Accueil > Services bancaires > Arnaud Schwartz : “Marble propose aux fintech une infrastructure globale de gestion des risques” Arnaud Schwartz : “Marble propose aux fintech une infrastructure globale de gestion des risques” Marble, deuxième société soutenue par le start-up studio fintech Logic Founders, après Numeral, se lance commercialement. La solution qui veut permettre aux équipes chargés des risques de s’affranchir des équipes techniques est déployée chez une première fintech en juin 2023. Son cofondateur Arnaud Schwartz, ex-COO de Shine, expose son positionnement à mind Fintech. Par Aude Fredouelle. Publié le 28 juin 2023 à 16h58 - Mis à jour le 28 janvier 2025 à 15h48 Ressources Quelle est la genèse de Marble et ses ambitions ? Lors de ma vie professionnelle, au sein de plusieurs entreprises des services financiers (BNP Paribas, Unilend, puis Shine en tant que COO…), s’est posée la question de construire une stack pour gérer trois grands risques : crédit, fraude (perte sur les opérations) et compliance (adéquation avec les attentes du régulateur). Mais je n’ai jamais trouvé le produit idéal, qui aurait la capacité de couvrir tous les besoins, avec une simplicité d’intégration. Plusieurs tendances bouleversent le marché. Depuis dix ans, la compliance et la gestion de la fraude sont montées en puissance. Les régulateurs se sont spécialisés dans la recherche de défaillances chez les établissements et les fraudeurs se sont professionnalisés. Plus récemment, depuis environ deux ans, de nouvelles pressions sont apparues, avec le développement du paiement en temps réel qui nécessite de réagir beaucoup plus rapidement et de manière automatisée. Enfin, les rails de paiement se multiplient, avec le “SEPA in”, le “card out”, le P2P, EPI qui arrive, et des schemes locaux émergent dans plusieurs pays… Cela devient un élément important de pouvoir intégrer rapidement ces rails de paiement et d’avoir une vision à 360 degrés. Marble est une infrastructure de gestion des risques pour les fintech et les établissements financiers. D’abord, via une brique d’ingestion de données, qui permet d’intégrer tous les évènements clés dans Marble. Nous sommes agnostiques du format de données : il peut s’agir des données du compte client ou de transactions, mais aussi de connexions sur le compte, de l’ouverture d’une page sur l’application, d’un ajout de bénéficiaire, d’une connexion depuis un nouvel ordinateur… Ensuite, Marble propose une brique de création de règles et de scénarios pour les chief compliance officers, qui leur permet d’être indépendants de l’équipe d’ingénierie. Les équipes non techniques dont c’est le métier ont ainsi la responsabilité de la création du framework de la lutte contre la fraude et peuvent suivre les frictions. La dernière brique est un moteur de décision en temps réel avec un appel API simple qui permet d’obtenir une décision et de la voir revenir en temps réel. Par exemple, pour vérifier si l’on accepte l’ajout d’un bénéficiaire. Cela peut fonctionner transaction par transaction, ou bien de manière plus large sur un ensemble de données. Nos cas d’usage clé sont des cas d’usage de compliance : par exemple, la revue des profils du client et de toutes ses transactions, la génération d’alertes et le monitoring des événements et transactions au sens large. Quand allez-vous lancer la plateforme ? Nous avons créé la société fin décembre 2022 et nous lançons le produit en juin. Nous sommes en train de le déployer avec un client fintech. Nous allons affiner le produit avec les premiers clients, avant d’accélérer commercialement en fin d’année ou début d’année prochaine. Quelle est votre cible privilégiée ? Dans un premier temps, nous allons cibler les fintech : les plateformes de Banking-as-a-Service, les néobanques, les prestataires de services de paiement et les spécialistes du paiement fractionné (BNPL). Demain, nous avons pour ambition d’approcher les petites banques puis les établissements financiers de plus grande taille. Recourez-vous notamment à l’open banking pour enrichir les données analysées ? L’enrichissement de la donnée et la recherche des données pertinentes relèvent de la responsabilité du client final, et il peut les intégrer dans les règles et scénarios qu’il va construire. Marble permet d’ajouter très rapidement un nouveau fournisseur de données. Proposez-vous des règles pré-élaborées ? Nous fournissons des modèles types pour les règles, mais ce sont des guides de bonne utilisation du produit. En revanche, on essaie de rester dans le modèle attendu par le régulateur : c’est le client qui fait la cartographie des risques et élabore un système de mitigation des risques dans Marble. On ne croit pas aux règles en mode “boîte noire” qui fonctionnent pour tous les clients. Mettez-vous en place un système de partage des données entre clients, pour améliorer la lutte contre la fraude ? Aujourd’hui, on ne partage pas les données entre les clients, mais nous travaillons sur des fonctionnalités qui leur permettront de partager les bonnes pratiques, sur une approche volontaire. Allez-vous intégrer un moteur de machine learning ? Ce n’est pas encore disponible, mais nous allons le construire dans le futur. Aujourd’hui, nous pensons que les modèles doivent être essentiellement basés sur des règles faciles à comprendre. Une fois qu’on aura un système pertinent basé sur des règles, cela vaudra le coup de commencer à investir dans le machine learning. Chaque client a son modèle de données dans Marble et pourra avoir un modèle de machine learning spécifique à ses besoins et non un modèle générique pour le marché. Au fur et à mesure que l’outil va voir passer des transactions, il pourra s’améliorer. Concrètement, cela permettrait de donner des éléments au client puis de le laisser décider s’il souhaite mettre à jour ou pas les règles pour les améliorer, avec une forme de copilotage. Mais nous serons toujours sur des modèles ouverts et transparents pour le client. Nous y travaillons déjà. Comment vous distinguez-vous des solutions existantes ? L’espace est déjà dense, occupé avec beaucoup de solutions différentes : certaines sont verticalisées, par exemple pour l’acquisition cartes pour les marchands avec Riskified. Il existe aussi les logiciels “legacy” qui ont de fortes capacités de machine learning mais sont lourds à installer, et à faire évoluer, comme Fedzai. Je peux aussi mentionner les acteurs américains unit21 et Sardine, très focalisés sur les besoins de l’industrie américaine. De notre côté, nous sommes plus concentrés sur les attentes des sociétés régulées en Europe, en termes de réglementation mais aussi de rails de paiement. La nouveauté que l’on apporte, c’est une boîte de risque simple et rapide à intégrer qui grandit avec les besoins des établissements financiers et leur permet d’ajouter de la complexité s’ils le souhaitent. Notre volonté était de proposer une solution simple à intégrer, permettant de se mettre en conformité avec les attentes du régulateur en quelques jours, et de retirer les contraintes de l’ingénierie. Par ailleurs, Marble a vocation à gérer la fraude et la compliance, alors que traditionnellement les deux sont séparés, l’un étant géré en temps réel et l’autre en batch. Dans les banques, deux équipes séparées gèrent souvent ces deux sujets, alors même que les informations qui sont traitées sont les mêmes. Proposez-vous une installation on-premise ? Notre solution est en SaaS, mais nous nous préparons aussi à des installations on-premise. Aujourd’hui, les grandes banques ont souvent de gros logiciels avec une base de framework achetée en externe et beaucoup d’adaptation et de maintenance locale, et elles sont encore assez peu ouvertes au SaaS. Quel sera votre modèle de facturation ? Nous facturons un coût fixe pour l’accès à la plateforme et un coût dégressif selon le volume d’événements sur lesquels nous rendons une décision. Le but est ainsi d’aligner notre intérêt avec celui du client, qui a des transactions qui augmentent régulièrement. La société a été fondée avec le soutien du start-up studio Logic Founders. Quelle est la répartition du capital ? Le start-up studio est minoritaire et apporte les capitaux nécessaires au lancement du produit et à la recherche des premiers clients. Nous nous préparons à un nouveau tour de table, d’ici quelques mois, en amorçage. Quelle est l’envergure de l’équipe ? Marble compte six personnes, essentiellement des ingénieurs. Je me suis associé avec Pascal Delange, CTO, qui est également un ancien de Shine – il en a été le “head of engineering”. Nous allons ouvrir un poste d’ingénieur dans les semaines qui viennent puis nous renforcerons l’équipe après le seed, sur les développeurs et la partie marketing. Aude Fredouelle conformitéfraudegestion du risquerégulation Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind