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Accueil > Assurance > Comment Tractable assiste les assureurs dans l’évaluation des sinistres

Comment Tractable assiste les assureurs dans l’évaluation des sinistres

Après plus de deux ans d’existence, la start-up spécialisée dans l’IA et le deep learning au service des assureurs dommages envisage déjà de se diversifier. Son défi consiste à gérer sa croissance et à attirer de nouveaux talents. mind Fintech a rencontré son cofondateur Adrien Cohen lors de la conférence DIA Munich 2017.

Par Laura Fort. Publié le 19 janvier 2018 à 12h50 - Mis à jour le 26 mai 2021 à 14h59
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Créée en 2014 et désormais présente dans trois pays (Etats-Unis, Royaume-Uni, France), la start-up Tractable fournit une solution d’intelligence artificielle (IA) qui simplifie la gestion des réparations de véhicules.

Basée à Londres, la société a décidé de se concentrer sur une cible spécifique : les assureurs. D’abord parce que la technologie utilisée est difficilement réplicable à différents domaines ; l’approche verticale d’une industrie est donc incontournable. Mais aussi parce que les assureurs stockent une quantité importante de données. Adrien Cohen, co-fondateur et CCO (chief commercial officer) de Tractable, a ainsi remarqué que les compagnies conservaient des années de photos de véhicules endommagés.

En analysant ces images (l’IA de Tractable s’est “entraînée” avec 300 millions de données de voitures endommagées) et en assignant des tâches de compréhension visuelle à un algorithme, Tractable modernise la gestion des sinistres automobiles. “Après l’envoi de la photo d’un sinistre, l’analyse des réparations à effectuer est instantanée et objective. Cela permet de donner un feedback en temps réel aux réparateurs, qui peuvent ensuite appliquer des techniques précises”, explique Adrien Cohen. Cet outil de contrôle des méthodes et coûts de réparations induit plusieurs bénéfices pour l’assureur : une diminution du coût des réparations (de l’ordre de 40 à 80 dollars par sinistre), une réduction du temps de traitement et une vue en temps réel de l’ensemble des volumes de réparations.

Facturation à l’usage

La dizaine de compagnies clientes de la solution “AI Review”, dont Ageas UK depuis l’an dernier, peuvent l’intégrer à leur propre système informatique de gestion des sinistres. La start-up a fait le choix de servir avant tout les acteurs les plus importants, qui gèrent entre 1 et 2 millions de sinistres par an aux Etats-Unis. Elle facture à l’usage, par sinistre analysé, sachant que chacun de ses clients lui confie entre 5 000 et 10 000 sinistres à étudier par mois et que l’outil est en mesure de traiter la totalité des demandes d’indemnisation. Son potentiel de croissance est encore important, puisque ses clients américains traitent au total plus de 80 000 sinistres par mois.

Quand l’IA aide les assureurs a lutter contre la fraude

Les modules d’intelligence artificielle au service des assureurs représentent un créneau porteur pour les acteurs innovants. Les solutions les plus en vue  sur le marché épaulent les assureurs dans une perspective de lutte contre la fraude. La start-up Shift Technology, qui a levé 28 millions de dollars fin 2017, propose une solution SaaS de détection de la fraude à l’assurance basée sur l’automatisation et le traitement statistique des données. La société s’oriente aussi vers le traitement automatisé des demandes d’indemnisation. Autre acteur présent sur cette partie de la chaîne : le néerlandais FRISS, récemment financé par BlackFin Capital Partners et Aquiline Technology Growth.

Une autre solution est par ailleurs en phase de test aux Etats-Unis, cette fois à destination des assurés. Ceux-ci prennent en photo leur sinistre et la photo leur permet de connaître directement le coût potentiel de la réparation et d’être orienté vers le bon prestataire. Les pièces de rechange peuvent même être commandées en amont de cette façon “Il existe beaucoup de réparations sans intermédiaire aux Etats-Unis ou en Europe centrale. L’intelligence artificielle peut donc permettre de régler un dossier en quelques minutes”, affirme Adrien Cohen. Cet outil parvient à chiffrer les dégâts dans 70% à 80% des cas.

Les enjeux de la diversification

“L’objectif consiste d’abord à croître dans le secteur de l’assurance, étant donné que nous avons déjà des clients. Il sera ensuite possible de nous développer sur d’autres secteurs à l’avenir”, ajoute Adrien Cohen. Tractable pourrait ainsi envisager de se diversifier dans la prédiction du risque de maintenance, par exemple dans le domaine des pipelines, ou dans l’interprétation des données sismiques pour détecter la présence potentielle de pétrole.

Mais si les équipes de Tractable ne manquent pas d’idées pour élargir leur offre, la demande des assureurs est encore supérieure à l’offre que la société est en mesure de fournir, du fait de ressources humaines insuffisantes. Tractable doit ainsi refuser des contrats. “Nous éconduisons des clients potentiels, à la fois pour des questions de volumes minimums de sinistres à analyser et pour des raisons de gestion de notre croissance. C’est pourquoi nous recrutons pour pouvoir absorber de nouvelles demandes de clients”, souligne Adrien Cohen.

La start-up dispose actuellement de 45 personnes à Londres pour la R&D et l’ingénierie, et de 5 personnes à San Francisco pour le volet commercial. Pour se développer, Tractable recrute des gestionnaires de grands comptes, en particulier pour la France, l’Allemagne ou la Pologne. La question d’un déploiement en Asie se posera ensuite. “Nous recherchons aussi des personnes ayant des capacités en deep et machine learning, qui sont des compétences très prisées aujourd’hui”, remarque Adrien Cohen. Tout l’enjeu consiste désormais, malgré les difficultés de recrutement, à conserver ses avantages concurrentiels sur les assureurs et sur les autres géants de la tech.

Tractable : fiche d’identité

Date de création : 2014
Siège : Londres
Nombre de clients : Une dizaine de clients sur 3 pays (Etats-Unis, Royaume-Uni, France)
Production : 5 000 à 10 000 sinistres analysés chaque mois par client
Effectifs : 45
Financement : 9,9 millions de dollars (en deux tours)
Investisseurs : Ignition Partners, Zetta Venture Partners, 415…

Correspondance en Allemagne 

Laura Fort
  • assurance dommages
  • fraude
  • intelligence artificielle

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