Accueil > Services bancaires > Paiements > Zahir Abdelouhab : “Un an après son lancement, Navan compte près d’une centaine de clients en France” Zahir Abdelouhab : “Un an après son lancement, Navan compte près d’une centaine de clients en France” La société américaine Navan (ex-TripActions), valorisée 9,2 milliards de dollars fin 2022, fournit des cartes de dépenses intelligentes aux entreprises. Après un lancement commercial en France début 2022, le directeur général France de la start-up, Zahir Abdelouhab, assure vouloir accélérer la croissance dans l’Hexagone en 2023. Par Aude Fredouelle. Publié le 01 février 2023 à 12h30 - Mis à jour le 28 janvier 2025 à 15h50 Ressources En quoi Navan (ex-TripActions) se différencie des autres plateformes de gestion des dépenses d’entreprise ? Navan, société californienne basée à Palo Alto, est à la fois une traveltech et une fintech, car la solution aide les entreprises à gérer les voyages d’affaires et leurs paiements. Au sein d’une entreprise, en moyenne 90 % des dépenses au sens large se font dans le cadre d’un voyage d’affaires. Nous proposons des cartes de paiement physiques ou virtuelles et individuelles. Nous les présentons comme des “cartes intelligentes”, car nous y intégrons des politiques de dépenses dynamiques et intégrées au contexte. Concrètement, notre volonté est de supprimer les notes de frais en embarquant la politique de dépenses dans l’application. Au moment où le salarié réalise sa dépense, le système doit déjà être capable de la comprendre et de l’autoriser ou de la refuser en temps réel. Les contrôles sont réalisés a priori. Par exemple, si un utilisateur part en voyage, les autorisations de dépenses journalières vont s’adapter à ce contexte, pour la partie frais de bouche par exemple. Les données des agendas professionnels nous permettent aussi de détecter qu’un salarié est en déjeuner client, et de lui autoriser des dépenses supérieures à ses frais habituels sans qu’il n’ait besoin de faire une demande ou d’envoyer un justificatif. Dans le cas où le salarié a avancé les frais de sa poche, nous facilitons aussi le remboursement. Des études montrent que moins de 30 % des salariés sont satisfaits de la manière dont sont gérées les dépenses d’entreprise à cause des délais de remboursement lorsqu’ils avancent les frais. Ce service de remboursement anticipé est disponible dans 50 pays avec 40 devises différentes. Notre client est ensuite prélevé en fin de mois – nous avons levé une facilité de crédit de 400 millions de dollars auprès de Goldman Sachs et Silicon Valley Bank [en décembre 2022, Ndlr]. En plus des données de l’agenda, comment pouvez-vous comprendre les dépenses du salarié ? Comme je l’expliquais, 90 % des dépenses professionnelles se font lors d’un voyage. Notre plateforme permettant aux utilisateurs de réserver leurs transports et hébergements, nous savons lorsqu’ils sont en déplacement et les plafonds s’ajustent. Et dans ce cas, l’utilisateur n’a pas besoin d’ajouter de multiples notes de frais pour justifier des petites dépenses : il prend une photo de la facture seulement si elle dépasse un certain montant, selon la réglementation et la politique interne. Le service comptabilité ou la direction financière gagnent ainsi énormément de temps. Cela permet aux contrôleurs de gestion de se concentrer sur les 5 à 10 % de dépenses qui sortent du cadre des frais classiques. D’ailleurs, pour leur faciliter la tâche, nous gérons aussi le problème des TVA différentes dans les factures d’hôtel, entre la chambre, le petit-déjeuner, le pressing… Nous avons développé un module qui récupère directement via un bot les factures d’hôtel en leur envoyant des demandes automatisées (dans 5 % des cas, un agent humain s’en charge) puis nous créons “l’itémisation” avec la TVA appropriée pour une réconciliation automatique. Qui gère l’émission des cartes ? C’est notre partenaire Stripe, avec qui nous proposons des cartes en livres, euros et dollars. Quelles sont les fonctionnalités liées au voyage, outre la réservation directement intégrée à la plateforme ? L’objectif est de développer l’offre la plus intégrée possible et que toutes les informations liées au voyage soient remontées automatiquement, avec une expérience sans coutures. Par exemple, l’outil propose l’hôtel le plus proche de mon bureau, m’indique les collègues qui ont réservé dans le même hôtel et leur appréciation, me permet de réserver mon vol et me montre où seront assis mes collègues dans l’avion…Toutes les informations associées au voyage du collaborateur sont centralisées dans l’application. Où en est votre développement européen ? En Europe, nous sommes présents commercialement au Royaume-Uni, en France et en Allemagne. Nous nous développons aussi en Suède. Nous avons réalisé quatre acquisitions ces 18 derniers mois en Europe pour développer notre produit voyage [le Suédois Resia AB, l’agence de voyage britannique Reed & Mackay, l’Allemand Comtravo et l’Espagnol Atlanta, Ndlr]. Les cinq premières années, nous nous sommes concentrés sur les États-Unis. Nous sommes arrivés en Europe juste avant la crise du Covid. La société était alors valorisée à 2 milliards de dollars. Aujourd’hui, après la crise et malgré son impact sur le secteur du voyage, la valorisation atteint 9,2 milliards de dollars [à l’occasion d’une levée de fonds de 154 millions de dollars en equity en octobre 2022, Ndlr]. Et l’Europe représente désormais 30 % de notre activité. Nous avons levé plus d’un milliard de dollars, principalement investis dans la R&D et des opérations de croissance externes. Même si les revenus ont chuté pendant la crise, nous sommes passés à l’échelle en termes de nombre de clients. Nous en avons gagné plus de 8 000 en 7 ans, dont plusieurs milliers aux États-Unis, avec de nombreuses boîtes tech comme Lyft, Zoom, Stripe, Netflix… En France, nous avons ouvert officiellement en janvier 2022 et nous avons recruté près d’une centaine de clients la première année. Parmi eux figurent Teads, Sorare, Scality, Ubisoft, Unilever, Heineken ou encore Bolloré Logistics. Quelle est votre cible privilégiée ? Ce qui compte, c’est avant tout l’autonomie des utilisateurs plus que la taille de l’entreprise. Certaines entreprises ne veulent pas laisser d’autonomie à leurs collaborateurs et préfèrent que le salarié appelle une secrétaire pour réserver son voyage. Certaines grandes entreprises sont plus matures sur le sujet, comme les grands cabinets d’avocats. Les sociétés tech sont aussi très intéressantes, car elles ont des enjeux de passage à l’échelle et ouvrent parfois des bureaux à l’étranger très rapidement. Néanmoins, elles n’ont pas forcément les ressources humaines pour gérer les dépenses des collaborateurs. Quels sont vos objectifs de croissance en France ? 2022 était une année pilote pour nous en France, pour tester le marché. Nous allons vraiment accélérer en 2023. Nous sommes une quinzaine de collaborateurs dans le pays, sans compter la filiale de la société britannique que nous avons récemment rachetée, Reed & Mackay – et le groupe compte 3 000 collaborateurs au global. Nous allons tripler les effectifs et la base client l’année prochaine. Actuellement, l’acquisition se fait en direct via des commerciaux, mais nous lancerons dans les mois à venir le self service pour les petites entreprises en France. Face à quels concurrents opérez-vous ? Notre environnement concurrentiel est multidimensionnel : les agences de voyage classiques et les agences nouvelle génération, comme Fairjungle, les outils de gestion des notes de frais comme Expensify ou Jenji, les outils de gestion des dépenses comme Spendesk… Article mis à jour le 8 février 2022 avec le nouveau nom de TripActions, Navan. Aude Fredouelle gestion de trésoreriegestion des dépensespaiement en ligne Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind