Marouane Benjenna : “eZyness va accompagner les clients de la BFI de La Banque Postale”

Le directeur général Aurélien Lachaud a quitté le groupe eZyness l’année dernière et Jean-Daniel Gries, qui était membre du conseil d’administration, a pris le relais. Quand avez-vous été nommé à la direction générale d’eZyness ?

J’ai été nommé directeur général le 20 septembre 2022,  après avoir passé 4 ans comme responsable produit et opérations d’eZyness. Avant cela, j’ai occupé divers postes chez BPCE et j’ai effectué des missions de conseil dans le domaine des paiements. 

eZyness commercialise ses solutions auprès du groupe La Poste, dont il fait partie, mais aussi en externe, notamment pour les clients corporates de La Poste. Pourtant, vous n’avez pas de site vitrine. Pourquoi ?

C’est en projet et prévu pour le début de l’année prochaine, c’est une question de priorisation des travaux chez nous. Les clients externes nous parviennent principalement grâce au bouche à oreille. Nous n’avons pas mis en place de démarche commerciale proactive. Nos premiers clients nous ont recommandé auprès d’autres qui arrivent avec des besoins déjà qualifiés. 

Par ailleurs, notre positionnement au sein de La Banque Postale a récemment évolué, avec le rattachement d’eZyness à la Banque de financement et d’investissement [créée en novembre 2021, Ndlr] et en particulier à son entité “Transaction Banking” qui regroupe toutes les expertises et les offres relatives au cash management au sens large à destination de la clientèle BFI : cash pool, tenue de compte, banque au quotidien, monétique… A la suite de l’arrivée d’Ana Catalina Macaya Vargas, qui a pris la direction de Transaction Banking en mars 2022 [elle est également présidente exécutive d’eZyness, Ndlr], il est apparu nécessaire pour La Banque Postale de s’appuyer sur un établissement de paiement et de monnaie électronique comme eZyness, pour accélérer dans la gestion des flux et pour aller plus loin dans l’accompagnement des clients de la banque. Tout en continuant à développer les services eZyness à une clientèle externe, l’objectif est donc que l’entité Transaction Banking s’appuie sur nous pour répondre à certains besoins de ses clients correspondant notamment à des nouveaux cas d’usage.

Que recouvre votre offre de produits ? 

Notre premier produit est l’encaissement pour compte de tiers, notamment pour les marketplaces. Notre client historique est le site laposte.fr, devenu une marketplace depuis deux ans et demi, dont nous traitons les flux. Mais nous accompagnons aussi d’autres clients comme yavin, qui est hébergé à platform58 [l’incubateur de la Banque Postale, Ndlr] et utilise nos services de paiement pour fournir aux commerçants une nouvelle expérience pour l’encaissement physique, et depuis peu aussi à distance. Eux se concentrent sur le marketing et les services et nous gérons tous les aspects liés aux services de paiement, en bénéficiant de la tarification, du back office, de la solidité et de la fiabilité de La Banque Postale [eZyness s’appuie par ailleurs sur le core banking system de Skaleet, ex-Tagpay, Ndlr]. Nous avons actuellement six agents inscrits au Regafi [La Poste, Docaposte, Fipos, Neo Systems, Payxpert France, S.N.P et Yavin, Ndlr], dont certains en production et certains en cours de finalisation, et trois autres sont en phase d’enrôlement. Parmi eux,  le prestataire billettique Kuba, avec qui nous avons remporté l’appel d’offre de Nouvelle-Aquitaine Mobilités pour gérer les encaissements des déplacements régionaux.

Notre second produit est l’émission et la gestion des moyens de paiement, avec deux nouveaux axes de développement. D’abord, les cartes de gestion de dépenses pour les entreprises. Nous travaillons sur un projet avec le groupe pour équiper une partie des salariés avec des cartes de dépenses et un outil de gestion de l’ensemble du cycle de la dépense (remontée de la dépense, validation, justificatifs…). Nous prévoyons de proposer cette offre à l’extérieur du groupe, notamment pour les clients de la BFI, au début de l’année prochaine. Le deuxième axe est celui de l’émission de cartes pour aider des collectivités dans le versement d’aides. Nous préparons une offre sur étagère pour accompagner nos clients sur ce besoin et espérons la sortir en début d’année prochaine. 

Avec notre nouveau positionnement stratégique auprès de la BFI, nous avons aussi été amenés à développer une nouvelle offre, qui recourt aux deux produits, baptisée eZyban by eZyness. C’est le parfait exemple d’un travail de cocréation entre nous, la BFI et ses clients. Certains offices HLM avaient des problèmes d’encaissement car ils n’arrivaient pas à identifier les payeurs et le montant payé. Résultat : des procédures de recouvrement étaient parfois lancées alors que le locataire avait bien payé. Autre problème : le risque de fraude, puisque l’office donnait son IBAN au payeur au risque de donner lieu à des fraudes au prélèvement. Avec une quinzaine d’entre eux, nous avons travaillé sur une solution qui permet de pouvoir créer sur demande un certain nombre d’IBAN au nom de nos clients, en l’occurrence pour l’office HLM autant d’IBAN que de locataires, avec en face de chaque compte la référence du locataire. Cela apporte un gain de temps énorme en termes de suivi puisqu’il n’y a plus besoin de réaliser de rapprochement manuel et car cela évite les erreurs et les fraudes, ces IBAN ne permettant que les virements entrants. Nous complétons l’offre avec des services de reporting personnalisé et un portail Web pour aider le client entreprise à gérer au quotidien ses activités. Par ailleurs, nous avons travaillé ce produit dans une logique de paiement récurrent mais il peut aussi être utilisé pour la gestion du recouvrement. Une trentaine de clients sont déjà en production, et outre les offices HLM nous travaillons avec plusieurs grands clients comme des mutuelles, assurances ou gestionnaires des eaux.

Quels volumes traitez-vous ?

Nous ne communiquons pas sur ce point, mais deux tiers des flux traités le sont pour le compte du groupe La Poste et un tiers pour le compte de nos clients externes au groupe.

Vous vous positionnez face à d’autres acteurs du Banking-as-a-Service comme Treezor et Swan par exemple, mais aussi face à des fintech spécialisées dans les dépenses d’entreprises comme Spendesk et Monncard et les néobanques comme Qonto. Quelle est votre stratégie d’acquisition ? 

L’objectif est de s’appuyer sur la force commerciale de la BFI Transaction Banking. Avec les deux pôles composés des experts réseaux qui accompagnent les commerciaux dans la banque au quotidien et les experts grands comptes, nous allons identifier les besoins et y répondre collectivement. Les services d’eZyness seront ainsi directement intégrés dans une offre globale à valeur ajoutée pour le client de la BFI. 

Mais nous restons aussi disponibles pour accompagner des clients externes. L’ambition est de recruter un directeur commercial et une équipe commerciale l’année prochaine, à la fois pour répondre aux besoins des clients de la banque mais aussi de travailler pour mettre eZyness sur l’échiquier des offres des établissements de paiement de la place.

D’autres produits packagés sont-ils prévus ?

Nous fonctionnons dans une logique de start-up au sein de la banque et nous adaptons notre feuille de route en fonction des besoins qui émergent. Actuellement, nous nous concentrons sur le produit des cartes de dépenses d’entreprises.

Fin 2019, lorsque nous avions interviewé Aurélien Lachaud, il nous indiquait qu’une bonne partie des clients d’eZyness avaient contractualisé pour l’acceptation de la solution de paiement mobile chinoise Alipay, qu’eZyness proposait depuis l’été 2019 avec Monext. Est-ce toujours un axe de développement ?

Nous avions beaucoup d’ambitions en la matière et nous avions enrôlé une vingtaine de clients, mais la crise sanitaire est passée par là et les contrats ont été mis en pause avec l’arrêt du tourisme. Notre offre sur étagère est toujours disponible et nous allons voir comment la relancer en fonction du tourisme asiatique en France. Nous nous donnons un peu de temps pour revoir notre positionnement sur le sujet, d’autant qu’il y a beaucoup d’autres besoins par ailleurs.

Comment vous positionnez-vous en termes tarifaires ?

eZyness est un acquéreur et émetteur à part entière avec La Banque Postale et est également participant du flux SEPA en direct avec la Banque Postale en chef de file. C’est un avantage concurrentiel assez important car nous nous appuyons sur les infrastructures de La Banque Postale et nous bénéficions de conditions compétitives, ce qui nous permet de proposer des prix avantageux à nos clients.

Combien de collaborateurs compte eZyness ?

eZyness compte 18 collaborateurs, dont une partie d’externes, et l’objectif est de passer à 26 d’ici 2023, notamment pour renforcer l’équipe commerciale. Nous avons une équipe de développeurs qui oscille entre 5 et 10 personnes selon les besoins et nous avons la capacité d’accompagner nos clients pour du sur-mesure, comme nous l’avons fait avec La Poste.