Accueil > Investissement > Cryptoactifs > Blockchain : ING, SocGen et ABN Amro s’attaquent aux produits agricoles Blockchain : ING, SocGen et ABN Amro s’attaquent aux produits agricoles Après avoir créé un consortium sur le marché de l’énergie, les trois banques ont réalisé une première transaction complète de trading de produits agricoles sur une plateforme blockchain privée avec le courtier Louis-Dreyfus. Par Aude Fredouelle. Publié le 19 janvier 2018 à 15h23 - Mis à jour le 19 janvier 2018 à 15h23 Ressources ING, Société Générale et ABN Amro se sont alliés au groupe multinational de négoce Louis-Dreyfus et au distributeur de produits pour l’agriculture Shandong Bohi pour réaliser une transaction complète de négoce de matières premières agricoles sur une plateforme blockchain. Le PoC (proof of concept) a été créé sur le protocole de registre distribué Quorum et a permis de réaliser la transaction cinq fois plus rapidement qu’en passant par les canaux habituels. La plateforme a été utilisée pour réaliser l’envoi d’un chargement de soja des Etats-Unis jusqu’en Chine et a couvert l’intégralité de l’opération. Une transaction complexe car les qualifications phyto-sanitaires nécessitent davantage de données, de documents et de process que dans le domaine de l’énergie, par exemple. “Nous ne nous sommes pas contentés d’uploader sur la blockchain des documents papier : nous avons déroulé la transaction directement sur la blockchain, où tous les intervenants ont envoyé des données, raconte Souleïma Baddi, responsable adjointe du commodity trade finance de Société Générale en Suisse. Le contrat achat/vente de marchandises, les instructions documentaires, les certificats de qualité et quantité, les documents d’expédition et enfin la négociation de la lettre de crédit et la vérification de sa conformité avec les autres documents ont tous été inscrits et effectués sur le réseau distribué.” Après l’énergie, les produits agricoles ING, Société Générale et ABN Amro avaient déjà finalisé un PoC blockchain dans le domaine de l’énergie, en février 2017. Le projet avait alors été conduit sur une première version de cette plateforme baptisée “Easy Trading Connect” (ETC) et basée sur des réseaux privés de la Blockchain Ethereum, avec l’entreprise de négoce de pétrole Mercuria. Depuis, les acteurs ont créé un consortium dédié au domaine de l’énergie, composé de BP, Shell et Statoil, des courtiers Gunvor, Koch Supply & Trading et Mercuria, et des trois banques. La nouvelle entité, basée en Suisse, a prévu le lancement d’un MVP (minimum viable product) d’ici la fin de l’année et se concentrera sur trois marchés de niche : la mer du Nord, ARA (Amsterdam-Rotterdam-Anvers) et les Etats-Unis. Un “open development challenge” (hackathon) est organisé à Londres pour constituer l’équipe technique qui développera la plateforme. Le PoC a quant à lui été développé (tout comme le deuxième, baptisé ETC 2) en co-construction par une équipe de collaborateurs des différents acteurs impliqués. Sur le volet des produits agricoles, des discussions sont désormais en cours entre les banques et le groupe Louis-Dreyfus ainsi que d’autres courtiers pour aller au-delà du PoC. “Nous allons devoir décider si nous voulons créer une seule plateforme dédiée à tous les produits agricoles ou bien si nous allons plutôt en construire plusieurs affectées à des flux précis, avec différentes parties prenantes, puis les faire communiquer entre elles, explique Souleïma Baddi. Le marché des produits agricoles est plus morcelé et a des spécificités plus importantes que celui de l’énergie, donc une réflexion doit être menée pour savoir si le consortium est la bonne réponse.” D’autres PoC en préparation Les trois banques sont “en discussions avec d’autres banques européennes actives dans le négoce des matières premières sur un projet d’envergure plus importante, toujours en co-construction avec des corporates dans le secteur des matières premières”, ajoute Souleïma Bassi. Leurs équipes techniques sont par ailleurs en train de “travailler sur les composantes des prochains PoC et MVP”. “Nous avons identifié des éléments que l’on doit maîtriser pour entrer en production, comme réussir à faire communiquer les plateformes entre elles par exemple”. Les banques veulent également tester de nouveaux protocoles, comme Corda, celui développé par le consortium R3. Flou juridique Reste que ces initiatives se heurtent, comme celles visant les mécanismes de trade finance, à un vide juridique : les règles de la Chambre de commerce international ne reconnaissent pas encore la valeur légale de ces contrats inscrits sur la blockchain. “Nous n’avons pas encore résolu le problème du cadre juridique et il y a des efforts de lobbying en ce sens”, reconnaît la responsable adjointe. Mais l’évolution de la législation dans tous les pays impliqués par les opérations prendra du temps. D’ici là, “lorsque nos projets entreront en production, les participants à la plateforme signeront un “rulebook”, un réglement privé sur les conditions d’utilisation qui les engagent à reconnaître le droit privé sur la plateforme.” Aude Fredouelle BFIblockchainconsortiumDLT Besoin d’informations complémentaires ? 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