir 30 % des encours plutôt que 2 % dans leur processus d’octroi de crédit. Par conséquent, “les prêteurs non bancaires incitent de moins en moins leurs utilisateurs à aller vers du paiement à crédit”, rappelle à mind Fintech Yassine Regragui. Ant Group, à la fois contraint par ces réglementations et par la restructuration de ses activités imposée par Pékin (voir encadré) a dû refondre drastiquement l’expérience utilisateur sur Alipay, en reléguant les produits financiers au second plan. “Alipay devient une plateforme de lifestyle, affirme le spécialiste des fintech en Chine. Aujourd’hui, lorsque l’on ouvre l’application, il y a moins de services financiers indiqués, plus d’e-commerce et de services aux marchands, perçoit Yassine Regragui. Et lors des achats, payer à crédit est devenu plus compliqué. Avant, l’acte se faisait en un clic.” Dix mois après la mise en place de la mesure, la chercheuse Viviana Zhu est sans équivoque : “les revenus des fintech provenant de l'activité de crédit à la consommation sont en baisse”, assure-t-elle à mind Fintech. La restructuration d’Ant touche à sa fin Depuis la suspension de son IPO en novembre 2020, Ant Group collabore avec les autorités chinoises pour revoir sa structure. La séparation des services de paiement et de crédit était notamment l’un des chantiers principaux. En juin 2022, la Banque centrale chinoise (PBOC) a consenti à la création de la holding financière de l’organisation, révélait Reuters. Cette transformation oblige la société de technologies financières à avoir davantage de fonds propres. En outre, elle devra se soumettre à des réglementations similaires aux banques. Néanmoins, l’obtention de cette licence est une étape obligatoire avant de renouveler les démarches d’IPO. “Au cours des derniers mois, des rapports ont fait état d'une relance potentielle de l'introduction en bourse de Ant à Shanghai et à Hongkong”, fait remarquer Viviana Zhu. Mais jusque-là, “la société est restée plutôt discrète en raison de la sensibilité de la question”. Concernant ses initiatives dans la fintech, Ant Group a lâché du lest après la suspension de son introduction en Bourse. Notamment, nous n’avons repéré aucun projet entre octobre 2020 et février 2021 inclus, une période relativement longue pour un acteur qui réalisait en moyenne 11 initiatives par an entre 2015 et 2020. Développement à l’international Pour pallier les revenus manquants sur leur marché domestique suite aux réglementations mises en place par le gouvernement, les BATX peuvent notamment s’appuyer sur les initiatives développées ou dans lesquelles ils ont investi en-dehors des frontières chinoises. D’abord timide en 2011, l’internationalisation des Big Tech chinoises prend de l’ampleur depuis 2016 avec plus de 15 opérations par an en moyenne (sans compter l’année 2022 qui n’est pas terminée). Comment les BATX concrétisent leur volonté d’expansion internationale Selon notre décompte, plus de la moitié des opérations à l’étranger se portent en Asie du Sud-Est (57 %). “Ant Group et Tencent ont la présence la plus développée sur le marché international des fintech. Tous deux se concentrent sur l'utilisation de leur système de paiement par les touristes chinois à l'étranger, car il est peu probable que les consommateurs de ces pays remplacent leur porte-monnaie électronique habituel par Alipay ou WeChat Pay. Pour la même raison, les fintechs chinoises trouvent difficile de pénétrer le marché américain, qui possède déjà ses propres systèmes de paiement bien développés, ainsi que le marché européen, étant donné la présence bien établie des géants technologiques américains en Europe. L'Asie du Sud-Est reste donc l'axe principal de l'expansion des fintech chinoises”, assure Viviana Zhu. Le continent européen, qui capte une opération sur cinq (20 %), a privé l’Amérique du Nord (13 %) de sa position de second à partir de 2021. Une analyse plus fine de l’évolution année par année montre qu’en 2018 l’attractivité du territoire nord-américain, et notamment des États-Unis (sur 14 opérations, 2 visait le Canada), a fané, tandis que celle de l’Europe a fleuri. Ce désintérêt correspond, entre autres, au mandat présidentiel de Donald Trump et à ses différentes politiques protectionnistes, notamment (mais pas que) contre la Chine. Selon notre recensement, seul Xiaomi n’a pas initié de projet financier en dehors des frontières asiatiques tandis que Tencent est la Big Tech qui s’expatrie le plus, notamment via sa forte activité de capital-risque. De manière générale, les initiatives financières en Amérique du Nord et en Europe prennent davantage la forme d’investissements (86 %) que dans l’ensemble des opérations effectuées par les BATX dans la finance (58 %). 158 investissements dans les fintech Les projets des BATX dans le secteur fintech prennent plusieurs formes, du partenariat à l’investissement en passant par le développement interne ou la joint-venture. En 2021, plus de 7 initiatives sur 10 (73 %) de Tencent dans la finance ont été réalisées via un investissement. La société a même atteint un nouveau record d’investissements dans les services financiers avec près de 21 opérations dénombrées par notre rédaction. Dans son dernier rapport semestriel (premier semestre 2022), l’entreprise confirme que la fintech est l’un des secteurs dans lesquels elle réalise le plus d’investissements avec les jeux vidéo et les entreprises tech. Par ailleurs, le même document indique qu’un tiers des revenus générés par l’entreprise au deuxième trimestre 2022 provient de ses activités fintech et services aux entreprises (la proportion entre les deux activités n’est pas explicitée). L’attrait de la plateforme d’e-commerce Alibaba pour la finance se traduit également par une grande majorité d’investissements (71 %). Chez Xiaomi, qui est le BATX qui a réalisé le moins d’opérations dans l’industrie financière, les investissements représentent aussi plus d’une opération sur deux (57 %) tandis qu’Ant Group et Baidu semblent être davantage acteurs des initiatives entreprises. Leurs investissements représentent respectivement 40 et 46 % des initiatives que nous avons observées. Ant Group est l’acteur qui a réalisé le plus de développements internes (28) alors que Baidu (14) joue à armes égales avec Tencent (15) sur ce pan-là, bien que ce dernier ait initié plus du double de projets dans le secteur (95 contre 39 pour le moteur de recherche chinois). Pour rappel, Baidu a un historique dans les services financiers et a procédé en 2018 à la scission de sa filiale dans le domaine, aujourd’hui baptisée Du Xiaoman Financial. L’entreprise reste toutefois son actionnaire majoritaire avec 41 % du capital, selon son rapport annuel 2021. Méthodologie mind Fintech a recensé, à l'été 2022, 261 partenariats, investissements et associations de Baidu, Alibaba (et sa participation Ant Financial), Tencent et Xiaomi (les BATX) relatifs aux services financiers qu’ils ont rendus publics depuis 2004 et dont nous avons pu retrouver la trace. Ant Financial a obtenu une place à part entière dans notre base de données du fait de son indépendance et de son ampleur face à Alibaba, et de sa taille (plus grande fintech au monde, elle était valorisée 150 milliards de dollars en mai 2018). Une particularité que Yassine Regragui explique par sa “longueur d’avance” (Alipay a été créée en 2004, WeChat Pay en 2014) et la stratégie d’investissement “très agressive” d’Alibaba. Cette attitude lui a notamment permis de faire croître ses activités financières très rapidement et Ant Financial poursuit dans la même lignée. Nous avons exclu certains services du périmètre de notre étude. Par exemple, WeChat Pay et Alipay étant devenues des “super-applications” aux fonctionnalités en évolution permanente, il aurait été peu pertinent d’inscrire dans ce tableau la totalité des services qu’elles offrent et des partenariats noués pour développer leur usage à l’étranger. De même, en ce qui concerne les services généralistes (cloud, infrastructure, etc), nous n’avons conservé que ceux dont il a été possible de vérifier qu’ils ont au moins une application dans le domaine financier, ou des clients dans les secteurs de la banque ou de l’assurance. Vous avez repéré une erreur ? Un commentaire, une question ? Contactez-nous : datalab@mind.eu.com Caroline Soutarson avec Sara Chaouki et Aymeric Marolleau BATXbig tech Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Ant Group dévoile sa banque numérique pour les PME à Singapour La liste des initiatives des BATX dans la fintech Tencent consent à se conformer aux exigences antitrust de Pékin Swiss Re et Baidu s’associent dans la gestion des risques liés à la conduite autonome Pourquoi l’intérêt des BATX pour les services financiers s’est affaibli depuis 2020 Notes de synthèse Big Tech : l’irruption des géants numériques dans le secteur financier