Accueil > Services bancaires > Banque au quotidien > La Fabrique by CA : comment le Crédit Agricole apprend à industrialiser la création de start-up La Fabrique by CA : comment le Crédit Agricole apprend à industrialiser la création de start-up La Fabrique by CA, start-up studio du Crédit Agricole, a été lancée en janvier 2018. Objectif : “utiliser toutes les ressources du groupe pour créer et développer de nouvelles entreprises”. Un an et demi après le lancement, l’entité a vu naître quatre projets. Premier bilan. Par Aude Fredouelle. Publié le 31 mai 2019 à 11h32 - Mis à jour le 31 mai 2019 à 11h32 Ressources La Fabrique by CA est opérationnelle depuis l’été 2018, indique Anaïs Desmoulins, COO, ancienne consultante spécialisée en transformation numérique chez Capgemini Consulting, partie pour lancer le projet avec Laurent Darmon, ex-directeur du digital chez Crédit Agricole SA. Les deux dirigeants de la nouvelle entité se sont donné pour objectif de développer des services “utiles pour les clients du Crédit Agricole, mais pas seulement”, nous assurait Laurent Darmon, CEO de La Fabrique, en juin 2018. Et pour y parvenir, l’entité s’est attelée à développer deux savoir-faire : d’abord, la construction de solutions et start-up et leur industrialisation. Ensuite, la création d’une hybridation avec le Crédit Agricole : “ce que l’on développe doit être distribué dans le groupe ou s’appuyer sur sa puissance en mobilisant ses ressources, afin que le taux d’échec des projets soit moins élevé que celui du marché des start-up”, commente Anaïs Desmoulins. Son pari : réussir à “industrialiser l’accélération des start-up grâce au réseau et dépasser les difficultés habituellement observées sur le marché : soit les start-up nouent des accords mineurs avec les grands groupes, soit elles sont rachetées et intégrées et perdent leur ADN et capacité d’innovation.” Le fonctionnement du start-up studio se veut assez classique quant au processus de création d’un projet. Les idées peuvent provenir de besoins des clients du groupe non satisfaits ou d’une observation du marché, notamment à l’étranger. “Systématiquement, on réfléchit à “l’avantage compétitif” que l’on pourrait avoir à se lancer avec le Crédit Agricole”, note la COO. 6 à 8 mois pour sortir un produit viable Cinq “territoires” – des marchés porteurs sur lesquels les clients notent des “points de souffrance” et qui ne sont pas en contradiction avec la stratégie du groupe – ont été définis par La Fabrique : la démocratisation de l’approche patrimoniale avec une dimension numérique ; l’adaptation aux nouveaux modes de consommation digitale et la gestion de l’identité numérique ; les outils de gestion et services financiers pour les entrepreneurs (un domaine proche du coeur de métier du Crédit Agricole) ; le “néo-mutualisme” et l’ancrage du Crédit Agricole dans des valeurs ; et enfin l’agriculture. Les idées naissent au sein de la Fabrique, avec une ambition de 3 à 4 start-up créées par an. Une fois un problème identifié, il est passé au filtre d’une liste de critères développée en interne. S’il survit à l’examen, une proposition de solution et de business model est apportée. “Nous nous laissons trois semaines pour tester l’idée et déterminer s’il y a une réponse positive, avec un financement équivalent à du love money, commente la COO. Si cela fonctionne, nous passons à une phase de tests plus lourd.” Un “project manager” entre ensuite en jeu et dispose de 6 à 8 mois pour sortir un produit viable – pas seulement un PoC ou MVP – avec un financement de type amorçage de quelques centaines de milliers d’euros. Intervient alors le “spin-off” : la création d’une structure et la recherche d’un dirigeant pour la porter. “Un travail de roadshow au sein du groupe intervient également très tôt dans le processus, ajoute Laurent Darmon. L’une de nos start-up déjà créées pourrait par exemple ouvrir sous peu son capital à une grosse filiale du groupe.” La Fabrique est capable de financer plusieurs séries A… mais pas de série B : les start-up devront à ce stade ouvrir leur capital à des investisseurs extérieurs. Mutualisation des ressources L’équipe est désormais composée de 10 personnes, contre 8 en juin 2018. Tous ont été recrutés en externe et non au sein du groupe Crédit Agricole. “Nous avions besoin de compétences très spécifiques et d’une énergie et dynamique propres à l’univers des start-up, commente la COO. Les collaborateurs ont en moyenne une trentaine d’années et nous avons recruté beaucoup de profils issus de cet écosystème, comme des anciens entrepreneurs ayant revendu leur entreprise.” Concrètement, l’équipe est composée de 10 collaborateurs dédiés à la Fabrique (notamment pour la gestion RH et financière des projets, les compétences techniques, l’UX…) dont cinq “project managers” : chacun est en charge du développement d’un projet spécifique et a vocation à en changer une fois qu’il prend son indépendance (ou à rejoindre la start-up créée, le cas échéant). Pour améliorer l’efficacité de la création de start-up, La Fabrique travaille sur “une industrialisation des process et des bonnes pratiques, la mise en commun d’outils, d’écosystèmes, de langage de développement et de réseaux de freelances”, indique la COO. Les développements techniques ont été principalement externalisés jusqu’ici, mais la structure souhaite progressivement les internaliser. Les start-up partagent aussi des locaux, en plein coeur de Paris, et bénéficient de la gestion RH et financière de la CFO de la Fabrique ainsi que de l’expertise technique de Simon Parisot, CTO. Quatre start-up déjà créées Un an et demi après la création de la Fabrique, quatre start-up ont été créées et sont en phase de prendre leur envol. La première, baptisée Hucha et officiellement créée en décembre 2018, a pour but de développer des solutions de diagnostic financier personnel. Un premier cas d’usage a été développé : l’adaptation à un usage en ligne de Trajectoires Patrimoine, une démarche de conseil patrimonial développée pour les conseillers en agence. L’outil en ligne, destiné aux clients mais aussi aux prospects, a été lancé en pilote avec la Caisse Pyrénées Gascogne et sera déployé d’ici la fin de l’année dans les autres Caisses. Hucha commercialise la solution en marque blanche mais “nous n’excluons pas une revente de la start-up auprès du groupe, qui nous permettrait de réaliser une plus-value à investir dans d’autres projets”, souligne Laurent Darmon. Le sujet est en effet stratégique pour le Crédit Agricole et l’outil a été pensé en collaboration avec les métiers. L’entité n’a pas encore recruté de dirigeant externe : son président est Laurent Darmon et sa directrice générale Sabine Fillias, CFO de La Fabrique by CA. Le second projet vise les professionnels. La Fabrique a obtenu la licence d’exploitation de “Je suis entrepreneur”, site d’information pour les pros développé par le Crédit Agricole et qui compte un million de visiteurs par an, pour en faire une plateforme plus globale d’accompagnement à la création d’entreprise, avec un écosystème de services dédiés à la gestion d’entreprise. Dans un premier temps axée sur les artisans et commerçants, elle permet de créer un business plan, trouver un lieu d’implantation, accéder à des indicateurs sur les concurrents, l’immobilier, les points d’intérêt à proximité, les obligations réglementaires… Elle aide aussi les utilisateurs à générer des tableaux financiers, à améliorer leur business plan et à évaluer leurs besoins en financement… avant de leur proposer des produits du Crédit Agricole. “A terme, nous verrons si nous l’ouvrons à d’autres, assure Anaïs Desmoulins. Mais l’enjeu de cette plateforme est avant tout l’acquisition de clients professionnels pour le groupe, car les coûts d’acquisition sont élevés sur cette cible et car les pros ont peu l’habitude de changer d’outils ou de banque.” La monétisation n’est pas encore à l’ordre du jour mais à terme, un principe de licence et de commissionnement sur l’apport de leads est envisagé. Un CTO est déjà dédié au projet et un CEO doit arriver sous peu. Le troisième projet est une plateforme à destination des associations, qui doit sortir en juin 2019. Un entrepreneur extérieur a apporté le projet à La Fabrique, avec “une idée, un business model et un socle technique déjà très riche”, explique Laurent Darmon. La Fabrique est donc minoritaire au capital. La start-up compte une quinzaine de collaborateurs. Le dernier projet, réflexion autour du crédit, a abouti à la création en mai 2019 de Crédit Agricole Lending Services, dédié à la création de services liés au financement pour les corporates, “notamment pour les cas d’usage complexes avec la syndication, les contre-garanties ou l’exposition à d’autres tiers, qui ne sont pas encore digitalisés“, précise Laurent Darmon. Un premier cas d’usage autour de la syndication est pour l’instant étudié et un PoC va être réalisé en juin 2019. S’il est pour l’instant interne au groupe, “il a vocation à être ouvert au-delà”. À chaque start-up sa répartition du capital La Fabrique est en train de tester plusieurs modèles de répartition du capital, selon “l’apport de valeur du Crédit Agricole et du dirigeant” et “si le sujet est plus ou moins coeur de métier par rapport à la banque”, égrène Laurent Darmon. La Fabrique détient par exemple 100% de la plateforme pour les professionnels “Je suis entrepreneur”, alors qu’elle est minoritaire dans le projet associatif. Elle pourrait libérer une partie du capital lors de l’arrivée d’un CEO dans chaque projet, et ouvrir certaines start-up à d’autres acteurs à partir de la série B. Les project managers vont désormais délaisser les premiers projets, pour lesquels sont recrutés des dirigeants, et se tourner vers une nouvelle promotion de start-up de La Fabrique. L’environnement de l’agriculture, encore inexploré, sera probablement l’objet de la prochaine. “Au global, nous avons une quinzaine d’idées à prototyper et tester”, prévient Anaïs Desmoulins. la fabrique by ca Création : janvier 2018Projet : création d’un start-up studioFinancement : NCEffectifs : 10 collaborateursObjectif : 3 à 4 start-up créées par anStart-up créées : 4 (Hucha pour le diagnostic financier, plateforme pour les professionnels Je suis entrepreneur, plateforme pour les associations et Crédit Agricole Lending Services, services autour des financements pour les corporates)Dirigeants : Laurent Darmon (CEO), Anaïs Desmoulins (COO), Sabine Fillias (CFO), Simon Parisot (CTO) Aude Fredouelle banque de détailincubateurstart-up Besoin d’informations complémentaires ? 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