Assurance paramétrique : BlackFin Tech investit 2 millions d’euros dans une insurtech française

Tanguy Touffut, directeur général d’AXA Global Parametrics (filiale d’AXA dédiée à l’assurance paramétrique) jusqu’à octobre 2018, lance officiellement sa propre insurtech, Descartes Underwriting. La société annonce une levée de deux millions d’euros en equity auprès du fonds fintech BlackFin Tech. Tanguy Touffut assure que plusieurs assureurs étaient prêts à investir dans l’insurtech, mais que les cofondateurs (lui-même en tant que président et Sébastien Piquet, directeur général) ont préféré se tourner vers un fonds de capital-risque pour plus d’indépendance. Les cofondateurs restent majoritaires au capital.

Descartes Underwriting veut utiliser l’analyse de données pour commercialiser des produits d’assurance dommages sur mesure pour des grands comptes, principalement pour couvrir des risques catastrophiques. “L’assurance paramétrique permet de faire baisser le tarif des primes en économisant les coûts de gestion des sinistres, d’assurer un règlement plus rapide et de répondre au mieux aux besoins des clients avec des produits sur-mesure”, nous indiquait Tanguy Touffut en 2017 lors d’une interview.

La société a été inscrite comme courtier d’assurance ou de réassurance (COA) à l’Orias en novembre 2018. “Nous nous appuyons sur le bilan de grands assureurs ou réassureurs pour souscrire des produits d’assurance en leur nom”, indique Tanguy Touffut. La société se rémunérera en prélevant une commission à ses partenaires.

Des primes unitaires de 100 000 à 500 000 euros

Descartes Underwriting recueille donc des données brutes issues de diverses sources pour comprendre la fréquence et la quantité d’un risque donné, mieux l’appréhender et développer des produits adaptés. Ces algorithmes utilisant notamment des techniques de machine-learning modéliseront de nouveaux produits d’assurance paramétrique. “Le but n’est pas de prédire mais de probabiliser : plus on a des données précises et fines, mieux on est armés pour gérer les sinistres”, indique Tanguy Touffut.

Depuis quelques mois, les fondateurs ont commencé à développer les premiers modèles. “Nous nous intéressons dans un premier temps aux risques naturels, souligne le responsable : le déplacement de bâtiments ou les mouvements du sol dus aux tremblements de terre ; l’impact des algues sur le tourisme ou l’aquaculture ; les risques de grêle…” Le produit sur la grêle est opérationnel, celui sur les tremblements de terre en cours d’affinage.

100 millions d’euros de primes “à moyen terme”

Le dirigeant assure avoir déjà signé “plus de cinq partenaires assureurs et réassureurs” et “plusieurs contrats avec des grands comptes grâce à des courtiers partenaires”. “Nous visons de 100 000 à 500 000 euros de prime par contrat”, indique-t-il. Mais la société pourrait monter à terme sur des contrats bien plus élevés. Tanguy Touffut vise “plus de 10 millions d’euros de primes” d’ici la fin de l’année et 100 millions d’euros de primes “à moyen terme”, d’ici quatre à sept ans environ.

“Jusqu’ici, pléthore de start-up ont travaillé sur ce sujet mais aucune n’atteindra une taille importante à moyen terme, assure le président. De notre côté, nous avons des porteurs de risque avec des capacités importantes et nous allons pouvoir assurer des montants conséquents car ils ont une confiance forte dans notre capacité à modéliser les risques.” Contrairement à d’autres sociétés comme le londonien Skyline Partners, qui visent les risques climatiques dans des pays émergents (en l’occurrence, ceux touchant le secteur agricole en Inde dans un premier temps), Descartes Underwriting mise avant tout sur les grands comptes des pays développés.

La société ne compte pour l’instant que quatre collaborateurs mais montera à dix d’ici septembre 2019, notamment “avec des profils de mathématicien”. La société mise sur une expansion internationale rapide : hors de l’Espace Économique Européen, “nous n’interviendrons pas en tant que souscripteur mais créateur de produits : nous conseillerons nos partenaires assureurs sur les risques et sur la tarification”, explique Tanguy Touffut. Ce dernier indique également le lancement à terme “d’autres business adjacents”, sans vouloir encore en dévoiler davantage.