Repenser la gestion du risque à l’ère de la polycrise

Guerre en Ukraine, méga-incendies autour de Los Angeles, cyberattaque contre Jaguar Land Rover… L’actualité récente a été marquée par des événements dont les impacts profonds font évoluer la perception du risque. C’est pourquoi l’édition 2025 du Future Risks Report apporte un éclairage sur la montée d’un sentiment de polycrise, de plus en plus marqué à l’échelle mondiale. Cette vaste enquête – réalisée par AXA en collaboration avec l’institut Ipsos – a mobilisé près de 3 600 experts, dans 57 pays, et 23 000 personnes du grand public, dans 18 pays, sur 25 risques différents.

La photographie 2025 confirme une tendance désormais installée : le changement climatique demeure le principal risque émergent au niveau mondial, pour la cinquième année consécutive. Il est suivi dans le top 10 des experts par l’instabilité géopolitique, la cybersécurité, l’IA et le big data, puis par les tensions et mouvements sociaux. Le classement de ces cinq risques principaux n’a pas évolué par rapport à 2024. Le risque de pandémies et maladies infectieuses, présent dans le classement depuis 2020, en disparaît, tandis que le risque lié aux changements démographiques fait son entrée en dixième position. Ce risque est nourri par des inquiétudes sur la baisse de la natalité, la hausse des coûts de la santé et un alourdissement de la charge pesant sur les finances publiques. 

Les principaux risques émergents en 2025

Un focus géographique révèle également des particularismes régionaux. “Le top européen se distingue : l’instabilité géopolitique passe devant le climat en Europe (et en France), quand l’Afrique place la cybersécurité en tête”, souligne Alice Tétaz, directrice d’études chez Ipsos public affairs. De manière générale, les risques technologiques restent une préoccupation majeure. Ceux liés à l’IA et au big data arrivent en quatrième position pour les experts (depuis 2023) et en septième pour le grand public. “Les risques technologiques sont ceux dont l’émergence est la plus rapide : 54 % des experts pointent la vitesse des risques éthiques liés aux technologies. Cela représente dix points de plus par rapport à 2024”, note Alice Tétaz.

La prévention, un axe central

Face à ce sentiment de polycrise, la prévention apparaît toujours comme une réponse nécessaire et structurante. 86 % des experts et 84 % du public estiment qu’il est possible d’éviter au moins une partie des sinistres grâce à des actions significatives de prévention. Mais, dans leur ensemble, ils doutent du niveau de préparation des pouvoirs publics face aux crises. Pour autant, selon Françoise Gilles, directrice des risques du groupe AXA, tout le monde a un rôle à jouer. “Il ne s’agit pas d’opposer acteurs publics, assureurs, entreprises et citoyens : il faut mettre tout le monde ensemble, face au risque. Le risque de l’immobilisme est, lui, majeur”, prévient-elle. Ainsi, concernant le risque cyber, “la prise de conscience progresse, mais le niveau d’alerte demeure élevé puisque ce risque figure dans le top 3 depuis plusieurs années. La prévention conditionne l’assurabilité, notamment pour les PME”, défend Françoise Gilles.

L’enquête souligne le rôle des scientifiques, des chercheurs et des assureurs dans la protection contre les risques émergents. Les experts et partenaires commerciaux d’AXA attendent davantage de solutions innovantes et de dispositifs de prévention, mais aussi un appui à un renforcement de la résilience. Une orientation que le groupe AXA s’efforce de déployer depuis plusieurs années, en suivant le précepte : “de payeur à partenaire”.