Accueil > Services bancaires > Arun Tharmarajah : “La carte TransferWise a enregistré 50 millions de transactions depuis son lancement” Arun Tharmarajah : “La carte TransferWise a enregistré 50 millions de transactions depuis son lancement” Créé en 2011, l’acteur britannique des transferts internationaux TransferWise revendique 7 millions de clients dans le monde. Son responsable Europe Arun Tharmarajah revient pour mind Fintech sur le développement de la société, notamment en BtoB, le partenariat signé en 2018 avec BPCE, le déploiement du compte multidevise et de la carte de débit... Par Aude Fredouelle. Publié le 09 juin 2020 à 17h45 - Mis à jour le 28 janvier 2025 à 15h54 Ressources Pouvez-vous faire le point sur le développement de TransferWise ? Nous comptons 7 millions de clients dans le monde, particuliers et entreprises [contre 5 millions il y a un an, ndlr], et nous gérons 4 milliards d’euros de transactions chaque mois. Nous estimons que nous permettons à nos clients d’économiser 1 milliard d’euros chaque année grâce à TransferWise. Nous proposons 1 600 “routes” entre différentes devises, avec environ 50 devises disponibles. Dans certains pays, il est seulement possible de recevoir de l’argent via TransferWise et dans d’autres, il est possible d’envoyer et de recevoir de l’argent. TransferWise compte 2 200 collaborateurs de plus de 70 nationalités différentes dans le monde, dans 14 bureaux. Vous vous êtes lancés en vous concentrant sur les échanges entre pays développés, contrairement à d’autres nouveaux entrants qui ont mis l’accent sur les échanges entre pays en voie de développement et pays développés. Est-ce toujours le cas ? Nous avons en effet débuté avec l’euro et la livre britannique mais désormais, notre mission est de permettre les transferts d’argent dans tous les pays du monde, de manière instantanée et, à terme, gratuite. Nous avons commencé par viser les pays développés mais notre but est d’être présent partout. Que voulez-vous dire par “à terme, de manière gratuite” ? Aujourd’hui, TransferWise facture des commissions à ses clients… Notre mission est de parvenir à la gratuité. Si vous envoyez un mail depuis la France vers le Canada, cela ne vous coûtera pas plus qu’un mail partant de France pour aller en France. Nous voulons que le principe soit le même pour l’envoi d’argent et que vous ne payiez pas plus cher pour envoyer de l’argent depuis la France au Canada que de la France à la France. Et même si cela n’est pas encore tout à fait possible, nous avons déjà baissé nos prix sur un certain nombre de “routes” car lorsque nos coûts diminuent, nous répercutons cette baisse auprès de nos clients. Nous pensons que nous parviendrons à les diminuer de plus en plus pour atteindre un jour la gratuité. Quel sera alors votre business model ? Plus nous grossissons, plus nous pouvons contraindre nos coûts en augmentant les volumes que nous transférons à travers notre réseau. Par ailleurs, nous avons noué des partenariats avec des banques partout dans le monde et nous leur permettons d’utiliser TransferWise pour que leurs propres clients n’aient pas à subir les frais cachés et les taux de change habituellement associés aux transferts d’argent à l’international. Ces partenariats nous aident à accélérer notre croissance et nos volumes et à diminuer nos coûts. Combien de ces partenariats BtoB ont été signés ? TransferWise for banks est une activité clé pour nous, que nous cherchons à faire grandir. De plus en plus de banques intègrent le service de TransferWise dans leurs propres applications. Nous venons par exemple d’annoncer la signature d’Activo Bank, au Portugal, une banque pour les “millennials” qui souhaite offrir un service transparent et à bas coût à ses clients. TransferWise lui permet de se différencier de ses concurrents qui facturent généralement des frais élevés et cachés. En tout, nous avons déjà signé avec neuf banques, dont N26, Bunq, Monzo, mais aussi BPCE en France. Le partenariat avec BPCE a été annoncé mi-2018. Est-il en production ? Non, nous travaillons à la mise en production. BPCE est une grande banque avec de nombreuses entités. Le déploiement prend du temps. Comment est facturé TransferWise for banks ? Nous ne communiquons pas ces informations. Plusieurs de vos concurrents misent sur un grand nombre de “points de vente” partenaires permettant de récupérer les fonds envoyés en espèces, alors que vous ne proposez que les virements sur des comptes bancaires. Cela ne pose-t-il pas problème pour servir les populations non bancarisées des pays en développement ? Pour des raisons réglementaires mais aussi pour garder nos coûts le plus bas possible, nous ne proposons pas de retraits d’espèces. Les clients reçoivent l’argent par virement sur leur compte bancaire et dans certains marchés, notamment asiatiques, nous travaillons avec des fournisseurs de wallets. Nous avons par exemple annoncé un partenariat avec Alipay, qui compte 1,2 milliard de wallets en Chine. L’inclusion financière est un sujet important pour nous et en effet, sur certains marchés, l’accès à un compte bancaire est difficile. Il est déjà possible d’envoyer de l’argent avec TransferWise via virements au Ghana, Egypte, Kenya, Maroc, Nigéria, Tanzanie, Ouganda, Zambie, l’Afrique du Sud et tous les pays qui utilisent le franc CFA en Afrique de l’Ouest, mais une équipe travaille pour explorer les alternatives sur les marchés africains. Nous essayons d’intégrer de plus en plus de wallets. Au Kenya, les clients de TransferWise peuvent envoyer de l’argent via M-Pesa, le compte mobile, sans avoir besoin d’un compte bancaire. Quelle est votre stratégie d’acquisition ? 80% de nos clients viennent du bouche à oreille. Vous disiez vouloir proposer des transferts de plus en plus instantanés. Où en êtes-vous aujourd’hui sur le sujet ? Nous avons été l’une des premières sociétés de transfert d’argent à devenir membre de SCT Inst dans l’Union européenne, ce qui nous a permis d’atteindre un pourcentage élevé de transactions instantanées. Actuellement, 55 % des transferts TransferWise vers un compte en euro sont instantanées – en deçà de 20 secondes, et nous voulons même améliorer ce délai. Nous utilisons le réseau Faster Payments au Royaume-Uni, et nous avons aussi annoncé récemment que nous réalisons des paiements instantanés vers le Japon en yen. Nous annonçons de plus en plus de routes instantanées. Nous sommes en discussions avec des nombreux schemes de paiement partout dans le monde, soit parce qu’ils ont déjà un système de paiement instantané dont nous voulons être partenaire, soit pour étudier avec eux comment en créer un. [TransferWise a par ailleurs annoncé le 9 juin le lancement d’une fonctionnalité permettant à tous les titulaires d’un compte multidevises “Borderless” d’effectuer des virements transfrontaliers instantanés à leurs contacts téléphoniques disposant également d’un compte TransferWise, ndlr]. Vous avez lancé en 2018 le Borderless account, un compte multidevise avec une carte de débit. Où en est son développement ? Le compte multidevise est disponible dans plus de 170 pays. La carte est disponible en Europe, Australie, Nouvelle-Zélande, Singapour et aux Etats-Unis, mais elle fonctionne partout dans le monde et donne accès à des comptes en euros, dollars américains, livres sterling, zloty polonais, dollars australiens, dollars néo-zélandais. Vous pouvez donc être payés comme si vous résidiez dans ces pays sans convertir de l’argent et payer des frais supplémentaires. “Le compte Borderless est un succès : nous comptons plus de 2 milliards de livres de dépôts” Arun Tharmarajah Responsable Europe de TransferWise Le compte Borderless est un succès : nous comptons plus de 2 milliards de livres de dépôts. Concernant notre carte de débit, nous avons enregistré 50 millions de transactions depuis son lancement. Nous souhaitons désormais la déployer dans davantage de pays afin que nos clients puissent dépenser l’argent de leur compte Borderless par ce biais. Quels sont vos résultats financiers ? Pour l’exercice clos fin mars 2019, notre chiffre d’affaires annuel a augmenté de plus de 53 % et s’élève à 179 millions de livres sterling (200 millions d’euros). Nous avons enregistré un bénéfice net après impôts de 10,3 millions de livres sterling (11,5 millions d’euros). Nous dégageons des bénéfices constants depuis 2017. Quel impact a le règlement européen entré en vigueur le 19 avril dernier qui oblige les prestataires de services de paiement à communiquer le taux de change et les frais appliqués lors des paiements, retraits ou des transferts d’argent à/vers l’étranger, sur le marché ? Nous sommes ravis de cette réglementation qui sera mise en application cette année et l’année prochaine car nous demandons depuis longtemps davantage de transparence. Mais la transposition du règlement européen dans chaque pays n’est pour l’instant pas très satisfaisante. Par ailleurs, le problème est que ce texte ne s’applique pas aux devises non-européennes, ce qui crée de la transparence pour certains transferts, mais pas pour d’autres. 52 % des Français qui ont transféré de l’argent dans les 6 derniers mois l’ont fait hors de l’Union européenne. Comment voyez-vous les initiatives de banques traditionnelles créant des sociétés concurrentes à la vôtre, comme Santander avec PagoFX ? Nous sommes ravis de voir émerger des entités de banques traditionnelles prônant une plus grande transparence sur les paiements internationaux et leur tarification. Mais ce que nous souhaiterions avant tout, c’est que les banques traditionnelles elles-mêmes garantissent cette transparence… Comment vous différenciez-vous des autres nouveaux entrants comme Remitly, WorldRemit, Azimo… ? Pour nous, la concurrence est bénéfique car elle offre aux clients davantage de choix dans les routes et les méthodes de paiement. Nous proposons sur notre site un outil de comparaison de prix incluant les banques traditionnelles et ces nouveaux acteurs. Si nous n’offrons pas le tarif le plus attractif sur une transaction donnée, alors nous conseillons au client l’un des services concurrents. Nous pensons que cela participe à la construction d’une relation de confiance… Et en parallèle, nous faisons en sorte de devenir le moins cher sur la transaction donnée. En tout cas, notre tarif est en moyenne 3 à 4 fois moins cher que les banques traditionnelles, parfois plus. Arun Tharmarajah 2017 – : responsable Europe chez TransferWise 2011 – 2017 : analyste, manager puis directeur associé institutions financières chez Barclays Formation 2011 : master MSc Économie appliquée, Université de Nottingham 2010 : licence en économie, Université de Nottingham TransferWise Création : 2011 Nombre de clients : 7 millions (particuliers et entreprises) Déploiement : 1600 routes, 50 devises Résultats mars 2018 – mars 2019 : chiffre d’affaires de 179 millions de livres sterling et bénéfice net après impôts de 10,3 millions de livres sterling Fonds levés : 773 millions de dollars Investisseurs : Index Ventures, Valar Ventures, Andreessen Horowitz, JP Morgan, Natwest Bank, LHV Ventures, Lead Edge Ventures, Lone Pine Ventures… Effectifs : 2200 collaborateurs Aude Fredouelle paiements internationauxtransfert d'argent Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Santander lancera PagoFX, son concurrent à TransferWise, dans quelques semaines TransferWise s'ouvre un chemin d'accès vers la Chine avec Alipay