Accueil > Services bancaires > Comment le spécialiste du paiement en restaurant Sunday amorce sa relance en Europe Comment le spécialiste du paiement en restaurant Sunday amorce sa relance en Europe Lancée en 2021 avec une solution de paiement par QR code dans les restaurants, la start-up Sunday a réalisé un démarrage tonitruant, avant de réduire la voilure dès 2022, en raison du retournement de la conjoncture économique. Trois ans après, la société franco-américaine a étoffé sa gamme de produits et songe à nouveau à s’étendre en Europe. Par Caroline Soutarson. Publié le 07 mai 2025 à 14h39 - Mis à jour le 07 mai 2025 à 14h49 Ressources Créée en mars 2021 par les cofondateurs de la chaîne de restauration italienne Big Mamma, Victor Lugger et Tigrane Seydoux, ainsi que par l’ex-COO de la marketplace dédiée au bricolage ManoMano, Christine de Wendel (ex-Zalando, Bain & Company), Sunday a introduit le paiement par QR code sur les tables des restaurants français. À l’époque, l’entreprise résolvait un problème historique du secteur : la perte de temps liée au règlement de l’addition, tant du côté des restaurateurs que de leurs clients. Mais surtout, au sortir du Covid, Sunday apportait également une solution à un enjeu sanitaire : un règlement sans contact. Une Série A de 100 millions de dollars L’expérience des cofondateurs, ainsi que le contexte sanitaire, ont convaincu les investisseurs. Un mois après sa création, en avril 2021, Sunday réalise une levée de fonds en amorçage de 24 millions de dollars, menée par Coatue Management. New Wave, Groupe Bertrand et Xavier Niel participent également au tour qui valorise la start-up à 140 millions de dollars post-money. Cinq mois plus tard, la société boucle une nouvelle augmentation de capital : une Série A de 100 millions de dollars, toujours dirigée par Coatue, avec la participation de DST Global. À l’occasion de cette Série A en septembre 2021, Sunday revendique 1,1 million d’utilisateurs ayant eu recours à sa solution de paiement par QR code, dans 1 500 restaurants clients. La société se donne alors quinze mois pour multiplier sa clientèle par dix, selon TechCrunch. Côté effectifs, la société dénombre alors 170 salariés, contre 40 lors de la levée en amorçage, en avril. Elle annonce alors vouloir doubler ce nombre en un an, pour améliorer son produit et s’étendre dans de nouveaux pays – en plus de son siège social aux États-Unis, à Atlanta, Sunday a aussi effectué des recrutements au Royaume-Uni, en Espagne, au Canada et en France. Début 2022, la fintech, qui revendique 5 200 restaurants clients de sa solution dans ces cinq pays, ouvre également le Portugal et l’Italie. Des lancements sur les marchés belge, néerlandais et allemand sont aussi prévus cette année-là, “avant l’été”, avaient appris Les Echos. Mi-2022, Sunday fait machine arrière Toutefois, le retournement du contexte économique a finalement compromis ces plans. Après une année 2021 particulièrement propice au financement des start-up – le secteur fintech/insurtech en particulier a “surperform[é] la hausse globale des levées de fonds (+130 % tous secteurs confondus)” en France, analysait Alban Dohin, M&A associate au sein du cabinet de conseil eCAP PARTNER à l’époque -, le marché s’est brusquement durci en 2022, entraînant une baisse des financements et une chute des valorisations, etc. Comme le reste de l’écosystème tech, Sunday en a subi les conséquences. En juin 2022, le quotidien Les Echos révèle ainsi le licenciement de près de 90 personnes, sur un effectif de plus de 400 salariés, ainsi que la fermeture de plusieurs marchés. Le mois suivant, Sifted précise que quatre des sept marchés ouverts sont concernés : l’Espagne, le Portugal, le Canada et l’Italie. La Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne n’ont, quant à eux, finalement jamais été lancés. “Lorsque le marché était haussier, il s’agissait avant tout de croître, d’ouvrir de nouveaux marchés, sans se soucier d’avoir un business model sain, analyse a posteriori Charles Conques (ex-Uber), GM Europe de Sunday. Avec le retournement de la conjoncture, la logique de robustesse financière est devenue plus importante. Sunday s’est recentré sur ses marchés les plus porteurs, la France en tête.” Une offre de produits complète pour les restaurateurs Dans ce contexte, la direction de Sunday a priorisé sa stratégie de développement produit et a étoffé les fonctionnalités autour de son service de paiement par QR code. Ce code permet désormais de consulter le menu, de partager l’addition, de laisser un pourboire, un avis ou encore, d’obtenir un reçu. La start-up a aussi enrichi son offre de règlement pour gérer davantage de flux de paiements. En plus du QR code, Sunday propose également des solutions d’order & pay, de click & collect et de TPE. La société met à disposition des restaurateurs des terminaux de paiement PAX fonctionnant sous Android et “connectés aux principaux logiciels de caisse du marché, comme Micros (Oracle) et PI-Electronique, ainsi qu’aux plus récents, comme Lightspeed et L’Addition. Nous couvrons une bonne partie du parc en France”, assure Charles Conques. Les moyens de règlement sont par ailleurs reliés à des services de fidélité, comme la solution Paytronix outre-Atlantique, Como outre-Manche ou encore Hey Pongo dans l’Hexagone. Concernant les prestataires de service de paiement (PSP), “Sunday travaille essentiellement avec Checkout.com en Europe et Stripe aux États-Unis, ainsi qu’avec Nepting et Market Pay”, liste le GM Europe. La start-up fournit également des briques de réconciliation comptable et de suivi des performances, notamment via son application mobile. “Initialement, l’application devait être un outil de lecture pour les chefs de rang et les managers : gestion du service, règlement des additions, notification d’un mauvais avis en temps réel… se rappelle Charles Conques. Nous y avons ensuite intégré des fonctionnalités managériales pour la fin de service : calcul du chiffre d’affaires, ventilation par serveur, satisfaction client… Plus récemment, nous avons aussi ajouté un service de redistribution de pourboires digital, pour pallier le manque d’espèces, mais aussi un module d’onboarding du personnel et de gestion administrative.” Diversification des sources de revenus En plus de favoriser le cross-selling, l’ajout de services, à la fois côté paiement et côté restauration, a permis à Sunday de multiplier ses sources de revenus et de les pérenniser. En effet, alors que la société misait uniquement sur “un système de commission à la transaction avec le paiement par QR code, l’ajout des TPE et de services annexes a introduit une partie d’abonnement dans l’équation, sur le modèle des plateformes SaaS”, décrit Charles Conques. 2 500 restaurants clients Avec cette offre de services consolidée, Sunday revendique avoir doublé son portefeuille de clients en 2024. Toutes zones géographiques confondues, “nous comptons 2 500 clients. Nous en souhaitons 1 000 de plus en France dans les douze prochains mois”, affirme Charles Conques. Selon le GM Europe, il n’y a pas de client type. “Au début, nous destinions notre solution aux restaurants indépendants et aux petits groupes, notamment ceux à forte fréquentation. Mais, à mesure que notre offre de produits a évolué (back-office, comptabilité, process pour les restaurateurs…), nous avons pu cibler des groupes plus importants en termes de taille. Nous jouons désormais sur trois tableaux : la clientèle enterprise (les grands comptes qui ont un volume d’affaires élevé), les pépites (restaurants qui s’ouvrent dans de grandes villes et/ou dans des lieux touristiques) et l’entièreté du secteur pour notre offre de TPE.” 30 % de l’activité aux États-Unis Trois ans après la réduction drastique de sa couverture géographique, la start-up est principalement active dans les trois pays dans lesquels elle s’était recentrée. “La France représente environ 50 % de notre activité, le Royaume-Uni 20 %, et 30 % pour les États-Unis, qui est notre marché en plus forte croissance”, précise Charles Conques. Les ambitions d’expansion à l’international sont néanmoins toujours présentes, en Europe plus particulièrement. “Nous avons une activité embryonnaire en Allemagne, avec une grosse cinquantaine de restaurants clients, ainsi que des présences en Espagne, en Italie et en Belgique, où opèrent certains de nos clients internationaux”, affirme le responsable Europe. 2 milliards de dollars de paiements processés Sunday revendique avoir traité 50 millions de paiements en 2024 et enregistré plus de 2 milliards de dollars de transactions depuis son lancement en 2021. “Nous prévoyons d’en traiter entre trois et quatre milliards de dollars en 2025, au niveau mondial”, confie Charles Conques à mind Fintech. Sunday ne communique pas son chiffre d’affaires. La fintech compte “140 collaborateurs, dont 90 en France, qui constituent une bonne partie de notre pôle technique d’une cinquantaine de personnes (développeurs, équipes produit et infrastructure)”, souligne le GM Europe. 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