Accueil > Assurance > Assurance numérique & collaborative > Comment les acteurs de l’assurance paramétrique veulent s’attaquer à la sous-assurance Comment les acteurs de l’assurance paramétrique veulent s’attaquer à la sous-assurance L'abondance de données et la technologie favorisent le développement de produits d'assurance paramétrique. De nouveaux entrants misent sur la technologie blockchain pour fournir une offre transparente et sécurisée. Illustration avec Skyline Partners qui prépare son lancement en Inde. Par Antoine Duroyon. Publié le 11 janvier 2019 à 16h19 - Mis à jour le 11 janvier 2019 à 16h19 Ressources L’assurance paramétrique peut-elle constituer l’un des outils pour lutter contre le défaut de couverture assurantielle (le fameux “protection gap”) ? “Les produits d’assurance paramétrique (ou indicielle, ndlr) ne couvrent pas la perte réelle mais versent plutôt un montant prédéfini basé sur un déclencheur retenu comme le proxy d’une perte réelle”, rappelle Rafal Walkiewicz, CEO de Willis Towers Watson Securities, dans la dernière édition du Quarterly Insurtech Briefing. L’abondance de données disponibles, issues de capteurs avancés, d’objets connectés ou de fournisseurs spécialisés permet aujourd’hui le développement de l’assurance paramétrique, notamment pour les risques climatiques et agricoles. L’avantage perçu d’une telle approche est un alignement des intérêts de l’assuré avec ceux de l’assureur, en rupture avec le modèle traditionnel d’indemnisation. Un modèle dans lequel l’assuré qui fait face à un sinistre est incité à gonfler les coûts, tandis que l’assureur s’efforce de tirer vers le bas le coût de gestion des sinistres. L’assurance indicielle, de son côté, est de nature à faciliter la modularité de la chaîne de valeur de l’assurance, ainsi qu’une personnalisation de masse et une fragmentation de l’offre d’assurance. L’un des principaux revers de cette approche est celui du risque de base, c’est-à-dire l’écart entre la perte estimée par l’indice et la perte réelle subie. Plusieurs acteurs se sont lancés sur ce créneau : FloodFlash (risque d’inondation), Jumpstart (risque sismique), Blink (risque de retard ou d’annulation de vol) ou encore 30MHz (risques agricole et horticole). Ces start-up insurtech ciblent en priorité des risques spécifiques sur des marchés matures et connectés : les Etats-Unis pour Jumpstart, l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Asie pour Blink, le Royaume-Uni pour FloodFlash, les Pays-Bas pour 30MHz. 27 milliards de dollars d’actifs sous-assurés en Inde De nouveaux entrants visent prioritairement les marchés émergents, naturellement sous-assurés. C’est le cas de Skyline Partners, une société basée à Londres qui prépare son lancement en 2019 en Inde, avant un déploiement envisagé en Asie du Sud-Est, en Afrique ou en Amérique latine. Selon un rapport du Lloyd’s of London publié en octobre 2018, l’Inde présente le deuxième “protection gap” le plus important au monde, derrière la Chine, avec 27 milliards de dollars d’actifs sous-assurés. Dans l’assurance non-vie, le pourcentage d’actifs protégés tourne autour de 1% à 2%. Skyline Partners, qui a levé des fonds (pour un montant non précisé) auprès du hub d’innovation OneAdvent, va débuter par les risques météos. “Les risques climatiques concernent quasiment l’intégralité des lignes d’activité. L’agriculture est le secteur le plus touché ; il représente 20% du PIB et emploie près de 400 millions d’individus. L’Inde est un pays qui dépend de la pluie. S’il n’y a pas assez de précipitations dans l’année, la saison est mauvaise. Notre objectif est de fournir des protections contre ces mauvaises années”, explique Laurent Sabatié, cofondateur (avec Gethin Jones) et directeur exécutif de Skyline Partners. “On voit notre produit comme un complément intéressant aux dispositifs de soutien gouvernemental pour fournir une liquidité court terme et assurer une protection contre les aléas. Quant à l’assurance traditionnelle, elle n’est pas suffisante car il n’y a pas de données de marché. Les niveaux de rentabilité sont problématiques pour pérenniser une offre d’assurance”, détaille Laurent Sabatié, qui dispose d’une solide expérience en actuariat et gestion des risques (AXA Corporate Solutions, AIG, ProSight Specialty Insurance). Transparence et qualité des données Skyline Partners a développé une plateforme blockchain en partenariat avec IBM qui fournit les données météos. “On utilise le système de registre distribué Hyperledger pour s’assurer de la transparence et de la qualité des données que l’on utilise mais nous sommes sur un modèle best of breed”, souligne Laurent Sabatié. Quelle qu’elle soit, la technologie de registre distribué (DLT) présente de nombreux atouts dans le cadre d’un produit d’assurance paramétrique : indemnisation automatique, transparence des données météos et du contrat ou encore sécurité (accès différencié, immutabilité, etc.). “Dans un système tripartite entre le preneur de risque (l’assureur), le client et le fournisseur de données, il nous faut créer cette indépendance et cette transparence au niveau des données. Le but est d’éliminer les conflits d’intérêt potentiels que pourrait avoir un assureur s’il utilise ses propres données ou même si le fournisseur de données est celui qui règle les sinistres”, ajoute Laurent Sabatié. Réassurance comme un service En ce qui concerne le modèle de distribution, la start-up se voit fournir de “la réassurance comme un service” en BtoBtoC. L’objectif est de proposer une offre “plug and play”, avec le soutien de réassureurs partenaires, directement vers les chaînes de distribution qui seront des fournisseurs de services comme des agritech ou des prestataires de services sur mobile. Et en matière de tarification, Laurent Sabatié explique que “la prime sera un paramètre d’entrée dans notre modèle. Soit l’agriculteur ou l’entreprise, qui voudra se couvrir contre les risques météo, choisira ses risques et les montants à protéger et on lui indiquera la prime qu’il devra payer, soit on lui demandera ce qu’il est capable de payer et on ajustera la couverture en fonction. Cela crée une discussion différente et permet d’accéder à des couches de population qui pouvaient être exclues précédemment du process traditionnel d’assurance”. Antoine Duroyon assurance dommagesassurance paramétrique Besoin d’informations complémentaires ? Contactez le service d’études à la demande de mind