Accueil > Investissement > Trade finance : les plateformes blockchain entrent progressivement en production Trade finance : les plateformes blockchain entrent progressivement en production Les plateformes blockchain dédiées au trade finance gagnent en maturité. Plusieurs d’entre elles ont structuré leur gouvernance et sont entrées en production. mind Fintech vous propose un tour d’horizon exclusif des principales plateformes à travers le monde pour mieux appréhender leurs différents positionnements, offres de produits et états d’avancement. Par Aude Fredouelle avec Aymeric Marolleau et . Publié le 10 juillet 2020 à 11h47 - Mis à jour le 27 novembre 2020 à 16h55 Ressources Le financement du commerce international, encore régi par des processus complexes faisant intervenir de nombreux intermédiaires et surtout, recourant massivement aux documents papier et à des vérifications d’authenticité manuelles, s’est vite révélé comme un cas d’usage parfait pour la blockchain. Plusieurs consortiums bancaires ont émergé à partir de 2016 pour réfléchir à la question et bâtir des plateformes utilisant des technologies de registre distribuées (DLT) pour numériser les processus et sécuriser les transferts à toutes les étapes en certifiant les documents sur la DLT. Objectif : gagner du temps, réduire les coûts opérationnels des banques et faire baisser la fraude. mind Fintech a recensé les 8 principales plateformes blockchain s’attaquant au trade finance dans le monde : we.trade, lancé par des banques européennes et qui couvre principalement le continent européen, Marco Polo et Contour, qui affichent des ambitions mondiales, komgo, présente en Europe, en Asie et aux États-Unis, eTradeConnect, lancée à Hong Kong, Bay Area Trade Finance Blockchain Platform (BATFB), développée à l’initiative de la Banque Populaire de Chine, Finacle Trade Connect en Inde, et dltledgers en Asie. Pour chacune, nous avons identifié leurs actionnaires et clients, dont vous pouvez retrouver la liste dans notre espace data. Outre ces 8 principaux consortiums qui proposent des produits de financement aux entreprises, des plateformes blockchain dédiées à la supply chain ont vu le jour, que nous n’avons pas prises en compte dans notre étude. Il s’agit par exemple de Vakt, qui travaille avec komgo, de Tradelens, de CargoX ou encore du Global Shipping Business Network (GSBN). Positionnement : open account ou lettre de crédit Pourquoi autant de projets ? D’abord, car les plateformes ont des positionnements parfois très différents. Certaines se placent avant tout sur “l’open account” (comptes ouverts), soit l’écrasante majorité des transactions de commerce international (environ 90%). Ces transactions sont actuellement financées sans sécurité de paiement ou bien parfois avec BPO (Obligation Bancaire de Paiement), engagement donné par une banque à une autre de la payer qui offre aussi des possibilités de “financement de la supply chain”, c’est-à-dire des financements pré ou post-expédition (affacturage, reverse factoring…). Objectif des plateformes blockchain : sécuriser des transactions qui ne l’étaient pas jusqu’à présent et proposer des outils de financement aux entreprises. C’est le positionnement de la plateforme européenne we.trade (qui a fusionné fin 2018 avec le projet Batavia, cofondé par IBM et UBS). Elle propose un service de sécurisation du paiement puis des produits de financement (garantie de paiement, avance de trésorerie, financement d’un différé éventuel de paiement). C’est aussi la stratégie de Marco Polo, groupe de travail de R3, qui propose des cessions de créances, du reverse factoring et des garanties de paiement ; d’eTradeConnect à Hong Kong ; et de BATFB en Chine (qui présente une forte dimension supply chain). Parmi ces plateformes, certaines visent avant tout les PME, comme we.trade ou BATFB, et d’autres les grands corporates, comme Marco Polo. D’autres plateformes se positionnent sur les 10% de transactions recourant à des lettres de crédit (ou crédits documentaires), instruments utilisés par les grandes entreprises pour sécuriser un paiement entre un importateur et un exportateur. C’est le cas de komgo, fondée en 2018. Désormais détenue par 18 actionnaires dont Société Générale, Natixis et BNP Paribas, mais aussi Mercuria et Shell, la plateforme se concentre sur le négoce de matières premières et propose à la fois des outils de KYC (connaissance client), de lettre de crédit, de garantie Stand By Letter of Credit (SLOC), d’optimisation de liquidité et de certification de documents. C’est aussi l’ambition de Contour (ex-Voltron), groupe de travail créé par le consortium R3 en 2016 et dont les membres ont formé une société fin 2019. “De nombreuses sociétés se concentrent sur l’open account tandis que nous proposons des lettres de crédit, en ciblant toutes les industries”, précise à mind Fintech Carl Wegner, CEO de Contour. Finacle Trade Connect (en Inde) et dltledgers (à Singapour) affichent quant à eux un modèle transverse, à la fois sur l’open account et les lettres de crédit. Les technologies de registre distribué sous-jacentes diffèrent également : Hyperledger fabric (développé par IBM) pour we.trade, etradeConnect et dltledgers ; Corda (créée par R3 spécifiquement pour le secteur financier) pour Marco Polo et Contour ; Quorum (version privée d’Ethereum notamment promulguée par le start-up studio ConsenSys) pour komgo, et des technologies propriétaires pour BATFB en Chine et Finacle Trade Connect en Inde. Les banques s’impliquent dans plusieurs plateformes Ces différences expliquent l’implication de certaines banques dans plusieurs plateformes (en tant qu’actionnaires de la structure, actionnaires du partenaire en charge du développement de la plateforme ou simplement en tant que clients). Sur 112 acteurs, ils sont 11 à travailler avec plus d’une plateforme. Standard Chartered est même présent dans cinq initiatives, BNP Paribas et HSBC dans quatre. “Les banques sont présentes dans plusieurs consortiums car il s’agit de produits ou de cibles différents, ou bien d’une industrie spécifique comme pour komgo, mais aussi parce qu’elles ne savent pas lesquels vont finalement réussir”, estime Emmanuelle Ganne, analyste spécialisée dans le commerce international à l’Organisation mondiale du commerce, auteure d’un livre blanc publié en novembre 2019 sur l’utilisation de la blockchain dans le secteur. Chez les établissements français, BNP Paribas est la banque présente dans le plus grand nombre de consortiums avec Contour, komgo, Marco Polo (à la fois en tant que client et investisseur dans TradeIX, sa société éditrice) et eTradeConnect (via la filiale hongkongaise). La banque est par ailleurs également membre de Trade Information Network, une plateforme de communication complémentaire destinée à échanger des données commerciales (factures, bons d’expédition) avant le financement, mais qui n’est pas basée sur une technologie de registre distribué. “Notre objectif est de trouver des solutions innovantes de digitalisation de notre activité de trade finance, qui passe encore beaucoup par des échanges de documents papier notamment en matière de crédit documentaire, pour les proposer à nos clients corporates”, résume Eric Henry, responsable innovation en matière de trade finance chez BNP Paribas CIB. Stratégies de gouvernance et de commercialisation La plupart des consortiums ont créé une entreprise dédiée, dont ils sont actionnaires. Les sociétés ainsi constituées commercialisent ensuite la plateforme auprès des banques actionnaires et des autres clients (banques et/ou entreprises clientes). we.trade, par exemple, compte 12 banques européennes à son capital ainsi que son partenaire technique IBM (depuis mai 2020) et la société facture une licence annuelle ainsi qu’une commission sur chaque transaction aux banques, puis chacune facture ensuite ses propres entreprises clientes selon ses souhaits. Contour, détenue par R3, CryptoBLK, Bain & Company et 8 banques, veut aussi facturer les banques et les corporates clients. “Les banques clientes non actionnaires ont exactement les mêmes droits que les actionnaires en termes de prix et de services”, explique Carl Wegner. “Nous avons fait l’inverse d’une start-up : nous avons d’abord bâti la technologie puis avons réalisé quelques transactions en 2019 avant de créer la société pour gérer la mise en production”, ajoute le CEO. À Hong Kong, eTradeConnect est opérée par une filiale de HKICL, chambre de compensation créée en 1995 par l’Autorité Monétaire de Hong Kong et l’association des banques de Hong Kong. De son côté, komgo compte à son actionnariat des banques, des entreprises pétrolières et son partenaire technique ConsenSys. La société facture les banques mais aussi les clients actifs dans les matières premières (contrairement à we.trade), selon les modules exploités et le nombre d’entités et d’utilisateurs. Marco Polo, en revanche, a fait un choix original. Les membres du groupe de travail de R3 ont confié le développement de la plateforme à une start-up indépendante, TradeIX (qui a par ailleurs levé des fonds auprès d’ING Ventures, BNP Paribas et Accenture, notamment). La plateforme est donc détenue et développée par TradeIX et les banques membres du réseau ne sont que des clientes de la société. Ensuite, TradeIX facture l’utilisation de la plateforme aux banques et les laisse choisir comment et à quel prix elles proposent les services à leurs propres clients. Enfin, Finacle Trade Connect est édité par EdgeVerve, détenu par Infosys, et dltledgers est une start-up indépendante fondée à Singapour. Près de trois actionnaires sur quatre des sociétés commercialisant les plateformes étudiées dans ce panorama sont des banques, mais on y repère également cinq entreprises technologiques (IBM, R3, CryptoBLK et ConsenSys, Mahindra Technologies), quatre acteurs pétroliers (Koch, Mercuria, Shell et Total, tous chez komgo), deux cabinets de conseil (Bain & Company chez Contour, Accenture chez TradeIX) ou encore un acteur de la certification (SGS). Empreinte géographique L’internationalisation des consortiums se lit dans la nationalité de leurs partenaires. Trois sont très liés à certains pays et à portée régionale. Ainsi, BATFB, qui a été lancé sous l’impulsion de la Banque Centrale de Chine, n’a parmi ses actionnaires que des banques chinoises. Toutes les banques membres de Finacle Trade Connect sont indiennes, à l’exception de la sri-Lankaise HNB et de la britannique Standard Chartered. Toutes les banques clientes ou actionnaires d’etradeConnect sont originaires de Hong Kong, à l’exception des groupes australien ANZ et chinois ICBC. À l’opposé, Marco Polo, dont le siège est à Dublin, réunit 21 nationalités différentes, même si 13 de ses clients sont allemands. Le consortium affiche des ambitions mondiales tout comme Contour, dont le siège est à Singapour et qui réunit des banques de 13 nationalités différentes (“présentes dans 150 pays”, précise Carl Wegner). 12 des 13 actionnaires de we.trade, qui a également son siège en Irlande, sont chacun issus d’un pays européen différent. komgo, enfin, compte sept actionnaires, dont cinq français. La plateforme se concentre pour l’instant sur les échanges en mer du Nord. Mises en production Si les projets ont, pour beaucoup, vu le jour en 2016, l’état d’avancement des plateformes est loin d’être uniforme. En Europe, komgo et we.trade font partie des plus avancées. komgo est entrée en production en 2019 et revendique désormais 120 sociétés de négoce clientes et 13 banques en production entre New York, l’Asie et l’Europe – une filiale a d’ailleurs été créée à Singapour. Elle comptabilise plus de 22 000 transactions (standby, LC) émises depuis la mise en production et plus de 3 000 messages échangés chaque mois entre les utilisateurs de la plateforme (toutes transactions confondues). La plateforme a surtout accéléré en rachetant en décembre 2019 Trafec (renommée Konsole), plateforme suisse créée il y a 10 ans et qui proposait des produits de lettres de crédit, lettres de crédit standby, modules de garantie et modules de relâche de marchandise. “Ils avaient besoin d’une technologie plus moderne et de financements pour aller à l’international et nous avons bénéficié en retour de leur base clients”, résume Souleima Baddi, CEO de komgo. Une première mise en production des deux plateformes combinées a eu lieu en juin et d’ici à la fin de l’année, tous les produits seront basés sur la blockchain. Jusque là positionnée sur les commodities, komgo voit déjà plus loin. “Dans la plupart des banques, les métiers des commodities (soit 25% du trade finance au global) et du trade finance sont en train de fusionner pour réaliser des économies, donc cela va nous permettre de couvrir la totalité du secteur”, se réjouit Souleima Baddi. we.trade, de son côté, est entrée en production en janvier 2019 mais ses 16 banques ne sont pas encore toutes actives. Nordea a annoncé l’ouverture du service à ses clients en mai 2019 et Société Générale en avril 2019. La banque française revendique désormais une trentaine de clients actifs, des “PME mais aussi de plus grandes entreprises”, auxquels elle facture des commissions sur les transactions, indique Agnès Joly, directrice business et transformation des activités Global Transaction Banking de Société Générale, qui siège par ailleurs au conseil d’administration de we.trade. Objectif : intégrer 60 clients d’ici à la fin de l’année. La banque a géré pour un peu plus de 20 millions d’euros de transactions depuis le lancement. “Depuis le début de l’année, we.trade est commercialisée par l’ensemble de notre réseau de commerciaux en France, révèle Agnès Joly. Il faut créer un momentum et mobiliser la force commerciale autour de ce produit innovant et nous nous adressons à des entreprises qui n’ont pas toujours beaucoup de temps pour aborder un nouveau sujet, mais nous espérons créer un effet boule de neige.” Au total, we.trade ne communique pas le nombre de clients recrutés mais David McLoughlin, directeur de la commercialisation, indique à mind Fintech que les 16 banques “commenceront à onboarder au moins 10% de leurs bases client sur we.trade au second semestre 2020” et que we.trade vise “2,5 millions de transactions ces 5 prochaines années avec 65 000 clients”. 53% des transactions réalisées à date comprenait un produit de financement, outre le module de sécurisation. La société vise la rentabilité sous 3 à 5 ans. Le consortium semble cependant avoir été touché durement par la crise, qui a profondément déséquilibré les échanges commerciaux : le site Global Trade Review a révélé le 19 juin que la société s’apprêtait à licencier 50% de ses salariés, soit environ 12 collaborateurs. we.trade est aussi en train de développer un nouvel axe de croissance. “Le projet a émergé comme un outil de sécurisation des paiements de commerce international entre des PME intra-européennes, mais nous nous sommes rendus compte que la plateforme pouvait aussi servir sur un marché, entre partenaires domestiques, dévoile Agnès Joly. Cela va être expérimenté par nos partenaires tchèques [notamment CSOB, actionnaire, et KB, filiale tchèque de Société Générale, ndlr]”. C’est d’ailleurs aussi une ambition affichée chez Marco Polo, dont le positionnement est très similaire à we.trade si ce n’est que la plateforme s’adresse aux corporates plutôt qu’aux PME. “Nous visons le cross-border mais aussi le domestique”, assure Cyril Broutin, en charge du développement commercial France, Benelux, Europe du sud, Afrique du Nord et Turquie chez TradeIX. En Chine, la plateforme BATFB, qui ne livre que peu d’informations sur son fonctionnement, est également en production. Elle a indiqué fin 2019 avoir géré près de 10 milliards de dollars de transactions. Mais d’autres projets ne sont pas encore lancés publiquement. Contour (ex-Voltron) est en “pré-production en version bêta”, indique son CEO Carl Wegner à mind Fintech. “Nous effectuons chaque jour des transactions en bêta et nous onboardons de plus en plus de banques en dehors de nos banques et corporates actionnaires”, ajoute-t-il. La plateforme compte désormais 15 banques et travaille avec une trentaine de corporates mais “n’est pas encore prête pour passer à l’échelle et faire des milliers de transactions par jour, car nous n’avons pas l’infrastructure suffisante”. L’entrée en production est prévue pour la fin de l’année 2020 et les flux entre la région EMEA et l’Asie seront privilégiés dans un premier temps. “Le module LC import export est disponible et des développements sont en cours pour les garanties”, dévoile aussi Éric Henry de BNP Paribas, qui fait partie des actionnaires. ll assure être “approché par des banques désireuses de participer avec nous à des transactions durant la phase bêta”. Les tarifications pour les entreprises clientes sont en cours de discussions mais “l’objectif est de rendre la plateforme la plus accessible possible”, conclut Bruno Lechevalier. Marco Polo est encore moins avancé. Si 35 banques sont affiliées au réseau, 25 environ participent régulièrement aux groupes de travail animés par TradeIX et seules cinq sont en cours de déploiement. Il s’agit de phases de pilotage, au cours desquelles la banque teste la solution avec ses propres clients. “Nous espérons que les premières transactions interviendront avant la rentrée, note Cyril Broutin. Au-delà des traditionnelles thématiques techniques qu’il faut régler, liées à l’implémentation de la plateforme cloud ou on-premise, des ajustements juridiques doivent encore être finalisés.” Il faut dire que Marco Polo et Contour ont pu être freinés par leur propre histoire : étant nés de groupes de travail créés au sein de R3, ils ont dû avancer avec un grand nombre de banques impliquées et ont beaucoup tâtonné quant à leur gouvernance, avant de prendre deux chemins différents. Interopérabilité Si certaines plateformes ont déjà réalisé des annonces concernant des travaux d’interopérabilité, comme we.trade avec la plateforme eTradeConnect, basée à Hong Kong, “il est encore trop tôt car chaque plateforme est en train d’essayer de faire grandir ses propres propositions de services”, tempère Agnès Joly. Par ailleurs, si des plateformes présentes sur des géographies différentes pourraient voir un intérêt à se connecter, les liens devraient d’abord être formés avec des plateformes complémentaires (comme komgo avec Vakt, situé en amont de la chaîne de valeur). “Du point de vue du client, connecter une plateforme qui propose les mêmes produits n’a aucun sens, tranche Souleima Baddi, CEO de komgo. D’autant que nous pouvons permettre aux banques qui n’ont pas déployé komgo dans leurs systèmes d’information mais dont les clients commodities utilisent komgo de recevoir tout de même les messages des clients via une interface sécurisée ou même par mail. Nous discutons donc avec des plateformes complémentaires, qui pourraient nous apporter des documents certifiés par exemple, mais nous ne souhaitons pas d’interopérabilité avec des plateformes concurrentes”. Le discours est le même chez Contour. Carl Wegner indique “discuter avec de nombreux partenaires, pour la gestion des données ou des services liés à la conformité ou aux lettres de crédit par exemple”, mais le responsable assure “ne pas envisager d’interopérabilité avec des plateformes concurrentes”. Aymeric Marolleau (am@mind.eu.com) et Innocent Azilan (ia@mind.eu.com), du pôle data de mind, ont contribué à la réalisation de ce panorama. Aude Fredouelle avec Aymeric Marolleau et blockchainconsortiumDLTtrade finance Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind À lire Trade finance : komgo rachète la plateforme suisse TRAFEC Trade finance : Crédit Agricole CIB rejoint le réseau Marco Polo Trade finance : le réseau DLT Contour prend de l’ampleur Trade finance : We.trade ouvre son capital à son prestataire technique IBM Trade finance : we.trade licencie la moitié de ses effectifs