Accueil > Services bancaires > Quel bilan tirer un an après le lancement de Paylib sans contact ? Quel bilan tirer un an après le lancement de Paylib sans contact ? La solution de paiement du groupement de banques françaises Paylib a ajouté en 2017 une nouvelle fonctionnalité avec le paiement sans contact en magasin. Objectif : tenter de dynamiser l’usage d’une solution qui peine à convaincre, malgré la force de frappe potentielle de ses actionnaires. Par Aude Fredouelle. Publié le 06 avril 2018 à 14h38 - Mis à jour le 08 janvier 2021 à 16h08 Ressources En 2017, la solution de paiement Paylib a connu deux évènements marquants de nature à dynamiser sa croissance. D’abord, le groupe BPCE a rejoint le consortium déjà composé des groupes BNP Paribas, Société Générale et Banque Postale ainsi que du Crédit Mutuel et du Crédit Mutuel Arkéa. Ensuite, les banques ont ajouté une nouvelle fonctionnalité au service de paiement en ligne : Paylib sans contact. Cette solution de paiement en magasin a été intégrée au premier semestre 2017 dans les applications des banques membres. En proposant un nouvel usage, les membres du consortium Paylib espéraient enfin faire décoller le dispositif lancé en 2013 comme une alternative à PayPal. En janvier 2017, Paylib revendiquait un demi-million de comptes créés, sans préciser la part de comptes actifs ni le volume de transactions, alors que le groupement englobait à l’époque 40 millions de porteurs de carte. A titre de comparaison, en 2014, quand le Crédit Agricole a abandonné son propre portefeuille électronique Kwixo pour rejoindre Paylib, il avait déjà atteint 600 000 utilisateurs en trois ans. Et la solution de paiement en ligne PayPal annonçait 7,5 millions de membres actifs en France en juin 2017. Déploiement La technologie de paiement NFC a été déployée entre février et avril 2017 par les banques du consortium, soit au sein de leur application principale, comme chez Société Générale ou chez BNP Paribas et Hello Bank!, soit dans une application dédiée aux paiements, comme à la Banque Postale (Mes Paiements), au Crédit Agricole (Ma Carte CA) ou au Crédit Mutuel Arkéa (CMB Paiements). Seul Boursorama ne propose pas cette nouvelle fonctionnalité. “Nous avons réalisé des analyses fines sur l’usage avec des ergonomes et il n’est pas simple de savoir quelle solution sera la meilleure, mais ce qui ressort, c’est que le bouton Paylib doit être très facilement accessible, raconte Hugues Mercier, responsable de l’offre de paiement du Crédit Mutuel Arkéa et membre du groupe de travail de Paylib traitant des sujets opérationnels du collectif. Au Crédit Mutuel Arkéa, nous avons fait le choix d’afficher une icône sur l’écran d’accueil de l’application dédiée aux paiements, fonctionnellement moins riche mais qui permet d’y accéder tout de suite. Mais nous n’avons pas d’avis tranché sur la question. Regardez WeChat ou Alipay, ce sont des applications d’une richesse fonctionnelle incroyable, à l’opposé du modèle simplifié à l’extrême, et elles sont très fortement utilisées par les Chinois pour payer en magasin.” Autre décision à la discrétion des banques : autoriser le paiement par authentification biométrique. Seuls le Crédit Agricole et le Crédit Mutuel Arkéa ont fait ce choix. “Cela délègue l’authentification du paiement et donc les risques de fraude au fabricant du téléphone, reconnaît Hugues Mercier. Mais nous sommes convaincus qu’à terme tout convergera vers la biométrie. Nous considérons que la biométrie relève d’un usage quotidien et que les clients savent à quoi ils s’exposent quand ils enregistrent d’autres empreintes que la leur sur leur téléphone, par exemple.” Fidélisation : pas de projet commun Le groupement Paylib se refuse à lancer collectivement des fonctionnalités de fidélisation et choisit de se concentrer exclusivement sur le paiement. Peut-être parce que certains des membres fondateurs, comme BNP Paribas, ont des intérêts dans Lyf Pay, qui se positionne sur ce créneau. Toujours est-il que Paylib se passe d’une composante qui pourrait pourtant aider à populariser le service. En attendant, certaines banques travaillent timidement sur le sujet : depuis novembre 2017, Société Générale permet à ses clients de stocker leurs cartes de fidélité dans Paylib sans contact. Au moment du passage en caisse, ils peuvent afficher le code-barres pour le scanner. Crédit Agricole permet aussi à ses utilisateurs d’enregistrer leurs cartes de fidélité dans l’application Ma Carte. “Nous allons aussi le proposer sur l’application CMB Paiements et d’autres banques ont prévu de le faire”, révèle Hugues Mercier. “Cela permet aux clients de n’utiliser qu’une seule application au moment du passage en caisse, pour payer et pour la fidélité.” Mais aucun programme de fidélité ni de cashback lié à l’utilisation de Paylib n’est en construction, alors même que ces programmes devraient se multiplier. “Les programmes de fidélité sont lourds à maintenir”, témoigne Hugues Mercier. Partenaires technologiques L’architecture “haute” de Paylib et le système de cartes sont communs, mais chaque banque a choisi son partenaire technique HCE (Host-based Card Emulation) pour mettre en place le paiement sans contact, notamment en fonction du parc de cartes (Visa ou Mastercard), de la compatibilité des solutions et de leur capacité à intégrer les standards de chaque scheme. “Il y avait aussi une question de time-to-market puisque les banques ont été plus ou moins rapides en fonction de la capacité des prestataires”, commente Hugues Mercier. Crédit Mutuel Arkéa et BNP Paribas ont ainsi travaillé avec Antelop Payments, qui propose un SDK (kit de développement) certifié Visa et Mastercard. Le Crédit Agricole s’est tourné vers la start-up Dejamobile et d’autres comme la Banque Postale, Société Générale et BPCE ont choisi le géant Worldline. Paylib a “énormément travaillé sur la partie acceptation, car certaines versions des TPE n’étaient pas compatibles : ils permettaient le paiement sans contact jusqu’à 20 euros mais pas le paiement mobile sans contact au-delà de ce montant (possible avec authentification), rapporte Hugues Mercier. Les banques acquéreurs ont fait un gros effort auprès des commerçants et huit mois après le lancement de Paylib NFC, le niveau d’acceptation du paiement sans contact mobile en magasin avait considérablement augmenté. D’autres solutions en ont d’ailleurs considérablement bénéficié.” Campagne de communication A la suite du lancement de la fonction de paiement sans contact, Paylib a mené une campagne de notoriété grand public en ligne et avec un affichage national à la fin du premier semestre 2017, dont le collectif refuse de dévoiler le budget. A charge ensuite à chacune des banques de promouvoir Paylib auprès de leurs clients, via des outils de communication interne. “Cela a permis d’accroître la notoriété de la marque”, assure Hugues Mercier. Un million de clients enrôlés chez Paylib Aujourd’hui, Paylib revendique un million de clients enrôlés, possédant un wallet Paylib, contre un demi-million début 2017. Mais le collectif refuse toujours de partager les volumes de transactions et la part de clients actifs… Si la campagne de communication a permis de pousser des clients à tester le service, il n’est pas dit que Paylib ait gagné en utilisateurs actifs. Les témoignages des acteurs du marché tendent en tout cas à pointer vers des volumes faibles. “La majorité des clients utilisent Paylib pour la vente à distance”, commente Hugues Mercier, notamment parce que la cible est plus large puisqu’elle n’est pas restreinte à un système d’exploitation. Le lancement de la fonctionnalité de paiement sans contact n’a donc pas permis de faire décoller l’usage : même évangélisé par Apple Pay, le marché reste encore extrêmement restreint. Le panier moyen en VAD est “dans les standards du marché” et sur le paiement en proximité le panier moyen est inférieur au montant moyen d’une transaction carte en magasin. Les clients actifs sur le créneau du paiement en ligne présentent “un niveau d’activité en ligne avec les standards du marché, quand on compare avec d’autres solutions utilisées par nos porteurs de carte”, assure Hugues Mercier. Par contre, sur le paiement sans contact, “l’usage des clients actifs est plutôt modéré”. Cela s’explique selon le responsable par ‘“l’hétérogénéité du parc sur Android”. Autrement dit, les possesseurs de smartphones Android sont en moyenne moins enclins à utiliser le paiement sans contact que les possesseurs d’iPhone car leurs catégories sociales sont très hétérogènes, alors que les utilisateurs iOS sont de manière plus homogène issus de CSP supérieures. Bientôt le P2P pour renforcer les usages Quatre ans après le lancement de Paylib, la solution demeure peu utilisée. Le collectif veut multiplier les usages autour du paiement pour y remédier –comme le fait par exemple Lydia, en proposant le paiement en magasin, le paiement entre particuliers et les virements. Paylib devait intégrer une fonctionnalité de paiement entre particuliers en 2017 mais le projet a été repoussé. “Mettre en place la base interbancaire recensant tous les IBAN a pris plus de temps que prévu et nous souhaitons avoir une taille critique au moment du lancement pour apporter une vraie proposition de valeur”, affirme Hugues Mercier. Les transactions se feront par des opérations de virements SCT classiques, et non pas par une transaction carte. Sur la base du numéro de téléphone du destinataire, les banques pourront “adresser tous les porteurs d’IBAN français pour leur envoyer des fonds”, explique Hugues Mercier. “Si le destinataire possède Paylib, nous connaissons son IBAN et nous pouvons lui envoyer directement les fonds. Si ce n’est pas le cas, il recevra un message qui lui demandera d’indiquer son IBAN.” La STET a été retenue pour gérer le fichier central. Si Paylib a choisi de passer par le virement, c’est que les banques comptent migrer sur Instant Payment par la suite, sur l’infrastructure STET. BPCE et Crédit Mutuel Arkéa ont indiqué qu’ils seraient compatibles dès la fin du premier semestre. “D’autres banques arriveront sur la liste de novembre”, assure Hugues Mercier. Les opérations Instant Payment à destination d’une banque qui n’a pas adhéré repasseront en SCT classique. Le service de paiement P2P sera lancé au premier semestre, assure Hugues Mercier “de manière rapprochée entre les banques membres”. D’autres fonctionnalités suivront pour l’améliorer, comme la possibilité de mettre en place des paiements récurrents, d’envoyer des notifications… “L’objectif de Paylib est d’améliorer l’expérience utilisateur dans le transfert de fonds, analyse Hugues Mercier. Nous tâtonnons, nous faisons évaluer la plateforme en permanence. C’est un marché où le défi n’est pas tant dans l’innovation technologique mais dans l’ergonomie du parcours client : c’est une innovation d’usage.” Google Pay et Samsung Pay débarquent sur le marché Paylib, gouverné par des groupes de travail et un comité de pilotage composé d’un représentant de chaque banque actionnaire,vient enfin de se doter d’un PDG : Vincent Duval. Il aura pour mission de “positionner Paylib comme le moyen de paiement digital de référence en France, d’assurer la protection des données personnelles des utilisateurs et d’optimiser l’expérience client”. Un objectif qui risque d’être compliqué cette année sur le segment du sans contact, avec l’arrivée sur le marché français de concurrents de taille : Google Pay et Samsung Pay. Si ces acteurs peuvent aider à populariser l’usage, ils pourraient aussi cannibaliser les clients des banques du collectif. “Chacun est libre de ses choix et il n’y a pas d’interdiction au sein de Paylib”, assure Hugues Mercier. BPCE a déjà annoncé le lancement de Google Pay pour ses clients au troisième trimestre et Samsung Pay sera introduit en France avant l’été, chez BPCE en premier lieu également. CM-CIC toujours en discussion pour rejoindre Paylib La perspective de pouvoir offrir à ses clients sous Android une solution de paiement sans contact via le consortium Paylib a pu pousser BPCE à enfin entrer au capital de la société. Après cette troisième vague, la société revendique toujours couvrir 40 millions de porteurs de cartes. “Nous allons continuer à nous élargir”, précise Hugues Mercier, responsable de l’offre de paiement du Crédit Mutuel Arkéa. Paylib est en discussion depuis plusieurs années avec Crédit Mutuel-CIC. Les négociations achopperaient notamment sur la question du devenir de Lyf Pay, wallet soutenu notamment par le CIC. “Il faut s’assurer que les marques coexistent, reconnaît Hugues Mercier. Notamment en déterminant ce que fait chacune des marques, quel est le parcours client et comment l’expliquer aux usagers.” Quant à s’ouvrir à de nouveaux acteurs comme N26… “Nous n’avons pas eu de sollicitations à date de la part d’autres acteurs, indique Hugues Mercier. Mais si Paylib correspond à une envie des acteurs de promouvoir la marque et de développer une interbancarité et un usage client lié à la mobilité, nous ne sommes pas fermés”. Aude Fredouelle application mobilebanque de détailbanque en lignepaiement en lignepaiement en magasinpaiement entre particulierspaiement sans contact Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Paiement mobile : où en sont les banques avec Paylib, Apple Pay et Wa/Fivory ? Crédit Mutuel Arkéa lance l’authentification par empreinte digitale pour Paylib NFC Paylib s'ouvre à l'international en se connectant à Masterpass Paylib se dote d’un PDG