Le crowdfunding français a collecté 2,35 milliards d’euros en 2022

Le financement participatif poursuit son irrésistible ascension en France. Selon le baromètre annuel réalisé par Mazars et Financement Participatif France (FPF), la collecte atteint 2,35 milliards d’euros en 2022, en croissance de 25 % sur un an. Ce baromètre s’appuie sur les données déclaratives communiquées par 66 plateformes. Le rythme de progression ralentit toutefois par rapport à celui de 2021 (+ 84 %), un exercice caractérisé par une collecte de 1,88 milliard d’euros et une explosion sur le segment du prêt (obligation, minibon, prêt rémunéré). 

Ce dernier réunit 2,09 milliards d’euros l’an dernier, dont 1,88 milliard sous forme d’emprunt obligataire. Le don, qu’il soit avec ou sans contrepartie, totalise 106,7 millions d’euros pour plus de 116 000 projets, contre près de 197 millions d’euros pour plus de 165 000 projets en 2021. Les auteurs du baromètre justifient ce recul par une contraction du budget des ménages en période d’inflation et contraste avec l’élan de solidarité rencontré pendant la période du Covid-19. Le segment de l’investissement en capital ou royalties rassemble quant à lui 150 millions d’euros, contre 103,5 millions en 2021.

Dynamisme du crowdfunding immobilier

Le crowdfunding immobilier obligataire continue de jouer le rôle de locomotive puisqu’il représente plus des deux tiers de la collecte globale (1,6 milliard d’euros) et surperforme la croissance du secteur (+ 40 %). Ce marché reste à 71 % orienté vers le résidentiel et les marchands de biens, alors que la promotion immobilière pure s’inscrit en retrait. Avec un taux de rendement interne moyen de 9,4 %, ce type de placement reste très attractif pour les investisseurs. 

Certaines plateformes ont de fait réussi à imposer leur modèle. Ainsi, le leader ClubFunding a intermédié 431 millions d’euros de financements en 2022, soit près d’un tiers des montants financés dans l’univers du crowdfunding immobilier en France. Les projets intégrant une dimension sociale ou environnementale confirment également leur attractivité. Ils collectent 552 millions d’euros en 2022, contre 440 millions en 2021. FPF mène une réflexion de place pour proposer un outil d’évaluation des critères ESG. “C’est un chantier compliqué, car les plateformes ont des positionnements très différents. Ça va être difficile d’obtenir une norme”, explique Florence de Maupeou, directrice générale de l’association professionnelle.

Montée en puissance des CGP

Le baromètre souligne la tendance à un recours croissant à des canaux de collecte extérieurs. Si la collecte directe depuis la plateforme est encore prépondérante (à 66 %), les canaux de type conseiller en gestion de patrimoine (15 %) et fonds d’investissement (8 %) prennent une place plus importante (voir graphique). Une évolution qui devrait se renforcer, notamment à la faveur du statut de PSFP. “Le PSFP ayant une activité de RTO [réception-transmission d’ordres, Ndlr] et non de conseil comme dans le cas du CIP, les relations entre plateformes et CGP vont être simplifiées. Cela va éviter des risques de conseil sur conseil”, commente Florence de Maupeou.

Des plateformes se sont déjà résolument engagées dans cette direction. Ainsi, la plateforme Lendosphere, filiale d’123 IM, cite l’exemple d’une opération de financement du développement et de la construction de centrales solaires d’Amarenco en 2022. Sur 1,7 millions d’euros collectés, 1,4 million d’euros l’ont été via des CGP. 

Pour 2023, les auteurs de l’étude misent sur trois tendances : une hausse des collectes sur l’ensemble des modèles transactionnels et des secteurs, un renforcement de la dimension ESG, et une reconfiguration du marché autour du nouvel agrément agrément PSFP.