Accueil > Services bancaires > Banque au quotidien > Revolut travaille sur les crédits conso et immobilier pour devenir “une vraie banque” Revolut travaille sur les crédits conso et immobilier pour devenir “une vraie banque” Revolut va lancer le crédit à la consommation en France en mai, après l’avoir déjà déployé dans plusieurs pays, avec une augmentation du revenu par client à la clé. Le challenger, qui veut devenir la banque principale de ses clients, travaille aussi sur le crédit immobilier et va lancer des produits d’épargne dans l’année. Par Aude Fredouelle. Publié le 11 mai 2023 à 17h06 - Mis à jour le 22 mai 2023 à 15h00 Ressources “L’objectif de Revolut est de devenir la première banque dans tous les pays européens, d’aller sur de nouveaux marchés et enfin de devenir la banque principale de nos clients – dans une proportion similaire à celle des banques traditionnelles. Nous voulons être une vraie banque, plus une néobanque”, martèle Antoine Le Nel, global VP Growth depuis 2021, à l’occasion d’une conférence de presse ce 11 mai. Le challenger l’assure : ses concurrents ne sont plus N26, Orange Bank et consorts, déjà distancés d’un point de vue européen, mais bien les grandes banques traditionnelles. Avec, à l’appui, les chiffres de téléchargements des applications des fintech (à la fois néobanques et fintech spécialisées) en avril, dans les 31 pays où Revolut est présent. Au global, seul PayPal surpasse la banque paneuropéenne – c’est aussi le seul acteur présent dans autant de pays qu’elle. “N26 [qui a dû freiner son rythme d’onboarding sous la pression du régulateur, Ndlr] se situe même après Revolut <18, l’application pour les mineurs de Revolut, en termes de téléchargements”, glisse Antoine Le Nel. L’objectif de Revolut : “enregistrer 30 à 40 % de téléchargements de plus que PayPal d’ici la fin de l’année”. PayPal est l’application fintech la plus téléchargée en Europe Graphique issu d’une présentation de Revolut. Source : data.ai. Données provenant de 31 pays : DE, AT, BE, BG, CY, HR, DK, ES, EE, FI, FR, GR, IE, HU, IT, LT, LV, LU, MT, NL, PL, CZ, RO, SL, SV, SE, NO, IS, UK, CH Revolut approche les 30 millions de clients particuliers et devrait franchir les 40 millions avant la fin de l’année, puis vise les 100 millions d’ici 2025. “Nous acquérons entre 1 million et 1,5 million de clients par mois”, dévoile Antoine Le Nel. Le challenger est disponible dans 35 pays, dont l’Europe, le Royaume-Uni (premier pays), Singapour, l’Australie (“en forte croissance”, selon le VP growth), la Suisse, et enfin le Japon et les États-Unis, en cours de lancement (Revolut y ajuste le produit avant d’investir dans le marketing). Le Brésil suivra dans les prochains jours, puis la Nouvelle-Zélande fin mai et enfin l’Inde, courant 2023. Revolut vise les 100 millions de clients d’ici 2025 Graphique issu d’une présentation de Revolut. En France, Revolut a franchi les 2,37 millions de clients particuliers. “Plus de 100 000 nouveaux clients nous rejoignent chaque mois”, ajoute Antoine Le Nel. Encore loin derrière les banques traditionnelles (27 millions de clients particuliers au groupe Crédit Agricole, par exemple) et même derrière la banque en ligne Boursorama (4,7 millions de clients particuliers fin 2022), la néobanque Nickel (2,9 millions de clients fin 2022) et le challenger allemand N26 (2,5 millions de clients fin 2022, contre 2 millions en juin 2021). Notre article sur le nombre des clients des banques en ligne, challengers et néobanques en France fin 2022 Revolut se situe à la seconde place des applications financières les plus téléchargées en France en avril, selon data.ai. “Preuve que Revolut n’est plus seulement utilisé par des early adopters et touche désormais une population bien plus large, assure Antoine Le Nel. L’objectif est de dépasser le Crédit Agricole, qui est le premier, d’ici cet été”. La France est le cinquième marché de Revolut en nombre de clients, et le second (derrière le Royaume-Uni) en termes de croissance. L’application du Crédit Agricole a été l’application financière la plus téléchargée en France en avril sur Android, devant Revolut Graphique issu d’une présentation de Revolut. Source : data.ai Revolut Business, de son côté, recrute plus 10 000 entreprises par mois et revendique plus de 130 000 cartes (virtuelles ou physiques) créées par mois. Mais la société ne communique pas le nombre d’entreprises clientes (fin 2021, Revolut assurait en compter plus d’un million en Europe). “Nous n’avons pas encore investi en marketing mais c’est quelque chose qui va changer, prévoit Antoine Le Nel. Nous souhaitons rattraper Qonto, en France, dans les 12 à 18 prochains mois en termes de téléchargement, et devenir 3 à 4 fois plus gros sur le marché européen.” Les néobanques pour les pros, à la veille d’une consolidation ? En France, l’application de Qonto a été téléchargée plus de 30 000 fois en avril, loin devant Revolut Business Graphique issu d’une présentation de Revolut. Source : data.ai Crédit conso avec Algoan Dans un environnement plus compliqué pour les fintech (fin avril, son investisseur Schroders Capital Global Innovation a par exemple révisé à la baisse la valorisation de ses parts dans Revolut à hauteur de 46 %), l’objectif de Revolut est de ne plus lever de fonds jusqu’à une future IPO, indique le VP Growth à mind Fintech. Et d’ici là, de placer le curseur sur la monétisation. “Avec notre produit actuel, nous remboursons les frais d’acquisition en 12 à 18 mois”, explique Antoine Le Nel. Pour augmenter les revenus par client, mais aussi pour devenir la banque principale de ses clients, Revolut élargit son offre produits. Des produits de crédit et d’épargne ont déjà été lancés, notamment au Royaume-Uni, en Espagne, aux États-Unis et en Pologne. “Dans les pays où nous avons lancé le crédit à la consommation, comme en Irlande, nous enregistrons 15 livres de revenus par client supplémentaires par mois”, indique Nadim Chidiac, directeur crédit et branche France. Le crédit à la consommation sera lancé en France le 30 mai, avec un “slow rollout”. Revolut prêtera sur son propre bilan, de 1 000 à 50 000 euros (TAEG de 3,90 % à 21,12 %), avec un parcours open banking passant par le spécialiste Algoan, qui permet de donner une réponse instantanée au client. Revolut fera appel à Synapse pour l’accès aux fichiers de la Banque de France. Le paiement fractionné, par contre, n’est pas à l’ordre du jour. “Le produit est prêt, mais dans le contexte de marché actuel, nous avons décidé de ne pas le sortir, commente Antoine Le Nel. Nous mettons plutôt en avant Revolut Pay, notre solution de paiement à la PayPal pour les commerçants, et le BNPL arrivera sûrement de manière plus naturelle dans ce cadre”. Crédit immobilier et livrets Par contre, le crédit immobilier suivra. “Nous n’avons pas encore de date mais c’est nécessaire pour être considéré comme une vraie banque et non une banque d’appoint.” Un défi, alors même que ce produit reste souscrit quasiment exclusivement dans le cadre d’une relation avec un conseiller bancaire. Revolut misera au contraire sur une souscription autonome, sans conseiller. Des livrets d’épargne – déjà disponibles aux États-Unis, Royaume-Uni et en Pologne – seront intégrés à de nouveaux marchés, dont la France – probablement en 2023. Dans l’Hexagone, le livret A n’est pas – encore – à l’ordre du jour. “Cela dépendra du niveau de développement que cela demanderait”, explique Antoine Le Nel. Sur le créneau de l’investissement, Revolut proposera à partir de ce 11 mai en Europe et au Royaume-Uni les ETF américains, et à partir de cet été les actions et ETF européens. La société, qui propose déjà de l’achat et vente de cryptoactifs et du staking grâce à des partenariats, mais qui ne peut en faire la publicité car elle ne possède pas l’enregistrement PSAN, est en cours de discussions pour obtenir l’agrément (personne n’a encore reçu ce sésame, plus contraignant que le simple enregistrement). La liste des PSAN enregistrés auprès de l’AMF Pour compléter sa gamme de produits, Revolut a aussi lancé le compte joint en avril, et déploiera au printemps en Europe et au Royaume-Uni son offre haut de gamme Ultra, à un prix “bien plus élevé que Metal”, prévient le VP growth. Un module permettant de réserver des “expériences” verra également le jour au printemps. Revolut attend sa licence outre-Manche Les résultats 2021 de Revolut, finalement publiés en mars 2023, révèlent de bons résultats (un chiffre d’affaires de 636 millions de livres, un résultat net de 26,3 millions de livres et un Ebitda ajusté de 100,3 millions de livres), mais l’annonce a été ternie par les avertissements de l’auditeur BDO, qui a affirmé ne pouvoir attester des trois quarts des revenus du challenger. En 2022, Revolut a enregistré un chiffre d’affaires de 850 millions de livres, en hausse de 30 %. “Nous ne pouvons pas encore dire si nous avons été bénéficiaires, mais nous espérons pouvoir annoncer une bonne nouvelle”, glisse Antoine Le Nel. La société compte actuellement 7 000 collaborateurs, dont 200 basés en France. Les bons résultats 2021 de Revolut contrariés par les doutes de son auditeur Deux ans après avoir entamé les discussions avec les régulateurs, Revolut n’a toujours pas obtenu sa licence bancaire au Royaume-Uni, qui lui permettrait de proposer des crédits à ses 5,8 millions de clients dans le pays – et rassurerait les régulateurs d’autres pays. Le 19 mai, The Telegraph a révélé que la Banque d’Angleterre a informé le Trésor de son intention de refuser la demande de licence bancaire déposée par Revolut. Le régulateur Prudential Regulation Authority, une entité de la banque centrale, n’aurait toutefois pas encore communiqué son verdict et un rebondissement de dernière minute n’est pas à exclure. Dans la foulée, le Financial Times a dévoilé que pour décrocher son agrément, Revolut devrait simplifier son actionnariat et demander à son actionnaire Softbank d’abandonner ses actions de préférence. Celui-ci réclamerait une compensation. D’après The Guardian, une réunion devrait avoir lieu dans les quinze prochains jours entre plusieurs ministres, des représentants du Trésor et les dirigeants de Revolut. Aude Fredouelle banque de détailchallengernéobanque Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind