Accueil > Investissement > Comment Taurus aide les acteurs financiers traditionnels à tokeniser leurs actifs Comment Taurus aide les acteurs financiers traditionnels à tokeniser leurs actifs La solution suisse de conservation et de tokenisation d’actifs numériques Taurus a construit un écosystème de services pour ses clients institutionnels. Elle travaille avec plus de 25 sociétés, essentiellement bancaires, dont les Françaises Caceis et Delubac. Par Caroline Soutarson. Publié le 28 juin 2023 à 16h18 - Mis à jour le 04 juillet 2023 à 15h22 Ressources Les points clés Taurus combine sa solution de conservation crypto à des services de tokenisation, d’indexing et d’échange d’actifs numériques. La société adresse essentiellement les acteurs financiers traditionnels, se démarquant ainsi de son concurrent américain Fireblocks. Deutsche Bank, le Groupe Pictet, Cedar Mundi Ventures, Arab Bank Switzerland ou encore Lombard Odier sont présents à son capital. “Taurus a été créée en avril 2018 par quatre cofondateurs aux expériences complémentaires : deux spécialisés dans la finance [les managing partners Sébastien Dessimoz et Lamine Brahimi, Ndlr], un dans la cybersécurité et la cryptographie [le chief security officer Jean-Philippe Aumasson, Ndlr] et un avocat qui a travaillé à la Finma, le régulateur financier suisse [Oren-Olivier Puder, Ndlr]”, énumère Victor Busson, CMO de la société que mind Fintech a rencontré lors de l’événement européen dédié à la fintech Money20/20. La start-up, agréée maison de titres par la Finma, affiche ainsi un angle d’attaque résolument tourné vers la finance traditionnelle. Taurus a en effet pour ambition “de construire une nouvelle infrastructure des marchés, et notamment permettre d’acheter et vendre des titres de marchés privés aussi facilement que les titres de marchés publics, les premiers n’étant pas numérisés”, résume Victor Busson. Conservation, tokenisation, indexation et marché secondaire Pour y arriver, l’entreprise a développé plusieurs solutions, à commencer par Taurus Protect, dédiée à la conservation et à la protection des clés privées pour les institutionnels. “L’offre au cœur de notre plateforme est la custody. 100 % de nos clients y ont recours”, affirme le CMO. Taurus Protect est une solution de stockage d’actifs numérique pour les institutions financières qui inclut “le traitement automatisé des opérations sur titres, le paiement des dividendes et la gestion des smart contracts”, indique l’entreprise. La solution a l’ambition d’être agnostique aux blockchains et tokens. Notre Essentiel : Comprendre les crypto-actifs La tokenisation est venue après, avec le produit Taurus Capital, intégré à la solution de custody. Il consiste en “l’émission et la gestion du cycle de vie des tokens qui peuvent prendre la forme de plusieurs actifs : actifs tokenisés (dette, parts de fonds, produits structurés…), monnaies numériques (monnaies numériques de banque centrale et stablecoins), ou même NFT, pour des cas d’usages liés au Web3 (les passeports numériques de produits, les collectibles…)”. “Il y a 24 mois, seuls 10 % de nos clients avaient recours à Taurus Capital. Aujourd’hui, 70 % d’entre eux l’utilisent pour tester ou utiliser la technologie à grande échelle”, assure Victor Busson. Caceis y a notamment eu recours. “Nous avons expérimenté des projets de tokenisation de parts de fonds et de conservation. Nous sommes désormais à un stade de production”, indique le chief digital officer de Caceis Arnaud Misset, qui a recours aux solutions de Taurus depuis deux ans (voir encadré). Caceis va offrir un service de conservation des clés privées à ses clients En contact avec Taurus depuis quatre ans, Caceis a entamé un partenariat avec la cryptotech il y a deux ans, indique à mind Fintech Arnaud Misset, CDO de la filiale de Crédit Agricole. “Nous avons commencé avec la prestation de conservation de clés privées et la tokenisation d’instruments financiers. Sur ces deux points, Taurus nous a aidé à appréhender l’ensemble des enjeux”, se rappelle le CDO. Caceis a en plus obtenu en juin 2023 l’enregistrement PSAN auprès de l’AMF pour le service de conservation d’actifs numériques. “Notre objectif est d’accompagner nos clients sur l’intégralité des actifs et donc, par extension, les actifs numériques”, justifie Arnaud Misset qui indique que Caceis compte une dizaine de collaborateurs travaillant sur les actifs numériques. Taurus a aussi déployé Taurus Explorer, une solution SaaS qui permet de se connecter à plus de dix protocoles blockchain. “Taurus Explorer est la connectivité blockchain qui consiste en l’opération de nœuds pour se connecter à chaque réseau, mais aussi de “l’indexing” de la blockchain, c’est-a-dire la récupération de l’historique des événements liés aux interactions avec la blockchain.” Enfin, quatrième pièce du puzzle : la place de marché d’échange d’actifs Taurus T-DX (pour Taurus Digital Exchange). “Nous opérons un système organisé de négoce qui permet de fournir des solutions de marchés secondaires, résolvant ainsi les problèmes de liquidité et facilitant l’accès aux capitaux”, affirme Victor Busson. Taurus T-DX sert de marché primaire et secondaire et permet d’échanger des actifs numériques et titres tokenisés. 60 % de parts de marché en Suisse Avec ses solutions, Taurus a convaincu “plus de 25 clients dans le monde (sur trois continents et dans 9 pays), essentiellement des banques et progressivement avec des marques”, précise Victor Busson. De manière plus granulaire, la société indique détenir dans son portefeuille de clients : “des banques systémiques, des banques de détail et en ligne, des banques privées, des crypto-banques, des banques d’investissements, et des courtiers”. Parmi ses clients financiers : les Français Caceis (Crédit Agricole) et Banque Delubac & Cie – tous les deux enregistrés PSAN auprès de l’AMF, les Suisses Arab Bank Switzerland, Cité Gestion, Crédit Suisse, le Groupe Pictet, Seba Bank, Swissquote, Bank Syz et Vontobel, et l’Allemand Deutsche Bank – qui a d’ailleurs déposé sa licence pour exercer l’activité de conservation de cryptoactifs auprès de la BaFin. Par ailleurs, Taurus a été intégré à Temenos Exchange, la place de marché dédiée aux applications fintech de l’éditeur de logiciels bancaires suisse Temenos. Côté entreprises “classiques”, le groupe Pernot Ricard émet, gère et stocke ses NFT grâce à Taurus. Au total, la société revendique “60 % de parts de marché en Suisse sur le segment bancaire et être leader sur le marché européen sur notre offre de custody et de tokenisation”, estime le CMO de l’entreprise. Concernant la protection des clés privées, la société est en concurrence directe avec l’Américain Fireblocks et le Suisse Metaco, qui devrait passer sous le giron étatsunien dans les prochains mois, si son acquisition par Ripple aboutit. Face au géant Fireblocks, Taurus mise sur l’expérience dans la finance traditionnelle de ses fondateurs – un point qui a d’ailleurs pesé dans la balance auprès de Caceis, filiale de Crédit Agricole et Santander. “Les cofondateurs, avec lesquels nous dialoguons depuis deux ans, connaissent l’environnement bancaire et disposent des compétences pour appréhender les problématiques relatives aux tokens d’instruments financiers par exemple, ou encore aux smart contrat avec la gestion des opérations sur titre (OST)”, confie à mind Fintech Arnaud Misset, de Caceis. Fireblocks au contraire a plutôt été lancé avec une fibre crypto. Financement Pour mener à bien son développement, Taurus a annoncé en février 2023 avoir réalisé une levée de fonds en Série B de 65 millions de dollars, dirigée par Crédit Suisse. À cette occasion, Deutsche Bank, le Groupe Pictet et Cedar Mundi Ventures ont rejoint les banques privées Arab Bank Switzerland et Lombard Odier, le groupe immobilier coté Investis et la Tezos Foundation, arrivés lors de la Série A de 10 millions d’euros en avril 2020. Après ces deux cycles de financement, les cofondateurs de Taurus “restent les principaux actionnaires de Taurus et à la tête de l’entreprise”, indiquait la société début 2023. Notre Essentiel : L’investissement en capital-risque dans les fintech et insurtech La chute des financements n’a donc pas directement eu un impact sur la start-up genevoise, dont les investisseurs proviennent pour la plupart du secteur bancaire et sont généralement aussi utilisateurs des services. Les capitaux-risqueurs Bartosz Jakubowski (Alven) et Cyril Bertrand (XAnge) indiquaient ainsi à mind Fintech en 2022 que les start-up crypto d’infrastructure et tournées vers les services financiers sont davantage plébiscitées – au moins durant la phase de structuration du marché – par les investisseurs. Taurus réunit ces deux segments. Bartosz Jakubowski (Alven) : “Nous investissons davantage en infrastructure et DeFi que dans les NFT” Cyril Bertrand (XAnge) : “Un tiers de notre futur fonds Web3 devrait être investi en tokens” Expansion géographique Avec les capitaux frais, Taurus souhaite recruter davantage d’ingénieurs pour développer sa plateforme et implanter plus localement des équipes de vente et de service client. “Nous sommes près de 80 collaborateurs aujourd’hui [fin juin 2023, Ndlr] et visons d’être près d’une centaine d’ici la fin de l’année”, prévoit Victor Busson. La société devrait garder un ratio de 70 % de ses effectifs dédié à l’IT et à la sécurité. “Taurus est une entreprise tech. Nous maîtrisons la totalité de la stack technologique en interne : cryptographie, système distribué (blockchain), hardware, software, devOps…”, liste le CMO. Concernant l’ouverture de nouveaux bureaux, Taurus cible des marchés “en Europe, aux Emirats arabes unis, et peu après dans les Amériques et en Asie du Sud-Est”. Paris a récemment été ouvert avec l’arrivée en mai du country manager Arnaud Fleischer, ainsi que Dubaï avec Bashir Kazour (ex-FIS). Caroline Soutarson cryptoactifcryptomonnaietokenisation Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Caceis décroche l’enregistrement PSAN Actifs numériques : Société Générale Securities Services cible les asset managers