Finary lance une offre de gestion privée pour ses utilisateurs premium

“Nous sommes en train de bâtir une marque en laquelle les utilisateurs ont confiance. Alors pourquoi la diluer au profit de cabinets ? glissait fin 2023 Mounir Laggoune, cofondateur de Finary, interrogé par mind Fintech au sujet de l’évolution d’une offre BtoB pour les CGP. Notre vision consiste à utiliser toutes nos technologies pour fournir nous-mêmes des conseils et les proposer directement à nos utilisateurs.” Aujourd’hui, c’est chose faite : Finary annonce ce 12 septembre le lancement de Finary One, une offre combinant sa plateforme d’agrégation et d’analyse des actifs financiers et ses produits d’investissement à une équipe de gestionnaires privés. 

Jusqu’ici, pour monétiser sa plateforme – qui agrège plus de 20 000 banques et établissements financiers dans le monde, ainsi que des actifs comme l’immobilier, les métaux précieux, les cryptoactifs et les start-up – Finary avait lancé plusieurs offres : Finary Lite (54,99 euros par an pour agréger plus de 2 comptes), Finary Plus (149,99 euros par an, pour accéder aux outils de gestion de budget, à des frais d’investissement réduits et à des conseils) et Finary Pro (349,99 euros par an, pour gérer à la fois son patrimoine professionnel et personnel). “Cette nouvelle offre n’est pas motivée par un besoin de monétisation, puisque nous étions déjà rentables au deuxième trimestre, assure Mounir Laggoune à mind Fintech. L’objectif n’est pas non plus de générer de nouveaux leads, mais de répondre à la demande de certains de nos utilisateurs premium.”

Objectif : 250 millions d’euros de collecte en 12 mois

Finary One combine ainsi “l’expertise de notre équipe de gestionnaires privés, l’accès à des produits exclusifs et la puissance technologique de la plateforme Finary”, indique la société. Elle est pour l’instant portée par un gestionnaire privé en interne, Corentin Hué (ex-ODDO) – trois autres seront bientôt recrutés. 

Quant aux produits proposés, il s’agit dans un premier temps d’assurances vie luxembourgeoises. “Nous co-développons également une assurance-vie française avec Generali et Blackrock, qui est en attente, mais la version luxembourgeoise offre plus de flexibilité et de sécurité”, décrit le CEO. Finary travaille par ailleurs sur un compte-titres et un PEA, “qui arriveront plus tard, car nous voulons proposer notre propre produit, et cela demande des agréments assez lourds”, ajoute-t-il. En attendant, les clients sont dirigés vers des plateformes partenaires. Une autre composante de l’offre est le private equity, notamment sur le secondaire, via des partenaires. “Nous travaillons enfin sur le crédit Lombard, pour l’adosser à l’assurance-vie”.

Finary One est réservée aux clients disposant de 250 000 euros à investir – quelques dizaines de milliers d’utilisateurs de Finary auraient aujourd’hui le profil, glisse le CEO. Objectif : une collecte de 250 millions d’euros sur les douze prochains mois. “Cette activité devrait représenter environ 25 % de notre chiffre d’affaires”, aujourd’hui réparti entre les abonnements existants (80 %) et les commissions de trading crypto, activité lancée en octobre 2023 (20 %). Selon les préférences du client, l’offre est facturée via un abonnement annuel (à partir de 10 000 euros environ) ou Finary se rémunère auprès des distributeurs des produits, avec une commission rétrocédée au client s’il choisit l’abonnement. “Notre promesse n’est pas d’être les moins chers, mais de proposer des prix très compétitifs avec un service très différenciant”, rappelle Mounir Laggoune. 

350 000 utilisateurs, dont environ 7 % paient

A date, Finary revendique 350 000 utilisateurs qui suivent plus de 120 milliards d’euros sur la plateforme, contre 250 000 utilisateurs et 75 milliards agrégés fin 2023. Parmi eux, 150 000 sont actifs, contre 100 000 fin 2023. La vaste majorité des utilisateurs demeurent sur la version gratuite (7 % d’utilisateurs payants en mai 2024, selon une lettre adressée aux actionnaires). Parmi les abonnés, 80 % souscrivent la formule “Plus”.

En 2022, la société avait enregistré 222 000 euros de chiffre d’affaires pour une perte de 3,6 millions d’euros. Fin mai 2024, Finary dégageait 2,6 millions d’euros d’ARR (revenu récurrent annuel) et 30 millions d’euros de cryptoactifs échangés - un volume porté à 50 millions d’euros aujourd’hui, selon le CEO. Sa chaîne Youtube, premier canal d’acquisition de la plateforme, compte 185 000 abonnés, contre 120 000 fin mai dernier. Cinq collaborateurs y sont dédiés, et la société, qui compte 35 salariés, a installé un studio dans ses locaux. “Les bénéfices issus des publicités sur Youtube couvrent même les salaires des cinq collaborateurs, ce qui en fait une activité rentable en elle-même”, se félicite Mounir Laggoune.