Comment le Cardif Lab’ expose les partenariats technologiques d’un assureur 

Dans le “Cardif Lab'”, tout est mis en place pour parvenir à se projeter aisément dans un futur proche où “la technologie est partout mais s’efface”, selon les termes de Nathalie Doré, directrice impact et innovation de BNP Paribas Cardif, numéro un mondial de l’assurance emprunteur. Une centaine d’innovations numériques se partagent un espace imaginé initialement en 2014 puis repensé totalement en 2020. Chaque année, 2 000 personnes visitent virtuellement ou physiquement le lieu pour co-innover avec BNP Cardif ou pour être sensibilisés aux enjeux technologiques. 

Au cours de la visite, au moins deux approches se distinguent  : les innovations de marché offrant à l’assureur des outils de prévention des risques et les partenariats avec différentes start-up permettant un traitement des données plus rapide et efficace. “L’objectif du Cardif Lab’ est d’accélérer des projets et également de partager des méthodologies d’accélération de projets partout dans l’entreprise pour essaimer au maximum”, indique Nathalie Doré. 

Un accélérateur de projets 

Ce dernier enjeu est vital pour BNP Paribas Cardif, dont le business model repose à la fois sur les partenariats, avec 48 % du chiffre d’affaires réalisé avec des partenaires externes au groupe en 2022, et une exploitation de la technologie. Parmi les innovations présentées, le simulateur “Mon demain”, qui sert à concevoir l’épargne retraite la plus adaptée aux besoins de chacun, fait la fierté du Lab’. Ce projet a été accéléré par les équipes du Cardif Lab’, en partenariat avec d’autres services du groupe ainsi qu’avec la fintech Gambit, filiale du groupe BNP Paribas. Côté assurance habitation, le Lab’ a également joué un rôle clef dans le partenariat avec l’insurtech américaine Lemonade, qui permet de souscrire à une assurance multirisque habitation totalement digitale. Les premiers contacts avec les équipes de Lemonade, tout comme ceux avec les équipes de Qover, une plateforme spécialiste de l’assurance embarquée, et de Clivi, une clinique digitale mexicaine spécialisée dans le traitement du diabète, ont justement débuté sous l’impulsion des correspondants du Cardif Lab’ aux Etats-Unis.  

Le Lab’ a par ailleurs imaginé et développé au fil des ans une activité de “start-up studio”.  Une première startup a donc vu le jour en octobre 2022, nommée Wylly et depuis gérée par d’autres équipes. Il s’agit d’une plateforme mettant en relation des particuliers souhaitant vendre aux enchères leurs véhicules et des concessionnaires à la recherche de voitures d’occasion. BNP Paribas Cardif a soutenu le lancement de Wylly, en partenariat avec le start-up studio Rainmaking, et en s’appuyant sur l’expertise de sa filiale Icare, spécialisée dans les contrats d’extension de garantie et de maintenance automobile. 

Plus proche de ses préoccupations initiales, au Brésil, l’assureur s’est allié au début de l’année 2023 avec la principale fintech du pays, Neon, créée en 2016. La banque digitale compte environ 15 millions de comptes enregistrés et, par le biais de ce partenariat, BNP Paribas Cardif propose à présent à ces utilisateurs des services de protection financière, d’assurance-vie et de biens. 

Exploiter les données pour prévenir les risques 

Ces partenariats, en France et à l’étranger, sont la pierre angulaire de la stratégie de BNP Paribas Cardif que les équipes du Lab’ participent à mettre en œuvre. Comment structurer tous ces points de contact ? “Notre objectif est de poursuivre la voie de la plateformisation en agrégeant les services de tiers”, précise Nathalie Dorée. Pour la directrice impact et innovation, ces “écosystèmes technologiques participent à tuer le risque”. 

Certaines innovations poussent cette logique au maximum. L’application “My health age”, un service proposé par l’assureur français en Corée du Sud, analyse les données médicales enregistrées dans la base de données du service national d’assurance maladie pour fournir un “âge biologique” qu’elle compare ensuite avec l’âge réel de l’utilisateur. Si l’âge réel est supérieur à l’âge de santé, l’assureur offre à l’utilisateur un bonus pouvant représenter jusqu’à 10 % de la prime. Il n’y a en revanche pas de malus si “l’âge de santé” obtenu est supérieur à l’âge réel. Si cette application a été sélectionnée parmi les dix innovations ambassadrices de l’entreprise en 2022, son déploiement sous cette forme en France semble hors de propos. “Il y a des différences culturelles très fortes en matière de protection des données en fonction des contextes locaux”, souligne Nathalie Doré. 

Pour l’heure, en France, le seul partenariat fondé sur le transfert de données entre l’Assurance Maladie et BNP Paribas Cardif s’effectue via France Connect. Depuis juillet 2023, les détenteurs d’un contrat d’assurance emprunteur, éligibles à des indemnisations faisant suite à des arrêts de travail, peuvent bénéficier d’un traitement facilité de leurs sinistres. Les assurés doivent d’abord donner leur consentement pour la transmission par l’Assurance Maladie de leurs attestations de paiement d’indemnités journalières perçues en cas d’arrêt de travail. BNP Paribas Cardif peut ensuite récupérer les données des six derniers mois, ce qui évite à l’assuré de devoir transmettre lui-même ses pièces justificatives.  Au sujet de la protection des données, la directrice impact et innovation de BNP Paribas Cardif cherche à rassurer. “On part d’abord de la valeur de l’innovation pour l’assuré. S’il y en a une, il aura envie de partager ses données. On l’a d’ailleurs constaté avec France Connect, observe Nathalie Doré. Le but est de donner aux assurés l’envie de les partager, car ça leur facilite la vie.” 

Former aux “métiers de demain”

Au cœur du Cardif Lab’, il y a aussi la volonté de sensibiliser et former les collaborateurs de BNP Paribas Cardif. C’est dans cette perspective qu’a été lancé en 2018 le partenariat avec General Assembly, spécialiste mondial de l’évolution de carrière, et qui devait être “l’une des composantes clés du nouveau Cardif Lab’”. Plus de cinq ans après, ce sont 1 000 des 10 000 collaborateurs, soit 10 % des effectifs, qui ont été formés aux “métiers de demain”. L’objectif est à présent que la moitié des collaborateurs aient au moins sept heures de formation sur la tech et la durabilité. Le Lab’ incarne ainsi différents aspects des mutations en cours, fondés pour la plupart sur l’exploitation de données, de l’adaptation des modèles opérationnels au lancement de nouveaux outils et services.