Catherine Abiven (Cegedim IS) : “Contre la fraude, l’intérêt du big data en termes de ROI est réel”

Quelle est votre feuille de route chez Cegedim Insurance Solutions ? Dans quelle mesure est-elle façonnée par les évolutions numériques ?

Mon objectif est d’accompagner nos clients – assureurs, mutuelles, institutions de prévoyance, courtiers – face aux évolutions réglementaires (notamment mise en place de la déclaration sociale nominative et du prélèvement à la source). Dans un contexte d’évolution des usages et de pression concurrentielle, cela passe également par le déploiement d’outils numériques, par exemple de selfcare (outils qui permettent au client de gérer lui-même ses contrats, ndlr).

En parallèle, nous assistons à la concentration du marché. Pour les groupes, cela entraîne une nécessaire réflexion autour des systèmes informatiques. Et donc, en tant que fournisseur de progiciels, nous pouvons leur proposer les solutions adéquates. Enfin, le cœur de métier de Cegedim Insurance Solutions était historiquement axé sur la complémentaire santé individuelle. Or, depuis 2016 et l’Accord national interprofessionnel qui oblige les sociétés à fournir à leurs salariés une complémentaire santé, nous assistons également à l’ouverture de notre marché aux contrats collectifs. Je vais accompagner le développement de ce marché, qui porte aussi sur l’extension à la Prévoyance.

Vous travaillez sur le big data. Quels cas d’usage avez-vous identifiés ?

Pour Humanis, nous avons mis au point une offre pour lutter contre la fraude chez les opticiens. Ce dispositif repose sur une cellule big data qui traite les demandes de prise en charge et la facturation. Il utilise à la fois nos propres données, des données externes (alimentées notamment par l’INSEE) mais aussi celles du groupe de protection sociale et permet de détecter les demandes de remboursement incohérentes ou excessives. L’intérêt, en termes de ROI, est réel. Pour Humanis, nous avons chiffré de 1,5 à 2,5 millions d’euros le potentiel d’économies. 25 opticiens ont ainsi été déconventionnés. En octobre 2017, lors de la convention Reavie, nous avons fait une démonstration de cet outil. Plusieurs assureurs se sont montrés intéressés.

Quel est le modèle économique ? Quelles sont les performances de Cegedim Insurance Solutions (chiffres d’affaires, clients, collaborateurs…) ?

Que ce soit concernant nos logiciels, le tiers payant ou la gestion nous facturons à nos clients une licence annuelle, dont le prix est basé sur le nombre de clients finaux. Ce mode de tarification permet à nos clients de lier le coût de nos outils au développement de leur activité et de leurs revenus.

Cegedim Insurance Solutions réalise un peu moins d’un tiers du chiffre d’affaires global du groupe Cegedim (il a atteint 457 millions d’euros en 2017, ndlr). L’édition de logiciels est notre activité principale. Elle représente 50% de notre chiffre d’affaires. Mais c’est notre activité de gestion déléguée qui croît le plus rapidement. Nous comptons 1 000 collaborateurs chez Cegedim Insurance Solutions, dont environ 250 sur le développement pur.

Nous dénombrons à ce jour 210 clients correspondant à 43 millions de personnes protégées. Nos clients sont de toutes tailles : intermédiaires comme la Macif, Klesia, Uneo, LMG, ou Aesio, etc… mais également des poids lourds du secteur comme AXA, Covea et Vyv.