Accueil > Assurance > Chahab Nastar (EIT Digital) : “Nous pouvons investir 500 000 à 800 000 euros pour un seul projet” Chahab Nastar (EIT Digital) : “Nous pouvons investir 500 000 à 800 000 euros pour un seul projet” L’organisation européenne pour promouvoir l’innovation en matière de numérique a publié le 5 mars 2019 l’appel à projets pour sa promotion 2020. Son directeur de la stratégie, Chahab Nastar, détaille le dispositif d’accompagnement et les enjeux pour les acteurs en Europe. Par . Publié le 03 avril 2019 à 11h21 - Mis à jour le 28 janvier 2025 à 15h58 Ressources Pouvez-vous présenter EIT Digital ? Nous sommes une organisation qui travaille à augmenter l’impact de l’Europe dans le domaine de l’innovation numérique. L’Europe doit retrouver sa place au centre de la scène internationale, notamment dans le numérique. EIT Digital est une organisation indépendante, financée à environ 80 % par l’EIT (European institute of innovation & technology, NDLR), une émanation de l’Union européenne créée en 2009. Au sein d’EIT Digital, un pan de notre activité concerne l’innovation et l’autre l’éducation. Nous avons notamment une master school qui forme les entrepreneurs “techno”, du dépôt de brevet à la création d’entreprise, en passant par la levée de fonds. Quelle est la place du secteur de la santé dans votre organisation ? Que ce soit pour l’innovation ou l’éducation, nous voulons nourrir cinq thèmes stratégiques pour l’Europe : digital tech, digital cities, digital industry, digital wellbeing et digital finance. Sur le wellbeing, notre focus concerne la prévention et la gestion des maladies chroniques. Et cela s’applique à tous les âges de la vie : nous avons des activités autour de la jeunesse sur des sujets comme la dépression, le stress ou l’obésité. Pour l’adulte actif, un thème porte sur le bien-être au travail. Nous nous intéressons également aux questions environnementales qui touchent les personnes vulnérables. Nous sommes principalement sur l’instrumentation numérique de la santé via les capteurs, les devices… qui les accompagnent dans la vie quotidienne. Vous avez publié le 5 mars 2019 l’appel à projet pour votre accélérateur. En quoi consiste-t-il ? Cet appel à projets concerne les cinq domaines stratégiques. Il est lancé depuis le 5 mars et s’achève le 3 mai. Il s’agit de la sélection des projets pour 2020. Les experts vont étudier les dossiers puis début juillet nous devrions être capables de nous prononcer sur le soutien ou non des projets soumis. Il faut que le projet ait du sens autour de la création d’une start-up ou d’un produit. Nous avons une position de pré-incubation et de co-investisseur. Sur le domaine de la santé, nous regardons toujours les thèmes de la prévention et de la gestion des maladies chroniques. Quel type d’accompagnement fournissez-vous ? Nous travaillons avec un écosystème de 200 partenaires du numérique en Europe. Il s’agit d’universités, de centres de recherche, d’acteurs privés comme Philips, Siemens… Une première manière d’accompagner les projets est de mettre en relation les différents acteurs pour qu’ils puissent monter des projets ensemble. Nous agissons également pour l’orchestration. Nous avons des personnes qui travaillent et accompagnent au quotidien pour que les porteurs de projets puissent faire les bons choix dans le développement, la définition de leur produit, du business plan… L’objectif est qu’à la fin de l’année d’accompagnement, les produits soient attractifs pour les clients et les investisseurs. Pour une start-up, qu’elle soit créée avec un produit, un asset technologique, une équipe… Vous vous présentez comme co-investisseur. Quels sont les montants investis ? Nous apportons des moyens financiers importants pour que le projet aboutisse. Sur une seule année, nous pouvons investir 500 000 à 800 000 euros pour un seul projet. Nous demandons aux partenaires d’investir également, en apportant des fonds ou en nature (temps consacré au projet par exemple). Ce qui fait qu’il n’est pas rare qu’un projet atteigne 1 million d’euros. Nous sommes en effet capables d’apporter plus de 50% des fonds. Ensuite, beaucoup d’investisseurs d’amorçage sont intéressés par les projets menés. Prenez-vous des participations dans les sociétés ? Typiquement, si une start-up est créée à l’issue du programme, nous souhaitons en être actionnaire. Si il s’agit d’un produit directement commercialisé par un groupe industriel, nous envisageons un partage de revenus par exemple. Dans notre position de co-investisseur, nous attendons un retour sur investissement. Il est ensuite intégralement réinvesti dans les projets l’année suivante. Nous sommes là pour accompagner le secteur dans la durée. Combien de projets sélectionnez-vous chaque année ? Leur nombre dépend des années. Et notamment, du financement que nous recevons d’EIT et de la taille des projets. En 2019, nous en lançons une soixantaine au total. En général, la répartition est assez équilibrée entre les différents domaines. Pour 2020, c’est la première fois que nous émettons l’appel à projets de manière très ouverte. Nous nous attendons donc à recevoir beaucoup de soumissions. Mon conseil pour les projets : montrer l’intention d’avoir un impact business sur le marché avec la création d’une entreprise ou d’un produit très innovant et s’appuyant sur une équipe paneuropéenne. Quel bilan tirez-vous de l’accompagnement des projets ? La seule façon de réussir est que le marché domestique soit à l’échelle de l’Europe et pas d’un seul pays. Nous accompagnons des scale-up triés sur le volet pour attirer des clients et des fonds à l’international. En termes de fonds, nous avons aidé à lever plus de 400 millions d’euros en environ six ans. Nous avons participé au lancement de plus de 380 produits et à la création de plus de 120 start-up du digital. Dans la santé, nous avons accompagné par exemple Damae Medical (dispositif d’imagerie médicale non invasif pour des applications dermatologiques, NDLR). Nous avons actuellement parmi les projets, Quantificare qui fait de la vision 3D pour les médecins notamment les dermatologues. Leur technologie permet de photographier précisément la peau avant une opération et de simuler ce que le médecin va faire. Il y a également une technologie que nous avons mise sur le marché avec un certain nombre de nos partenaires dont l’Inria en France. Il s’agit d’analyser, grâce à l’intelligence artificielle, la façon dont les personnes parlent pour trouver les signes avant-coureurs de démence. Une application qui fonctionne sur un iPad est disponible et aide au diagnostic précoce d’Alzheimer. Ki-Element commercialise ce produit, qu’il a déjà vendu à l’Institut Claude Pompidou à Nice. Chahab Nastar Depuis 2014 : Chief innovation officer d’EIT Digital 2007 : Vice-président Business intelligence research puis Advanced development de SAP 1999 : P-DG de LTU Technologies 1995 : Responsable du groupe Image & Multimédia de l’Inria Formation 1994 : Post-doctorat Computer vision au MIT 1994 : Doctorat de philosophie Computer vision à l’Inria EIT Digital Création en 2009 Près de 200 partenaires : environ 120 industriels et 70 académiques Plus de 1 500 étudiants diplômés des Master school Plus de 300 start-up accompagnées Plus de 120 sociétés créées Environ 380 produits et services commercialisés Ce contenu a été réalisé par la rédaction de mind Health, service d’information professionnelle consacré à la mutation des industries de santé. accélérateure-santéinnovation Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind