2022, une année de croissance pour les nouveaux acteurs agréés de l’assurance

La publication des traditionnels rapports sur la solvabilité et la situation financière (SFCR) donne un aperçu des performances des nouveaux acteurs de l’assurance. Plusieurs insurtech françaises disposent de licences octroyées par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) : Alan, Acheel, Seyna ou encore Mila.

Le spécialiste de l’assurance paramétrique Descartes Underwriting, qui opérait exclusivement en tant que courtier, a doté une filiale fin 2022 du statut d’assureur de plein exercice. Quant à l’insurtech Luko, positionnée principalement sur l’habitation, elle détient une licence d’assureur en Allemagne depuis son rachat de Coya.

Si leur empreinte sur le marché reste encore limitée face aux mastodontes, ces acteurs agiles affichent des trajectoires de croissance surprenantes. L’un des exemples les plus significatifs est certainement Acheel, un assureur numérique agréé en avril 2021 et actif sur cinq lignes d’activité : habitation, chien-chat, auto (pour laquelle Acheel n’est pas porteur de risque), santé et propriétaire non occupant.

Acheel gère les sinistres

En avril 2023, l’insurtech revendiquait plus de 325 000 assurés et 240 000 contrats, ainsi qu’une production commerciale supérieure à 100 millions d’euros pour l’année 2023. En 2022, Acheel a vu son nombre de contrats croître de 600 % et son volume de primes de 500 %. La maîtrise de ses charges lui a permis de dégager un résultat technique net de réassurance de 325 000 euros.

Pour garder la maîtrise de la qualité de service, l’entreprise a internalisé la gestion des sinistres en multirisque habitation en mai 2022. Elle a aussi doté les gestionnaires d’un outil de gestion des sinistres permettant de mieux détecter d’éventuelles fraudes et d’optimiser la chaîne de traitement. La perte de l’exercice s’établit à la clôture à 2,1 millions d’euros, en raison d’un niveau élevé d’investissements.

La croissance est aussi au rendez-vous pour l’assureur santé Alan, agréé en octobre 2016. L’insurtech a fait état au titre du premier trimestre 2023 d’une hausse annuelle de 51 % de ses revenus annuels récurrents (ARR), à 274 millions d’euros, contre 258 millions d’euros à fin 2022. Son nombre total de membres dépasse les 400 000 en France, Belgique et en Espagne, grâce au recrutement de 17 000 nouvelles personnes protégées sur la période. La marge brute affiche également une amélioration, à 9 %, contre 7 % fin 2022. Pour 2023, l’insurtech avait indiqué en début d’année tabler sur un ARR de 380 millions d’euros et sur une marge brute supérieure à 12 %.

Afin de renforcer son positionnement de partenaire santé tout-en-un, la société proposera d’ici fin 2023 à l’ensemble des entreprises et membres couverts par Alan un accès à l’ensemble des services destinés à améliorer leur santé physique et mentale. Il s’agit notamment de la solution Alan Mind, proposée jusqu’alors dans le cadre d’une offre distincte, qui comprend des plans de prévention des risques psychosociaux pour les entreprises, ainsi qu’un suivi personnalisé pour les salariés.

Seyna a fait évoluer son modèle

Du côté de Seyna, compagnie d’assurance depuis décembre 2019, le volume de primes émises a bondi l’an dernier de 154 % comparé à 2021, à 46,5 millions d’euros. La verticale de l’immobilier (produits de caution locative et de garantie des loyers impayés) a été la première contributrice, devant les garanties de panne/casse/vol sur les biens des particuliers et la santé animale. Les charges des sinistres ont atteint 18,37 millions d’euros l’an dernier pour un volume de primes acquises sur l’exercice de 35,54 millions d’euros, soit un ratio de sinistres à primes (S/P) de 51 % avant réassurance.

Le solde de souscription est déficitaire à hauteur de près de 6,8 millions d’euros, avec d’importantes dépenses liées au développement, contre -3,11 millions en 2021, selon les données retraitées par mind Fintech. Seyna a fait évoluer son modèle en développant une suite logicielle pour les courtiers (optimisation de l’expérience de souscription, digitalisation de la gestion des contrats, gestion de sinistres, lutte anti-blanchiment…). Cette plateforme technologique dont la commercialisation a débuté fin 2022 a généré sur la période un chiffre d’affaires de 6 000 euros.

Enfin, le spécialiste de l’assurance des loyers impayés Mila, qui a décroché son agrément en octobre 2021 et opère via un réseau de courtiers, a vu son chiffre d’affaires atteindre 1,94 million d’euros pour son premier exercice complet, avec 83 % des primes provenant de l’assurance des loyers impayés. Le ratio S/P ressort à 51 % et le résultat technique est négatif à hauteur de 1,3 million d’euros.