Worldline débauche Pierre-Antoine Vacheron pour redresser la barre

Pierre-Antoine Vacheron prendra les rênes de Worldline le 1er mars 2025, a révélé le spécialiste du paiement le 26 février. Il remplacera ainsi, au poste de directeur général, Marc-Henri Desportes, qui assurait l’intérim depuis le départ de Gilles Grapinet en octobre 2024, précipité par une crise profonde du groupe. 

Passé chez Ingenico de 2009 à 2017 (avant son rachat par Worldline en 2020, donc), Pierre-Antoine Vacheron avait notamment pris la présidence exécutive d’Ingenico ePayments, accélérant la diversification du spécialiste des TPE et développant les services de paiement pour les commerçants. Il est ensuite passé chez BPCE, prenant la tête de Natixis Payments en 2018. Il y a piloté le regroupement des activités de paiement, dont celles de Dalenys et PayPlug, mais aussi le lancement de la plateforme de Banking-as-a-Service Xpollens en 2019 et l’entrée au capital de la plateforme d’open banking Bridge en 2022.

Perte nette de 297 millions d’euros en 2024

Avec Worldline, Pierre-Antoine Vacheron s’attaque en effet à un défi de taille. Depuis deux ans, la société dévisse en Bourse, sortant même du CAC 40 en décembre 2023. Son actualité a été marquée à plusieurs reprises par des pannes informatiques ayant affecté un grand nombre de distributeurs, ainsi que par des rumeurs d’offres de reprise hostiles. 

En 2024, Worldline a accusé une perte nette de 297 millions d’euros – toutefois réduite par rapport à 2023, où elle atteignait 817 millions d’euros, selon ses résultats annuels publiés le 25 février. Le chiffre d’affaires ressort à 4,63 milliards d’euros, en hausse de 0,5 %. Les revenus liés aux services aux commerçants, qui représentent plus de 70 % de l’activité, sont en progression de 1,9 %, tandis que les services financiers (19 % de l’activité), impactés par la perte d’un grand client à la suite d’une réinternalisation, enregistrent une baisse de chiffre d’affaires de 5,1 %. Le titre chutait de plus de 16 % en Bourse jeudi, après l’annonce des résultats. 

À fin 2024, la dette nette du groupe s’élèvait à environ 2 milliards d’euros. Worldline s’est engagé dans des efforts de rationalisation qui devraient se poursuivre dans les années à venir. Le groupe a également initié une stratégie de recentrage de ses activités : il serait ainsi prêt à vendre sa branche mobilité, rapportait le journal Les Echos en novembre 2024.

Co-entreprise avec le Crédit Agricole

En janvier 2024, le Crédit Agricole est entré au capital de Worldine à hauteur de 7 % pour soutenir la société, devenant ainsi actionnaire aux côtés de Six Group (10,5 %), Harris Associate (7,98 %) et Bpifrance (7,06 %). Les deux sociétés ont constitué en mars 2024 CAWL, une co-entreprise dont l’ambition est de “créer un acteur majeur des services de paiements aux commerçants en France“, combinant les solutions de paiement de Worldline et les capacités de distribution du groupe bancaire. “Le partenariat entre Worldline et le Crédit Agricole avance avec le lancement initial de produits pour les petites et moyennes entreprises, suivi d’un déploiement progressif de l’offre pour les grandes entreprises en 2025”, assure la société à l’occasion de la publication de ses résultats.

Frédéric Burtz prend la direction des paiements chez BPCE

Au sein du groupe BPCE, Pierre-Antoine Vacheron est remplacé par Frédéric Burtz, nommé directeur du métier paiements, qui conserve par ailleurs la direction générale de BPCE Payment Services, poste qu’il occupe depuis mai 2023. BPCE annonce aussi que Laurent Monéger, déjà directeur de l’innovation, élargit ses responsabilités pour inclure l’open banking et prend la présidence de Xpollens, aux côtés du directeur général Jacques-Olivier Schatz, qui assurait aussi la présidence depuis le départ de Jean Guillaume pour Powens en octobre 2024. Frédéric Burtz et Laurent Monéger sont sous la responsabilité directe d’Yves Tyrode, directeur général Digital & Payments du groupe BPCE. 

“Ces évolutions s’inscrivent dans le projet stratégique Vision 2030 du Groupe BPCE visant à renforcer sa position d’acteur majeur dans le secteur des paiements”, indique le groupe, qui a lancé en février une coentreprise de processing de paiement baptisée Estreem avec BNP Paribas.