Laka accélère sa diversification en rachetant l’activité trottinettes électriques de Luko

Avec un engouement post-Covid, suivi d’un relatif essoufflement de la pratique (lire l’encadré), le vélo n’en reste pas moins un sujet d’intérêt pour le secteur de l’assurance. La start-up Laka, fondée à Londres en 2017 par Tobias Taupitz (CEO, ex-Barclays), Jens Hartwig (COO, ex-Startupbootcamp Insurtech) et Ben Allen (CTO), cible ce segment de l’assurance affinitaire. Elle met en avant plusieurs éléments de différenciation, dont un modèle collectif : chaque mois, les coûts des sinistres sont partagés avec le reste du groupe de cyclistes. Les cotisations varient ainsi en fonction de la sinistralité, dans la limite d’un plafond défini à l’avance. Par ailleurs, Laka n’applique pas de vétusté ni de franchise, couvre les accessoires et n’impose pas d’engagement.

La société a fait une arrivée discrète en France en signant, en 2022, un partenariat d’envergure avec Decathlon. Laka est la solution d’assurance des vélos connectés achetés auprès de l’enseigne d’articles de sport. La souscription se fait directement au sein de l’application Decathlon Geocover. Ce partenariat a été étendu à l’Allemagne en février 2025. En 2023, la start-up, soutenue par des investisseurs comme Shift4Good, Autotech Ventures, Porsche Ventures, Ponooc, ou encore Creandum & LocalGlobe, annonce le rachat de Cylantro, un courtier français spécialisé dans l’assurance des micromobilités. 

Une collaboration historique avec Baloise et Zurich

Tout en creusant le sillon de l’assurance embarquée, avec des références telles que le fabricant de vélos néerlandais Gazelle, Laka a déployé en juillet 2024 en France une offre directement auprès des consommateurs. Pour son activité historique d’assurance vélo, Laka s’appuie sur Baloise en Europe continentale (France, Belgique, Danemark, Autriche et Portugal), ainsi que sur Zurich au Royaume-Uni. Sur le Vieux continent, l’entreprise, qui dispose d’un statut d’agence de souscription (MGA), est basée au Pays-Bas. 

Une nouvelle étape vient d’être franchie avec le rachat de l’activité trottinettes électriques de Luko auprès d’Allianz Direct en France. L’opération comprend les droits de renouvellement et le contrat avec Wakam, tandis qu’Aïkan est le délégataire de gestion. “Il s’agit d’un nouveau produit pour Laka. Nous pouvons ainsi élargir notre gamme et proposer une nouvelle solution à nos partenaires”, souligne Thomas Arnou, responsable du marché France chez Laka et ancien CEO de Cylantro. L’entreprise souligne le potentiel de ce marché, évalué en Europe à environ 1,2 milliard de dollars en 2021 et qui devrait croître de 15 % entre 2022 et 2030.

“Pour la trottinette électrique, nous suivons un modèle différent que pour le vélo [la prime n’est pas variable mais fixe, Ndlr], car la responsabilité civile étant obligatoire, les sinistres peuvent être d’une intensité élevée [en cas de décès d’un tiers, par exemple, Ndlr]”, explique le responsable. Ce portefeuille, jugé “en bonne santé technique et financière”, porte sur 20 000 clients. “Cette étape stratégique permet à Allianz Direct de se concentrer davantage sur l’assurance habitation et voyage et de stimuler l’innovation […]”, considère de son côté Fanny Limare-Wolf, directrice générale d’Allianz Direct France. 

Plus de 200 millions d’euros de valeur assurée

L’offre dédiée aux trottinettes électriques sera disponible “d’ici un ou deux mois” sur le site de Laka, le temps de finaliser le parcours de souscription. Elle comprendra deux formules : une garantie responsabilité civile et défense recours complète, afin de couvrir le vol par agression, et une autre plus couvrante, intégrant les dommages en cas de collision.

Laka ne communique pas son nombre de clients, que ce soit sur son marché domestique ou en Europe continentale. Elle se contente de revendiquer plus de 200 millions d’euros de valeur assurée. Fin 2023, cet indicateur s’établissait à près de 110 millions de livres. Un exercice 2023 au cours duquel l’entreprise a émis 6,8 millions de livres de primes brutes et a dégagé un chiffre d’affaires net de 1,7 million de livres, pour une majeure partie au Royaume-Uni, selon ses derniers comptes disponibles, consultés par mind Fintech. Sa perte nette a atteint 5,25 millions de livres. En mars 2024, Laka a réalisé une augmentation de capital de 1,4 million de livres, après avoir levé près de 18 millions de livres depuis 2020.