Accueil > Services bancaires > Revolut décroche sa licence auprès du régulateur bancaire britannique Revolut décroche sa licence auprès du régulateur bancaire britannique À l'issue d'un processus de plus de trois ans semé d'embûches, la super-app financière Revolut a obtenu une licence bancaire avec restrictions outre-Manche. Un jalon qui va permettre à la banque mobile de capter de nouvelles sources de revenus au Royaume-Uni. Par Antoine Duroyon. Publié le 25 juillet 2024 à 11h10 - Mis à jour le 06 août 2024 à 9h50 Ressources Il aura fallu attendre le cœur de l’été 2024, après trois ans d’attente, pour que le challenger Revolut reçoive enfin sa licence bancaire outre-Manche. La banque mobile aux 45 millions de clients à travers le monde, dont 9 millions au Royaume-Uni, a annoncé le 25 juillet avoir obtenu une licence bancaire avec restrictions auprès de la Prudential Regulation Authority (PRA). Revolut entre désormais dans une phase dite de “mobilisation” ou “autorisation avec restrictions” qui va lui permettre de finaliser la mise en place de son dispositif. Durant cette période, les banques régulées ne peuvent pas détenir plus de 50 000 livres de dépôts. Les régulateurs PRA et FCA mènent des contrôles et des audits pour déterminer si l’établissement est prêt à sortir de la phase de mobilisation pour devenir pleinement opérationnel. Compte tenu de ces restrictions, qui s’appliquent généralement à des banques en cours de lancement et avec peu d’utilisateurs, les clients britanniques de Revolut resteront dans le giron de l’établissement de monnaie électronique Revolut Ltd, jusqu’à la levée des limitations. Deux amendes en Lituanie La fintech avait déposé son dossier de demande de licence en 2021. “Il est essentiel de faire preuve d’ouverture, de transparence et d’honnêteté avec nous, car nous aurons de sérieuses inquiétudes si nous constatons, après examen, que l’entreprise a fourni des informations fausses ou incomplètes“, prévient la Banque d’Angleterre dans une présentation du processus d’agrément. Selon le cofondateur de Bank North Richard Baker, interrogé par mind Fintech, il est probable que Revolut a retiré sa demande avant l’expiration du délai d’examen de 12 mois pour la redéposer par la suite de manière confidentielle. Force est de constater que ces trois années auront été mouvementées. Les comptes annuels au titre de l’exercice 2021 n’ont pas été bouclés à temps en raison de divergences avec le commissaire aux comptes BDO, les liens prétendus entre le cofondateur et CEO Nikolay Storonsky et la Russie ont posé question, la Banque de Lituanie a prononcé en 2023 une amende de 200 000 euros pour un défaut de protection des données des clients et une seconde amende de 70 000 euros a été fixée en novembre 2023 pour un retard dans le dépôt des comptes. À cela se sont ajoutés les départs de plusieurs responsables dans les domaines de la gestion des risques et de la lutte anti-blanchiment, ainsi qu’une structuration du capital qui s’est avérée incompatible avec les règles de la PRA. SoftBank a notamment dû renoncer à sa clause de liquidation préférentielle après la conversion de six catégories d’actions différentes en actions ordinaires. Des recrutements de haut rang Pour tenter de redorer son blason et fluidifier les relations avec les régulateurs, Revolut a fait appel à de grands noms de la City. En 2020, la super-app nomme Martin Gilbert, cofondateur et ancien CEO d’Aberdn, à la présidence de son conseil d’administration. Elle s’appuie aussi sur John Sievwright, qui a été directeur des opérations pour la division internationale de Merrill Lynch. Ces efforts n’auront pas empêché les régulateurs de faire preuve d’une extrême précaution. Dès 2022, Nikolay Storonsky ne parvenait pas à cacher son exaspération. “Nous avons demandé 48 licences dans le monde entier, nous en avons reçu 44, et trois des licences que nous n’avons pas reçues se trouvent au Royaume-Uni“, fustigeait le dirigeant lors du sommet CityUK. Attentisme aux États-Unis Revolut détient depuis 2018 une licence bancaire dans l’Espace économique européen, obtenue auprès de la Banque de Lituanie. Aux États-Unis, la fintech a déposé une demande préalable de licence bancaire auprès de la FDIC en mars 2021, mais n’a pas encore soumis de demande formelle. Au Royaume-Uni, la licence bancaire va lui permettre de détenir les dépôts des clients et de capter de nouvelles sources de revenus grâce au crédit (prêts, cartes…). En contrepartie, la banque doit accepter une régulation renforcée et garantir les dépôts à hauteur de 85 000 livres. Ce dénouement intervient quelques semaines après la publication de résultats florissants au titre de 2023, avec un bénéfice avant impôt de 438 millions de livres et des revenus en hausse de 95 % par rapport à 2022, à 1,8 milliard de livres. Antoine Duroyon banque de détailbanque mobilechallengerrégulation Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Revolut a quasiment doublé ses revenus en 2023 Revolut vise une valorisation supérieure à 40 milliards de dollars